Paris Police 1900 : Review de la saison 1

Date : 08 / 02 / 2021 à 14h00
Sources :

Unification


Paris police 1900 est une excellente série policière française de huit épisodes d’une cinquantaine de minutes.

Le scénario de Fabien Nury, Alain Ayroles, Benjamin Adam et de Thibault Valetoux se base sur des événements réels s’étant produits en 1899. Le point de départ est un fait divers de l’époque : le corps d’une femme découvert dans une valise. Cela va permettre à une enquête policière de voir le jour et de revenir sur les événements vrais d’une tentative de coup d’état qui a eu lieu à cette période.

La documentation est réellement impressionnante. Elle est non seulement très précise, mais l’écriture brillante de l’œuvre permet de présenter un moment de l’histoire de France où les méthodes de la police ont été révolutionnées. Ainsi, de nombreux protagonistes apparaissant dans le récit ont vraiment existé, et ont eu des vies similaires et des choix identiques à ceux qui sont montrés.

L’intrigue se déroule pendant l’affaire Dreyfus, alors que ce dernier revient de l’île du diable où il a été condamné pour avoir un nouveau procès. À l’époque, la France est divisée en deux, les anti et les pro Dreyfus, qui s’affrontent par journaux interposés et qui en viennent même aux mains.

C’est dans ces circonstances que l’ancien préfet Lépine, qui sera l’instigateur quelques années plus tard du concours Lépine, est rappelé pour maintenir l’ordre dans une capitale où les émeutes couvent et où la haine des Juifs entraîne des exactions contre eux. Il s’agit de l’un des personnages principal de l’histoire et les avancées techniques de la police qu’il présente dans ses points presse ont réellement eu lieu à cette époque. D’autant que dès le début du siècle précédent, ce sera aussi lui qui créera la première brigade criminelle de France.

Le professeur Bertillon, qui intervient régulièrement, est aussi un homme important de l’histoire. Cette technique du bertillonnage a d’ailleurs été utilisée principalement jusqu’en 1970 où elle a été supplantée définitivement par l’utilisation des empreintes digitales. Cette technique révolutionnaire à l’époque combinait la mesure de 14 éléments d’un individu : tête, taille, oreilles... associée à des photographies prises de profil et de face, ce qui permettait avec certitude d’identifier une personne.

Les frères Guérin, qui sont eux aussi centraux dans l’intrigue, ont aussi bien existé et ont effectivement géré un journal s’appelant L’antijuif, vendu à des milliers d’exemplaires, dont le nom dit bien ce dont il s’agissait.

De très nombreux autres protagonistes, souvent importants, ont d’ailleurs vraiment existés. La qualité de la documentation réellement impressionnante. Et son intégration au cœur du scénario permet d’avoir une très grande immersion dans une époque s’étant déroulée il y a un peu plus d’un siècle où les Juifs étaient traités comme des sous-français, la misère sociale était grande, l’emprise des puissants importante et la place de la femme bien basse dans la société.

La série réussit néanmoins à les intégrer parfaitement dans cette intrigue policière. Ces dernières, représentatives de différentes couches sociales, ont une véritable importance. Elles sont certes limitées par leurs conditions, mais apportent réellement quelque chose au récit. Il faut d’ailleurs signaler que l’un des personnages a passé ses études de droit, mais n’a pas le droit d’exercer. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1900 qu’une femme a eu le droit de plaider devant la cour. Si vous vous amusez à faire des recherches sur Internet, vous pourrez découvrir la description, écrite dans un journal par un de ses collègues avocat, du serment à la cour fait par cette première femme à avoir le droit d’exercer. À ce fait historique, celui-ci préfère s’étendre sur son apparence et sa condition de femme, que sur la force qu’il lui a fallu pour réussir à être diplômée de droit, surtout à une période où de nombreux Français étaient illettrés et où l’obtention du Brevet des écoles permettait d’exercer des professions telles que celle d’enseignant.

Le temps de l’époque n’est pas le même qu’aujourd’hui. Ainsi, l’enquête possède son propre rythme, alors que les esprits s’échauffent de plus en plus. La série prend donc le temps d’appréhender le siècle précédent, d’en découvrir son esprit, de rencontrer les personnages et de voir les relations qui les lient les uns avec les autres.

La réalisation est excellente. Elle permet de faire monter progressivement l’attention menant à des événements marquants. Elle aide aussi à s’immerger au XIXe siècle et à appréhender les différences forces en présence, certaines voulant découvrir la vérité et d’autres préférant couvrir le véritable assassin. La direction d’acteurs est remarquable. Les lieux sont vraiment diversifiés et participent énormément au rythme du récit.

Le travail sur les décors est impressionnant. La série est tournée dans deux rues de la capitale qui ont été transformées pour cette occasion. On a réellement l’impression d’être transporté dans un autre monde duquel les automobiles sont bannies et où l’apparence, la fumée et la saleté ambiante peuvent être pratiquement ressenties olfactivement par le spectateur.

Le travail sur les costumes est tout aussi impressionnant. Des dizaines de figurants apparaissent dans la série et ceux-ci ont des tenues non seulement variées, mais très fidèles à celles portées par les Français de l’époque. Les accessoires sont tout aussi bien reconstitués et le soin minutieux permettant d’être fidèle à ce temps est vraiment bluffant visuellement.

L’interprétation est excellente. Jérémie Laheurte est formidable en jeune inspecteur idéaliste voulant trouver le véritable coupable de son enquête. Marc Barbé est non seulement vraiment impressionnant en préfet Lépine, mais il lui correspond physiquement de façon troublante. Thibaut Evrard est très bon en inspecteur aux méthodes douteuses. Patrick d’Assumçao est superbe en commissaire manipulateur voulant devenir préfet. Eugénie Derouand est très bonne en jeune avocate idéaliste. Evelyne Brochu est impeccable en courtisane se transformant en espionne. Valérie Dashwood est bien intéressante en femme du préfet. Hubert Delattre est impressionnant en Jules Guérin. Le reste du casting est tout aussi bon et permet de faire croire à leurs personnages, même quand ceux-ci ont réellement existé.

La photographie, la musique et les effets spéciaux sont aussi d’une grande qualité. Il est donc saisissant de se retrouver un siècle en arrière et de découvrir la vie de l’époque et les manières d’une police qui avait effectivement grand besoin d’être réformée à ce moment-là.

Paris police 1900 est une série brillante qui réussit à présenter d’une façon vivace un passé dont on n’a plus vraiment la mémoire et à coupler des événements vrais à une enquête policière intéressante aidant à s’immiscer dans la vie de nos ancêtres. Avec un récit formidablement documenté, une mise en scène extrêmement soignée, un travail remarquable sur le visuel de l’époque et des acteurs impressionnants, il ne faut vraiment pas passer à côté de cette série d’exception qui est tout à fait originale.

Et bien sûr, il reste beaucoup de place pour permettre la poursuivre d’une nouvelle enquête qui permettrait de retrouver les différents protagonistes de cette série. D’autant que certains d’entre eux sont décédés dans la vie réelle que bien après 1900.

Impressionnant et passionnant.

ÉPISODE

- Episode : 1.01 à 1.08
- Date de première diffusion : 8 février 2021 (Canal+)
- Créateur : Fabien Nury
- Réalisateur : Fabien Nury, Julien Despaux, Frédéric Balekdjian
- Scénariste : Fabien Nury, Alain Ayroles, Benjamin Adam, Thibault Valetoux
- Avec : Jérémie Laheurte, Evelyne Brochu, Thibaut Evrard, Marc Barbé, Eugénie Derouand, Patrick d’Assumçao, Alexandre Trocki, Hubert Delattre, Valérie Dashwood, Christophe Montenez, Christian Hecq, Anthony Paliotti, Jean-Benoît Ugeux, Vincent Debost, Eddie Chignara, Anne Benoit

RÉSUMÉ

1899, la République est au bord de l’explosion, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste. Le cadavre d’une inconnue retrouvée dans la Seine va propulser un jeune inspecteur ambitieux au cœur d’une enquête criminelle qui révélera un lourd secret d’État. Il va croiser la route de Lépine, de retour à la tête d’une Préfecture vérolée par les luttes de pouvoir, de la première femme avocate et d’une courtisane reconvertie en espionne... Ces personnages que tout oppose vont s’unir pour affronter un coup d’état. La Belle Époque n’a de belle que le nom.

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