Black Widow : Le torchon brûle entre Scarlett Johansson et Disney
Selon The Wall Street Journal, la star Scarlett Johansson intente un procès à Disney affirmant que le studio a rompu son contrat en diffusant Black Widow, le film Marvel Studios, sur Disney+ en même temps qu’il sortait au cinéma. La maison de Mickey n’a pas tardé à réagir.
La plainte pour rupture de contrat a été déposée auprès de la Cour supérieure de Los Angeles et affirme que la stratégie de Disney oriente le public vers son streamer. Le conglomérat médiatique souhaitait en effet accroître le nombre de ses abonnés et augmenter le cours de ses actions. Or, cela se serait fait au détriment de Johansson, dont la rémunération serait "largement basée sur les recettes du box-office", alors qu’elle "a obtenu de Marvel la promesse que la sortie" de Black Widow se ferait en salle.
L’action affirme également que "les informations financières de Disney montrent clairement que ses dirigeants, qui ont orchestré cette stratégie, bénéficieront personnellement de leur mauvaise conduite et de celle de Disney". Tout cela aurait eu un impact important sur les revenus des dirigeants du studio, Bob Chapek, son PDG, aurait totalisé "3,8 fois son salaire de base de 2,5 millions de dollars" en 2021, la "justification principale" de cette attribution étant le lancement de services directs aux consommateurs. La poursuite note également que le président exécutif de Disney, Bob Iger, a reçu la "majorité écrasante" de sa rémunération de 16,5 millions de dollars sous la forme d’attributions d’actions, le rapport annuel de la société citant la croissance de Disney+.
"En bref, le message adressé à la direction générale de Disney était clair : augmentez le nombre d’abonnés à Disney+, sans tenir compte de vos promesses contractuelles, et vous serez récompensé", peut-on lire dans l’action en justice.
John Berlinski, l’avocat de Johansson, a déclaré : "Ce n’est un secret pour personne que Disney sort des films comme Black Widow directement sur Disney+ pour augmenter le nombre d’abonnés et ainsi faire grimper le cours de l’action de la société - et qu’il se cache derrière la Covid-19 comme prétexte pour le faire. Mais ignorer les contrats des artistes responsables du succès de ses films au profit de cette stratégie à courte vue constitue une violation de leurs droits et nous sommes impatients de le prouver au tribunal. Ce ne sera sûrement pas le dernier cas où les talents d’Hollywood tiennent tête à Disney et font comprendre que, quoi que la société puisse prétendre, elle a l’obligation légale d’honorer ses contrats."
L’action en justice vise à obtenir des dommages et intérêts non précisés et désigne la Walt Disney Company comme seul défendeur. Il est allégué que le conglomérat médiatique aurait intentionnellement interféré sur le contrat de sa filiale Marvel avec Johansson et a incité Marvel à le rompre. L’action cite une disposition du contrat stipulant qu’il devait y avoir "une sortie large du film en salle, c’est-à-dire pas moins de 1 500 écrans".
La poursuite soutient que les deux parties ont compris que cela signifiait que le film "sortirait initialement exclusivement dans les salles de cinéma, et qu’il resterait exclusivement dans les salles de cinéma pendant une période comprise entre 90 et 120 environ, la norme de l’industrie en 2019, lorsque l’accord de Johansson a été finalisé." Lorsque les représentants de Johansson ont tenté de négocier avec Marvel après l’annonce des plans de Disney pour Black Widow, leurs efforts auraient été ignorés.
Même si Black Widow a enregistré la meilleure ouverture nord-américaine de l’ère Covid au box-office avec 80,3 millions de dollars, de nombreux acteurs du secteur pensent que de l’argent a été laissé sur la table, Disney ayant non seulement écrasé la fenêtre des sorties cinémas et de la vidéo à la demande, mais a aussi laissé le film Marvel ouvert au piratage - et il a été piraté atteignant la première place du film le plus piraté depuis son lancement. Disney affirme pourtant que Black Widow a généré 218 millions de dollars lors de son week-end de lancement (60 millions en PVOD dans le monde, et 158 millions au box office). Cependant, Black Widow a chuté de 68 % lors de son deuxième week-end, le pire résultat jamais enregistré pour un film Disney/Marvel, ce qui indique que le piratage et le PVOD ont cannibalisé le titre.
Disney a annoncé une nouvellle fenêtre de sortie de 33 jours pour le film (avec Disney+ Premier) avant son arrivée sur les plate-formes numériques le 10 août, suivie d’une sortie en DVD et Blu-Ray en septembre, et le titre de Johansson étant entièrement disponible gratuitement pour les abonnés Disney+ le 6 octobre. Cette stratégie de Disney diffère de celle de WarnerMedia, qui propose ses films en simultanée sur HBO Max pendant un mois, puis pendant un mois supplémentaire en salle uniquement. On ne sait toujours pas si Disney poursuivra sa stratégie de sortie. Le reste de sa liste de films à venir, qui comprend Free Guy (20th Century Studios) et Shang Chi and the Legend of the Ten Rings (Marvel), devrait sortir en exclusivité dans les salles de cinéma.
La firme aux Grandes Oreilles n’a pas tardé à répondre à leur ex-Veuve Noire dans une déclaration cinglante affirmant que le litige témoigne d’un "mépris insensible" pour la pandémie et révèle même qu’elle a reçu jusqu’à présent 20 millions de dollars sur le projet.
Un porte-parole de Disney a déclaré (via THR) : "Cette plainte n’est absolument pas fondée. Cette action en justice est particulièrement triste et affligeante par son manque de considération pour les effets horribles et prolongés de la pandémie de Covid-19. Disney a pleinement respecté le contrat de Mme Johansson et, en outre, la sortie de Black Widow sur Disney+ avec Premier Access a considérablement amélioré sa capacité à gagner une compensation supplémentaire en plus des 20 millions de dollars qu’elle a reçus à ce jour."
Black Widow est Copyright © Marvel Studios Tous droits réservés. Black Widow, ses personnages et photos de production sont la propriété de Marvel Studios.