Star Trek Strange New Worlds : Critique 1.08 The Elysian Kingdom

Date : 28 / 06 / 2022 à 16h30
Sources :

Unification


STAR TREK STRANGE NEW WORLDS

- Date de diffusion : 23/06/2022
- Plateforme de diffusion : Paramount+
- Épisode : 1.08 The Elysian Kingdom
- Réalisateur : Amanda Row
- Scénaristes : Akela Cooper & Onitra Johnson
- Interprètes : Anson Mount, Ethan Peck, Rebecca Romijn, Jesse Bush,Christina Chong, Celia Rose Gooding, Melissa Navia et Babs Olusanmokun

LA CRITIQUE FM

L’épisode de cette semaine est relatif à un grand classique de Star Trek. La prise de contrôle par une entité des occupants du vaisseau, pour leur faire jouer une sorte de jeu de rôle, a été vue en effet dans toutes les séries Star Trek.

Je dois dire que ce type d’histoire n’a pas ma préférence et à tendance à me faire lever les yeux au ciel à chaque rebondissement. Il y avait donc déjà peu de chances, à la base, que je puisse aimer cet épisode de Strange New Worlds.

C’est l’occasion pour les acteurs de jouer quelque chose de différent tout en forçant souvent le trait. Cela peut être du grand-guignol théâtral à la Shatner, mais pour cet épisode, le casting semble s’être plutôt inspiré des pires fan-films. Le résultat est difficile à regarder.

Rajouter à cela que la mise en scène est excessivement statique, laissant les comédiens, la plupart du temps les bras ballants, en train de regarder l’un d’entre eux péter les plombs. Cela a encore renforcé mon ennui.

Le but ultime de cette semaine était de résoudre la problématique de la maladie de la fille de M’Benga. Babs Olusanmokun, qui interprète le docteur, aurait pu nous la jouer lacrymal à la Burnham. Mais son interprétation reste sobre par rapport à l’enjeu. C’est tout de même à mettre au crédit de la série.

Bref, pour ma part, à oublier vite.

LA CRITIQUE YR

La pop culture a parfois ceci de curieux qu’elle a ses raisons que la raison ignore. Ainsi, SNW 01x08 The Elysian Kingdom fait le curieux effet de renouer avec une vieille recette des productions Star Trek inscrites dans l’imaginaire collectif, et même à dire vrai une des pires recettes que nul trekker n’aurait envie de revivre…
Et pourtant, en épluchant bien le vaste patrimoine existant, même dans ses pires moments, jamais le Star Trek historique ne s’était égaré dans un pareil amateurisme. Amateurisme du cadre (on recouvre les décors intérieurs du vaisseau de quelques tentures médiévales ou de plantes vertes), amateurisme de la mise en scène (les fan-productions font tellement mieux...), amateurisme de l’interprétation (les acteurs se font peut-être plaisir mais leur surjeu et leur cabotinage outranciers perd totalement les spectateurs), et par-dessus tout amateurisme de l’histoire et des dialogues (colligation des pires clichés de la fantasy au service d’un sophisme décisionnel final). Il en ressort un épisode très désagréable à suivre, aucunement rédimé par sa conclusion, laissant le spectateur face au choix cornélien d’abandonner le visionnage avant la fin tellement le spectacle proposé fait pitié… ou alors de regarder l’épisode avec goguenardise en mode railleur de type Mystery Science Theater 3000.

Oh, nul doute que les scénaristes sont allés faire — comme à leur habitude — leur marché dans l’inépuisable catalogue trekkien historique toujours disponible pour auteurs en mal d’inspiration. On pourra donc retrouver dans SNW 01x08 The Elysian Kingdom beaucoup de ST TOS 01x17 Shore Leave (l’équipage de Kirk vivant des jeux de rôles issus de son imagination dans un parc d’attraction extraterrestre), de ST TOS 02x01 Catspaw (des aliens explorant l’humanité à travers ses peurs et ses mythes), de ST TNG 04x20 Qpid (Q envoyant dans un de ses simulacres l’équipage de Picard pour y jouer Robin des Bois), de ST TOS 02x02 Metamorphosis (une entité alien immatérielle solitaire qui se cherche une compagnie humaine)… et aussi un peu de ST TOS 01x18 The Squire Of Gothos, ST TOS 02x20 A Piece Of The Action, ST TOS 03x12 Plato’s Stepchildren, ST TOS 03x18 The Lights Of Zetar, ST TOS 03x22 The Savage Curtain, ST TAS 01x03 One Of Our Planets Is Missing, ST TAS 01x09 Once Upon A Planet, ST TNG 01x07 Lonely Among Us, ST TNG 02x12 The Royale, ST TNG 03x20 Tin Man, ST TNG 04x14 Clues, ST TNG 05x22 Imaginary Friend, ST TNG 05x25 The Inner Light, ST TNG 07x20 Journey’s End, ST DS9 01x10 Move Along Home, ST VOY 02x23 The Thaw, ST VOY 04x02 The Gift, et ST VOY 05x05 Once Upon A Time. En outre, la fin de SNW 01x08 The Elysian Kingdom puisera sans complexe dans Always de Steven Spielberg (1989), Ghost de Jerry Zucker (1990), Jumanji de Joe Johnston (1995), Contact de Robert Zemeckis (1997)... ainsi que The X Files 05x05 The Post-Modern Prometheus !
Malheureusement, au contraire de The Orville qui ne manque pourtant pas non plus de s’abreuver goulument à la sève originelle, la mayonnaise ne prend pas du tout dans SNW. En dépit de l’accumulation d’emprunts qui aurait pu garantir un minimum syndical de qualité, ou du moins d’authenticité, le résultat est incomparablement inférieur à tous ses inspirateurs (qu’ils soient considérés séparément ou cumulativement), tout en laissant en bouche l’amertume d’une contrefaçon. Dans les opus historiques inventoriés ci-dessus, les acteurs (notamment William Shatner) théâtralisaient souvent leur interprétation mais sans s’abaisser pour autant à des pitreries gamines tuant la crédibilité de leurs personnages, les configurations scéniques pouvaient être ponctuellement absurdes (comme chez Lewis Carroll) mais elles cultivaient un humour décalé et généraient du sens rétrospectivement, enfin le dénouement venait justifier assez astucieusement ce qui avait été mis en scène dans l’épisode sans être plombé par des décisions personnelles invraisemblables ou nonsensiques. Rien de tel ici malheureusement, et dépit de quelques illusions (au propre comme au figuré).

SNW 01x08 The Elysian Kingdom débute par une énième lecture du livre The Kingdom Of Elysian à Rukyia — exprimant cette fois le désir de changer certains éléments de l’histoire — avant que son père ne la renvoie "dans le frigo", c’est-à-dire dans le buffer du téléporteur. En parallèle, achevant une mission de relevés (via des sondes) de la Jonisian Nebula, l’USS Enterprise s’avère dans l’impossibilité de s’en éloigner, aussi bien en distorsion qu’en impulsion. Suite à une secousse ayant possiblement blessé la pilote Ortegas, Pike mande le Dr M’Benga. Mais c’est en empruntant le turbolift que tout "bascule", le médecin débarquant alors sur une passerelle redécorée dans un style féodal…
À force de voir (depuis SNW 01x03 Ghosts of Illyria) le Dr M’Benga infliger ce conte médiéval-fantastique en boucle à sa fille, et par extension aux spectateurs eux-mêmes, il n’est pas forcément tellement étonnant — comme si le terrain avait été préparé — que ce huitième épisode le mette finalement en scène en live sur l’USS Enterprise… en faisant jouer à chaque protagonistes du main cast l’un des personnages de cette fable enfantine. Ainsi, le Dr Joseph M’Benga devient : le gentil King Ridley régnant légitimement sur ledit Elysian Kingdom ; Uhura : la méchante et perverse Queen Neve qui veut abusivement le conquérir ; Christopher Pike : le lâche Sir Amand Rauth ; Hemmer : le bon Caster the Wizard ; Spock : le mauvais Wizard Pollux (frère de Caster) ; La’an : la superficielle et narcissique Princess Thalia ; Chapel : la vaine Lady Audrey ; Una : la courageuse Z’ymira the Huntress ; Ortegas : la vaillante et loyale Sir Adya (moyennant un possible genderswap) ; l’ordinateur : l’oracle ; les anonymes de l’équipage : la Crimson Guard au service de la Queen Neve ; et Rukyia (sortie pour la circonstance du téléporteur) : The Mercury Stone i.e. "l’arme secrète" du King Ridley convoitée par tous.
Évidemment, tous les membres d’équipage ont perdu conscience d’eux-mêmes, devenant ainsi de simples pantins au service du narratif rôliste… hormis l’élue Rukyia, l’ingénieur Hemmer et le médecin M’Benga à qui appartiendra donc la charge de comprendre la situation et ses causes, c’est-à-dire de découvrir l’identité et les objectifs du puppet master, puis d’y remédier afin de restaurer l’intégrité de l’USS Enterprise et de son équipage.

Il serait bien stérile de détailler la demi-heure que l’épisode consacre au déroulé de cette fantasmagorie tant il s’agit d’un ramassis de clichés misérables, formant le plus petit dénominateur commun possible de la littérature infantile : le bon roi menacé par la reine vilaine-parce-que, les belles princesses ou dames de cour décoratives préoccupées par leur toilette et leur nombril, le méchant sorcier qui joue double jeu, le gentil sorcier qui est enlevé et qu’il faut libérer, le lâche vassal qui lèche les bottes de l’ennemi et qui trahit sans complexe, le loyal champion désireux de mourir pour son souverain, la mystérieuse chasseresse solitaire venue de la forêt… et finalement le pseudo-Anneau unique (i.e. la pierre de mercure) qui est une bulle de spéculation ne disant pas son nom (i.e. dont le prix de convoitise est fixé par la convoitise des autres).
Et comme si une pareille indigence ne suffisait pas à plomber l’épisode, les acteurs employés à contre-emploi livrent des prestations cabotines et histrioniques dont n’auraient même pas voulu la plupart des fan-productions actuelles (étant donné leur niveau d’exigence)… sans pour autant réussir à arracher en consolation un seul sourire (ou alors seulement pour rire d’eux et non avec eux). Mentions spéciales à Anson Mount absolument ridiculissime dans un rôle de lâche, Celia Rose Gooding proprement cartoonesque dans la peau d’une perverse, Christina Chong franchement grotesque dans son jeu maniériste, et Ethan Peck faisant l’effet d’une coquille encore plus vide qu’à l’accoutumée…
Enfin, même avec ses budgets limités, lorsque la série originale composait une fantaisie, elle se payait quand même quelques décors à l’avenant de son ambition (cf. ST TOS 02x01 Catspaw). Mais en se contentant de recouvrir les plateaux de l’USS Enterprise re-rebooté de quelques draperies (comme n’importe qui pourrait le faire chez soi)… l’épisode atteint le comble de la flemmardise (a fortiori au regard de ses moyens de production).
Du coup, jamais une production Star Trek officielle n’aura autant fait l’effet d’être cheap, qui plus est à tous les niveaux ! Autant dire qu’il ne subsiste strictement rien ici de la suspension d’incrédulité

Finalement, les preux du roi Ridley (c’est-à-dire Sir Adya et la chasseresse Z’ymira) réussissent à délivrer le bon sorcier Caster des griffes de la reine Neve, du sinistre sorcier Pollux et de la Garde cramoisie)…
Ayant conservé son identité et ses souvenirs, Hemmer réussira à reprendre partiellement le contrôle à distance des systèmes pour téléporter dans une soute tous les antagonistes. Quant à M’Benga, il finit par comprendre — du fait de certaines divergences de narration — que ce n’est en fait pas le contenu du livre The Elysian Kingdom qui a été "matérialisé" à bord de l’USS Enterprise (peu ou prou selon le principe de ST TNG 02x12 The Royale), mais en réalité sa réinterprétation par la psyché de Rukyia (car celle-ci désirait tant qu’Adya et Z’ymira soient amies et "compagnes de combat", cas ici). Suivant ce fil conducteur, le médecin découvre que sa fille n’est plus dans la mémoire tampon du téléporteur. Elle s’est réfugiée dans les quartiers de son père (qu’elle rêvait de découvrir)… et, surprise, ne souffre plus de cygnokemia (d’après le scan médical).
De toute évidence, ce n’est pas Rukyia qui a soudain développé des super-pouvoirs omnipotents capables de donner vie à ses pensées (comme les Krells de Forbidden Planet) ni se guérir elle-même d’une pathologie incurable… mais une entité immatérielle solitaire qui hantait la nébuleuse jonisiane et qui s’est trouvée en la fille de M’Benga une âme sœur et compagne d’infortune. Mais au contraire e.g. de ST TNG 01x07 Lonely Among Us (où malgré ses bonnes intentions et son "matching" avec Picard, l’entité immatérielle causait par sa nature même des ravages sur l’équipage) et de ST TOS 02x02 Metamorphosis (où sauver Nancy Hedford impliquait pour l’immatériel Companion de "se bruler les ailes"), SNW 01x08 The Elysian Kingdom s’éloigne des postulats de SF où tout accomplissement possède un "prix" (soit une façon de respecter la généralisation de la loi de Lavoisier alias conservation de l’énergie) pour adopter ceux de la fantasy (viol de lois naturelles et ressources illimitées sans contrepartie aucune). Ainsi, l’entité sera ici omnisciente (elle pénétrera instantanément tous les secrets écrits de l’USS Enterprise et mentaux de son équipage), omnipotente (elle reconfigurera la réalité à bord du vaisseau et réifiera son équipage), miraculeuse (elle guérira instantanément Rukyia et lui offrira même l’immortalité), et parfaite (ni erreur ni incompréhension ni effet secondaire problématique ou imprévu).
L’échange "médiumnique" de cette créature immatérielle avec M’Benga (au travers du télépathe précognitif Hemmer) révélera cependant une contrainte majeure : pour que sa fille ne rechute pas dans sa cygnokemia, il lui faut rester perpétuellement à proximité de l’entité afin de bénéficier de son "rayonnement magique" salvateur, impliquant de maintenir l’équipage de l’USS Enterprise éternellement captif de la Jonisian Nebula. Rendre au personnel du vaisseau sa liberté et son intégrité mentale (seule option viable comme l’admet le médecin lui-même) signerait pour l’enfant le retour de sa maladie incurable et donc du buffer de téléportation. C’est alors que l’entité sort de son chapeau une "troisième voie" bien commode : la laisser l’entité déposséder Rukyia de son corps physique (décidément à l’origine de tous les problèmes, Aristote apprécierait) afin d’en faire un pur esprit… immortel ! En somme, la tuer (dans un univers où l’âme survit au corps) ou lui faire réaliser une "ascension" (au sens gatien), dans tous les cas changer sa nature.

Quand bien même ce paradigme sortirait davantage de Ghost (1990) que de Star Trek, il y avait narrativement matière à proposer un authentique dilemme moral s’inscrivant dans une tradition discursive ambitieuse. Mais eût-il encore fallu pour cela se donner le temps de traiter vraiment le sujet, par exemple à la faveur d’un épisode complet consacré à une problématique aussi impactante et lourde de conséquences, assortie de débats multiples au sein de l’équipage… Mais comme de bien entendu dans le #FakeTrek kurtzmanien, SNW 01x08 The Elysian Kingdom a choisi la solution de facilité, c’est-à-dire la voie de la dérobade ou de la diversion (avec une pantomime médiévo-puérile s’étalant sur les trois quarts de l’épisode) pour ensuite expédier en deux coup de cuiller à pot le vrai sujet, le seul sujet de l’épisode. Quitte pour cela à tuer toute crédibilité comportementale, à fouler aux pieds la dignité et les devoirs paternels de M’Benga… sous couvert de prétendu message fabuliste, en réalité HS et impropre.
Ainsi, le "sens initiatique" de The Kingdom Of Elysian serait que la pierre de mercure protège et assure le bonheur du roi, mais elle possède une âme et dépérit en captivité, alors Ridley la libère et cesse d’être heureux. Dans ce contexte, il s’agit en réalité d’un enfumage induisant seulement de faux dilemmes, qui plus est zappés. Si SNW avait eu un minimum de réalisme en amont, Rukyia ne serait pas clandestinement restée dans un buffer de téléportation trois décennies avant que Scotty n’invente le procédé mais en stase dans une institution médicale de la Fédération. Et si SNW 01x08 The Elysian Kingdom avait un minimum de crédibilité en aval, jamais M’Benga n’aurait accepté d’abandonner celle dont il assurait depuis toujours (et avec responsabilité) la charge et la protection (et non l’inverse) à... une forme de vie dont il ignorait tout quelques heures avant et dont les promesses (destruction du corps physique pour y gagner l’immortalité…) auraient pu être au pire des mensonges (dans le cadre d’une prédation comme dans ST ENT 02x18 The Crossing ou ST VOY 03X15 Coda), au mieux des malentendus (du fait d’entendements trop éloignés).
L’épisode n’aura même pas eu le scrupule de s’imposer un verni de vraisemblance par une phase de doute ou d’hésitation, puisque M’Benga accepte la proposition aussi sec, comme s’il se débarrassait d’un fardeau avec soulagement ! Et in fine, ce mépris envers la place occupée par Rukyia depuis SNW 01x03 Ghosts of Illyria réussit à être escamoté par le subterfuge final d’un script se chargeant de donner immédiatement raison au choix du père, confondant ainsi la réalité d’un univers supposé obéir aux mêmes lois naturelles que le nôtre… avec un univers de fantasy. C’est d’ailleurs là tout la finalité de l’épisode lorsque M’Benga vient incidemment relater à la XO Una les cinq heures manquantes dans la chronologie du vaisseau (dont nul ne conserve le souvenir pas même Hemmer) à la façon d’un conte de fée... À en ridiculiser toutes les procédures et les rapports opérationnels à bord d’un vaisseau de Starfleet en pareil cas (cf. par exemple ST TNG 04x14 Clues) pour la seule grâce d’un effet poétique… qui sort l’épisode du champ même de la réalité... mais sans pour autant se mouiller.
Soit le beurre et l’argent du beurre comme toujours chez Secret Hideout, puisque le scénario joue la carte de l’acte de foi du médecin... tout en venant le légitimer factuellement dans la scène suivante. La facticité est donc totale, quel que soit l’angle considéré.

(...)

Conclusion

Il ne fait guère de doute que l’intention des scénaristes Akela Cooper & Onitra Johnson était de "faire du TOS" (comme d’autres "font du bruit")… tout en offrant une porte de sortie féérique à Rukyia et à son incurable cygnokemia.
Hélas, analogiquement à ce qu’avait un jour dit Spock dans ST TOS 01x18 The Squire Of Gothos : « It simply means that Trelane knows all of the Earth forms, but none of the substance », SNW 01x08 The Elysian Kingdom n’a conservé de la série originale que sa sémiotique parfois ridicule en apparence (telle une coquille vide) lorsque découplée de sa sémantique ambitieuse (et hautement rédimante), tout en confondant grossièrement la troisième loi de Clarke avec un TGCM de fantasy derrière la cuistrerie d’une référence déplacée (et incomprise) au cerveau de Boltzmann.
Exactement comme dans SNW 01x06 Lift Us Where Suffering Cannot Reach, SNW 01x08 The Elysian Kingdom se dérobe à tout vrai dilemme moral en y substituant de faux dilemmes via une manipulation (ici une noyade dans un bain de pathos glucosé) et un comportement irrationnel (contre une promesse d’immortalité, M’Benga décide "d’offrir" sa fille bien aimée à une entité inconnue qu’il vient juste de rencontrer). Puis histoire d’anesthésier toute objection rationnelle et bloquer un quelconque rappel du réel, un déphasage temporel bien pratique se débrouille pour donner raison au médecin dans les secondes qui suivent (avec la visitation impartageable de sa fille devenue adulte, immatérielle et omniscience). En somme, un pack complet : rôlisme cheap de MJC + illogisme comportemental + guimauve lacrymale + adoubement surnaturel "objectif".
L’épisode peut donc s’achever par une proclamation, non pas des lois naturelles qui président à la SF, mais de la foi et de la magie qui président au merveilleux. Tout à l’inverse de ST VOY 05x05 Once Upon A Time où le "il était une fois" s’assumait comme l’incipit d’une fiction, SNW 01x08 The Elysian Kingdom en fait l’incipit d’une réalité.
Ainsi, non seulement l’épisode est à peine regardable, mais en sus, il inflige une complète dénaturation trekkienne.
Alors quand bien même l’arnaque scénaristique serait "sincère" et pleine de "cœur", elle n’en est pas moins une arnaque. Et si le staff — à commencer par les acteurs — ont assurément pris leur pied pendant le tournage (tant mieux pour eux), leur entre-soi est tellement excluant qu’il a laissé les spectateurs sur le carreau.
Dont acte.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

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