Galactica : Compte rendu Festival Jules Verne
Ce dimanche 26 avril a vu une longue queue de fans fébriles se former devant le trottoir du Grand Rex à Paris.
Après l’arrivée sous les acclamations et les signatures inévitables sur le tapis rouge où les trois acteurs ont fait preuve d’une grande gentillesse, le public s’est installé dans la salle.
Les acteurs, ainsi que Jean-Christophe JEAUFFRE (Président fondateur du festival), Olivier JALABERT et une traductrice se sont alors retrouvés sur la scène pour entamer une interview de plus de 40 minutes à la fin de laquelle les stars se sont vues remettre les Jules Verne Achievement Awards (Ron Moore a pour sa part reçu cette récompense lors de l’édition américaine de ce festival à Los Angeles).
Comme on pouvait s’y attendre, M. Callis a fait preuve d’un humour espiègle tandis que M. Bamber a surpris l’assemblée en s’exprimant dans un français parfois hésitant mais riche et très compréhensible. Mme McDonnel n’était pas en reste, jonglant admirablement avec sérieux et humour.
Jean-Christophe JEAUFFRE : Comment avez-vous été engagés, impliqués dans BSG ?
Mary McDONNEL : J’ai reçu un coup de fil pendant un déjeuner et on m’a dit qu’il y avait une minisérie et qu’on me proposait de jouer la présidente de l’Univers, j’ai dit "ok".
James CALLIS : Je venais d’arriver à L.A. et j’ai reçu un script, mon manager a dit que je serai parfait pour jouer Gaïus Baltar, je me suis dis : "Il ne me connait pas si bien que ça".
J’ai essayé de résister, j’ai passé plein d’auditions et finalement, j’ai été pris.
Jamie BAMBER : On m’a donné le scénario de BSG et j’ai dis immédiatement "Oh non, pourquoi ! Refaire cette série frivole des années 70" et puis j’ai lu un petit peu, j’ai vu les personnages et les mots de Ron Moore et j’ai complètement changé d’avis.
Après 5 audition,s il n’y avait que moi, Katee sackoff et Grace Park. On a fait des essais ensemble et ce soir là, on m’a dit que j’avais le rôle.
Olivier JALABERT : Comment décririez-vous vos personnages ?
J.B. :C’est un fils qui cherche son rôle dans la vie.
Au début, il est en désaccord avec son père, mais après la fin du monde, sa place est sur le Galactica et pour lui c’est l’enfer d’être si près de son père.
Il est plein d’ambition et veut trouver sa propre voie. Il traverse des épreuves qui l’amènent à mieux se connaitre, pour devenir un homme.
M.M. : Je vais demander à Jamie de décrire mon personnage parce que j’adore l’entendre parler français ! Laura Roslin est une personne très sérieuse et obstinée, qui endosse d’importantes responsabilités. Elle va vivre une vie qu’elle n’aurai jamais imaginé. C’est une femme qui va devoir découvrir en elle un pouvoir qu’elle ignorait posséder.
J.C. : Tout d’abord, je signale que Gaïus Baltar va sortir un album intitulé "Ô Lords of Kobol, please don’t let this misunderstood". En fait, c’est le mauvais ’Gaïus’ au mauvais endroit au mauvais moment. Il est d’abord extrêmement suffisant, sans aucune notion de l’autre, désespérément narcissique. A travers sa vénalité et ses erreurs, Il va suivre une courbe d’apprentissage extrême avant de se mettre en quête de cette part d’humanité enfouie en lui. Il est dans le déni, il est effrayé, il a honte, et je crois qu’il est constamment en quête d’une sorte de rédemption
JCJ : Où trouvez-vous les ressources nécessaires pour interpréter vos personnages ? Une des particularités de BSG est que les personnages sont très versatiles, ils sont parfois héroïques puis on voit qu’ils sont plein de faiblesses.
J.B. : L’histoire du Galactica, c’est vraiment une histoire familiale, il y a un père, un fils, et sa ’sœur’ qui est ’sœur’ et amante. Il y a la figure d’une mère aussi que Mary joue dans BSG. Pour moi, c’était surtout des relations très humaines.
Les ressources que j’ai utilisées sont très simples : mes relations, qui sont très bonnes, avec ma famille. On a parfois des moments avec mon père qui sont frustrants et qu’on essaye de résoudre par la parole ; ma sœur et moi, nous avons des relations très simples qui n’ont rien d’immoral, alors j’ai transposé.
Le monde du Galactica c’est un univers de claustrophobique qui amplifie les sensations et les émotions, mais c’était très simple pour moi.
M.M : Je voudrai simplement ajouter que tout était déjà écrit.
La complexité, l’humanité, la vulnérabilité des personnages, de leurs pires aspects aux plus héroïques, étaient là depuis le début sur le papier.
Alors c’était une de ces agréables situations où il suffit de se mettre en situation, de revêtir le personnage et de donner la réplique à vos partenaires.
C’était facile.
J.C. : (En français) Et moi, je n’ai pas de ressource : je me lève et je suis Gaius !
(Il continue en anglais) C’est vrai que tout était écrit, mais aussi que l’ambiance familiale sur le plateau était unique. Je n’ai jamais été autant soutenu par autant de gens. Ce n’est pas juste le script, c’est la direction, la production, les autres acteurs qui attendent de vous que vous jouiez de votre mieux.
Et le plateau, les décors, les FX ont aussi contribué à la construction de ce monde. Nous avons été portés par une équipe merveilleuse. Et ce sont les ressources que j’ai trouvées.
O.J. : Y-a-t’il un souvenir de tournage qui vous a particulièrement, ému, plu ou marqué, une émotion très forte ?
J.B. : Pour moi, ça tourne autour d’Edward James OLMOS (acclamations) qui a été le père. Il y a un moment dont je ne peux pas beaucoup parler car cela se produit à la fin entre le père et le fils, c’était un "au revoir" à Eddie et c’était très fort. Il est comme un père dans la vie et c’est un grand homme qui au début de la production a dit à tous les jeunes acteurs qu’il allait visionner toutes les scènes qu’on allait tourner et ça c’est difficile quand vous travaillez 8-10h dans la journée et que vous rentrez chez vous pour regarder tout ce qu’on a fait, même les scènes où il n’apparait pas. C’était un soutien mais aussi un challenge.
Au début, j’avais peur de lui, mais à la fin, vous verrez le "au revoir" du fils au père, c’est le moment le plus précieux pour moi.
J.C. : On va encore passer du sublime au ridicule, mais bon, allons-y quand même ! Ce qu’il y a au sujet de Gaius c’est qu’il est passé par tellement d’étapes qu’il est difficile de trouver un moment qui soit particulièrement émouvant. Mais à la fin du tournage, je me tenais dans ce champ et ça m’a frappé comme une brique en pleine tête ; ça n’était même plus du jeu d’acteur, j’étais tellement retourné j’ai pleuré pour de bon.
M.M. : Nous étions tous ensemble, une vingtaine sur la plage, c’était la veille de la grève des auteurs et nous ne savions pas vraiment si nous allions pouvoir continuer.Quand ils disaient « action ! » on jouait et dés qu’ils disaient « coupez », on sortait nos téléphones portables pour appeler nos agents et savoir si on avait encore un boulot ! On était tous là, à bout de nerf, on ne savait plus où on en était c’était la panique, on buvait un peu de vin pour se réchauffer (Callis fait signe des mains pour indiquer qu’il est pas concerné, mais Mary pose gentiment sa main sur son bras), mais pas James, lui il était à la vodka.
J.C.J. : Quelque chose de très inhabituel nous a frappé quand nous vous avons rencontré, c’est cette très forte complicité, cette amitié authentique. C’est d’autant plus émouvant de vous avoir car c’est beaucoup plus fort que ce qu’on rencontre dans la profession. On sent que ce show a changé votre vie et on aimerait savoir comment et pourquoi ?
M.M. : Il faut revenir au tout début, au tournage de la minisérie, peu après les événements du 11 septembre et il y avait ce réalisateur très brillant et visionnaire, Mickael RYMER. Il a été capable de tirer le meilleur de nous et c’est de là qu’est partie cette relation authentique. Il a commencé à nous mettre vraiment en situation et quand on s’imagine sur le point de mourir, on éprouve plus de gentillesse, on est beaucoup plus ouvert. C’est peut-être cela aussi qui a créé cette relation.
J.B. : J’ai déjà remercié Eddie, mais je dois aussi remercier Mary et Mickael RYMER, ces trois personnes sont si chaleureuses. Ces trois personnes nous ont montré la bonne voie, ils nous ont encouragé, et ils sont pour moi des amis pour la vie. Ils ont créé une atmosphère positive de famille.
Après la première saison, les auteurs sont venus à Vancouver car ils avaient entendu parler de cette atmosphère spéciale. Ca s’est agrandit au long des saisons et à la fin, la famille était énorme.
On a vécu cette odyssée ensemble, c’est comme des soldats après une guerre, on et une bande de frères !
J.C. : Pendant un moment, nous n’avions pas conscience de l’engouement que cette série générait, on était isolés du monde puisqu’on était à Vancouver !
Bref, nous ne tournions pas pour le reste du monde, nous tournions pour nous-mêmes d’une certaine façon, les uns pour les autres.
Nous ne savions pas ce que serait le futur de la série. Nous nous sommes retrouvés connectés les uns aux autres dés le départ. Jamie a raison, tels des soldats revenant de la guerre, nous sommes comme des frères pour toujours.
O.J. : Je voulais poser une ultime question pertinente pour le festival Jules Verne qui a rapport à l’environnement et la nature. La seconde partie de la dernière saison de BSG s’oriente résolument vers des questions liées à l’environnement et l’avenir de la planète. Qu’en pensez-vous ?
J.B. : Pour moi ça a toujours été l’élément essentiel de la série : l’humanité crée des choses qui vont la détruire. La question, c’est : sommes-nous suffisamment intelligents pour percevoir qu’on doit changer pour continuer ?
Et le message central de BSG est que "all of this happened before and all of this will happen again", c’est déjà arrivé et ça se reproduira encore.
C’est une cycle que nous entretenons malgré notre intelligence, nos religions, l’esprit de sacrifice, l’amour et tout ce qui est noble et positif. Nous nous détruisons dans le futur et c’est la question de la fin du voyage de BSG, allons-nous le faire encore une fois ?
Et nous nous posons aussi ces questions aujourd’hui. On a le terrorisme, l’environnement, les gaz à effet de serre, les animaux que nous sommes en train de détruire chaque jour pour pouvoir vivre ces grandes vies avec beaucoup de vacances, plusieurs maisons, des richesses.
Et c’est ça l’important ? Ou c’est la planète où nous vivons ?
Je suis sûr que c’est la question que pourrait poser Jules Verne aujourd’hui. (Ovation du public)
J.C. : Pour ce que j’en sais, nous sommes la seule espèce qui modifie son environnement selon ses besoins, toutes les autres s’y adaptent.
En ce qui me concerne, la seule chose dont je veux dépendre, c’est d’un autre être humain, vraiment.
Les gouvernements du monde entier dépensent des milliards en armement pour nous protéger de nous-mêmes, c’est vraiment dingue.
Imaginez à quoi pourrait servir cet argent pour améliorer nos vies et notre planète. Apprenons des autres, dépassons nos différences, c’est là qu’est notre avenir.
M.M. : Ce que j’ai appris de cette aventure, c’est l’opportunité de changer notre perception des autres et de nous-mêmes.
Nous pouvons cesser d’être destructeurs, c’est aussi le message de BSG vous savez. C’est maintenant. Changez votre façon de penser et il y aura un espoir à nouveau.
Ainsi s’est achevée l’interview. Vint alors la remise des prix.
J.C.J. : Je voudrais exprimer quelque chose qui m’a traversé l’esprit, la remise des ces récompenses est plus appropriée qu’elle ne l’a jamais été par le passé, vous êtes venus pour recevoir ces récompenses pour votre travail d’acteur, mais en fin de compte nous avons réalisé que ces awards vont avant tout à de merveilleuses personnes humaines.
J.B. : Dans la science-fiction, de 20.000 lieues sous les mers à la lune et aux confins de l’espace, les grands artistes ont toujours examiné le cœur humain, poussé au delà de ses limites.
Je ne suis qu’un acteur. J’ai été très chanceux de pouvoir prendre part à une odyssée moderne dans la ligne de Jules verne à bord du BSG. Mais pour tout cela, je dois remercier la vision étonnante d’un homme, Ron Moore.
J’ai appris à écrire et à lire ici à paris, on peut dire aussi que mon imagination est née ici, à Paris.
Alors c’est vraiment spécial cet endroit pour moi, et ça le sera pour toute ma vie.
Et à la fin, cet honneur, c’est vraiment important pour moi de le recevoir ici, à Paris de VOS mains à vous, parisiens au nom d’un écrivain français et mondial d’une très grande importance, Jules Verne .
J.C. : Comme il n’est pas possible qu’on me prenne au sérieux bien longtemps, je vais vous citer les paroles de Robert Kennedy.
Ceci est lié à la série BSG ainsi qu’à cet extraordinaire festival Jules Verne et ce qu’il représente :
Changer notre conscience du monde.
« Chaque fois qu’un homme se lève pour un idéal, tente d’agir pour le bien des autres ou s’élève contre une injustice, il crée une onde d’espoir, et cette onde rejoint les millions d’autres ondes. Ces sondes deviennent une gigantesque vague capable d’ébranler les plus puissantes barrières de l’oppression et de la résistance. »
L’intégralité de la cérémonie est disponible sur youtube en HD sous-titrée par votre serviteur.
Thomas Héroult
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