#FreeRayshawn : La review des premiers épisodes de la série Quibi
#FreeRayshawn est une nouvelle série dédiée à la plate-forme de streaming Quibi qui s’inscrit pleinement dans les questions de société en cours aux USA. Dans une Amérique toujours scindée en communautés, la série est centrée sur Rayshawn, un jeune afro-américain, vétéran de la guerre en Irak, piégé par la police à la suite d’un échange de drogue qui a mal tourné. Elle s’intéresse à la lutte, semble-t-il permanente, entre les afro-américains et la police à majorité blanche dans un contexte d’une vie rythmée par les réseaux sociaux (référence au hashtag dans le titre). La série fait d’ailleurs explicitement référence à 2 cas de violence policière sur 2 jeunes afro-américains décédés, Mike Brown abattu en 2014 à l’âge de 18 ans, et Tamir Rice, ce jeune de 12 ans également tué la même année.
Pas le temps d’installer ce qui s’est passé entre Ray (Stephan James) et les membres de la police menée par Mike Trout (Skeet Ulrich). La série commence tambours battant par une incroyable course-poursuite en voitures, et on dit immédiatement merci à Quibi pour la position verticale de son appareil autorisée par la technologie "turnstyle". Ultime recours pour Ray, il fonce malheureusement à tombeaux ouverts se réfugier chez lui, là où se trouvent sa femme Tayisha (Jasmine Cephan Jones) et son fils de 5 ans Ray Jr. (le jeune Danny Boyd). Parmi les membres des forces de l’ordre arrivés sur place, un certain Steven Poincy (Lawrence Fishburne), un flic afro-américain en uniforme de la vieille école, jouera alors le rôle de négociateur entre ses collègues et Ray.
Vient ensuite se mêler à l’affaire, toute l’ébullition communautaire exacerbée par les vidéos que Ray poste en live sur les réseaux sociaux. Les voisins et amis du jeune homme ne tardent pas à débarquer sur les lieux qui prend très vite des allures de siège. La confusion et la tension sont à leur comble et le moindre faux pas de l’un ou de l’autre peut engendrer un incident aux conséquences irréversibles, devant les caméras des médias.
Format Quibi oblige, le scénario de Marc Maurino et Michael C. Martin entre dans le vif du sujet. Ray est-il vraiment le gangster, trafiquant de drogue, décrit par la police ou est-il victime de cette dernière ? Les premiers épisodes de la série ne laissent que très peu de place pour répondre à cette question et ce qui intéresse le plus c’est ce qui va arriver ensuite. Le SWAT va-t-il intervenir ? Ce qui est certain, c’est que la police met tous les moyens dont elle dispose sur la table...
La prestation de Fishburne est impeccable. L’acteur apporte son flegme et son charisme à la série. Il incarne un Lieutenant Poincy honnête et qui s’en remet à dieu. Conscient de la difficulté qu’a ses collègues à faire leur travail, il est également convaincu qu’il ne faut pas se fier aux apparences (d’un côté comme de l’autre). La situation est explosive et il le sait que très bien. Au-delà du charisme de ce dernier, c’est véritablement Stephan James qui crève notre petit écran de smartphone ou de tablette. L’acteur est impressionnant de justesse et touche le spectateur dans son jeu : on adhère immédiatement à sa version des faits, il serait victime d’un coup monté de la police. Autre acteur à m’avoir tapé dans l’oeil immédiatement, c’est le très jeune Danny Boyd en petit garçon innocent, victime de problèmes d’adultes. Skeet Ulrich est également très bon en policier borderline aux méthodes expéditives et aux principes moraux plus que critiquables. On ne sait pas si le policier est dans son bon droit ou s’il tente de se couvrir d’une quelconque bavure (survenue lors de cet échange qui a mal tourné) ou même s’il y a méprise.
Ce qui est sûr, c’est que chaque personnage est convaincu de faire ce qu’il faut, et c’est ce qui maintient le (smart)spectateur accroché à son appareil. La réalisation de Seith Mann est brute et efficace. À la poursuite en voiture se succèdent une fusillade ahurissante et les temps d’action sont ponctués par des dialogues crus et tout aussi sous tension. Le "turnstyle", dans la position verticale, met également l’accent sur les personnages et on a vraiment l’impression d’être à leurs côtés.
Immersive, rythmée et centrée sur les personnages, #FreeRayshawn remplit là encore le contrat que Quibi passe avec ses abonnés : le divertir pendant de très courts moments. Produite par Antoine Fuqua, la série possède cette empreinte du réalisateur qui nous rappelle irrémédiablement Training Day. On peut néanmoins regretter que chaque chapitre ou épisode se termine de manière abrupte et sans prévenir, chose que je n’ai pas vu dans Most Dangerous Game par exemple.
ÉPISODE
Episodes : 1.01, 1.02 ; 1.03, 1.04, 1.05, 1.06
Titres : What Are You Doing Here ?, Clear The Building, Get Away From The Windows, Put The Brother on The Phone, Face to Face, It’s Ok to Be Scared
Date de première diffusion : 13 avril 2020 (Quibi)
Créateur : Marc Maurino
Réalisateur : Seith Mann
Scénaristes : Marc Maurino et Michael C. Martin
Avec : Laurence Fishburne, Stephan James, Jasmine Cephas Jones, Skeet Ulrich, Danny Boyd, Annabeth Gish, Daniel Sunjata
RÉSUMÉ
Un jeune homme afro-américain, vétéran de la guerre d’Irak, est piégé par le police de la Nouvelle-Orléans durant un échange de drogue. Réfugié dans un appartement avec sa petite-amie et son enfant, une vague de soutien explose sur les réseaux sociaux alors que le SWAT s’apprête à lancer l’assaut.
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