La métaphysique du berger : La critique

De plus en plus de jeunes français cherchent à retourner à la terre, à la vie paysanne. Qu’il soit lié à une idéologie ou à un véritable besoin de se rapprocher de la nature, cet exode urbain pourrait passer pour un phénomène de mode mais, en y regardant de plus près, il semble provenir d’un profond sentiment de non-appartenance à une société qui semble peu à peu se déshumaniser.

Boris franchit le cap après ses études de philosophie : il devient paysan et revendique son choix de vie avec beaucoup de lucidité. Il partage son temps entre son activité de berger et son élevage de chevaux. Le travail est dur mais les récompenses nombreuses lorsque l’on sait les reconnaître. Il croit à ce qu’il fait et trouve joie et sérénité dans chacun de ses actes, même celui de ’pisser’.

Il a acheté un terrain qu’il défriche consciencieusement pour créer quelques pâturages dans lesquels pourront s’ébattre ses chevaux. Il y a construit une yourte où il vit avec sa femme et son bébé. Partir à l’alpage pendant trois mois était simple lorsqu’il était seul, mais la donne à changé. Lorsque la saison de la transhumance revient, Boris fait une tentative pour amener sa femme et son fils avec lui, mais quinze jours suffiront à lui faire prendre conscience de l’incompatibilité de la vie de famille et du travail à l’alpage.

Des paysages immenses et vides - ou pleins de brebis - brutaux, magnifiques. Des plans contemplatifs, parfois flous... une équipe réduite qui s’intéresse plus à son sujet qu’à la mise au point, et l’assume au montage. Et puis la voix de Boris qui nous fait part de ses réflexions sur la vie, sur ses choix de vie, sur l’univers. Quelques bribes de poésie : des vers qu’il a lui-même écrits ? Probablement. Pas de narration, pas d’explications, juste... la métaphysique du berger.

Rien dans ce documentaire ne sonne faux. On vit avec Boris, on fait l’expérience de ses expériences ; on tronçonne avec lui ce sapin mort dans l’espoir que les bûches que l’on en tirera nous donneront un bon feu odorant sur lequel on cuisinera ce repas tellement mérité après une journée de dur labeur.

Un moment d’éternité condensé en à peine plus d’une heure. Le son, impeccable, nous transporte dans cette histoire qui fait autant rêver qu’elle laisse perplexe. Et, bien au chaud dans mon divan devant ma télé, je me dis que ma vie aurait peut-être plus de sens si je la consacrais à la terre, tout en soupirant de soulagement à l’idée de ne pas avoir à passer l’hiver sous une yourte...

Berger en période estivale, Boris partage le reste de son temps à l’entretien de ses terres et son élevage de chevaux. Travailleur au physique d’acier et au regard romantique, le jeune homme est en proie à des questionnements profonds qui résonnent dans chaque acte de son quotidien. Au cœur de paysages sauvages, la quête spirituelle d’un homme en recherche d’absolu.

 Durée du film : 1 h 10
 Titre original : La métaphysique du berger
 Date de sortie : 28/07/2021
 Auteur/Réalisateur : Michaël Bernadat
 Interprètes : Boris le berger, Claire sa femme, Armand son bébé
 Photographie : Michaël Bernadat
 Montage : Mélanie Caudron
 Musique : Cédric Michon
 Son : Renaud Duguet
 Producteur/Ditributeur : La Vingt-Cinquième Heure

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