Covid-19 : La facture risque d’être salée pour Hollywood
Alors que tous les studios suspendent les tournages de leurs plus gros projets - cinéma et télévisuels - en cours de production et qu’ils reportent la sortie de leurs blockbusters à venir à cause de la propagation à un niveau mondial du COVID-19, The Hollywood Reporter évoque un chiffre totalement ahurissant pour parler des pertes de l’industrie du divertissement mondial : 20 milliards de dollars. Et même si ce chiffre parait extrêmement élevé, il semble tout à fait correspondre à la situation.
Cela a commencé avec le report de James Bond - Mourir peut attendre la semaine dernière et ensuite, la machine à rêves s’est emballée : Fast & Furious 9 d’Universal, Mulan de Disney, Sans un bruit 2 de la Paramount, tous ont vu leur sortie repoussée à une date ultérieure, voire jusqu’à l’année prochaine (F9). Puis, ce sont les productions sur certains des gros films attendus qui ont été mis en pause : une partie de la production du Shang-Chi de Marvel Studios a été mise à l’arrêt le temps pour son réalisateur Destin Daniel Cretton de se mettre à l’isolement, The Batman, Jurassic World - Dominion ont également été interrompu (un article concernant cette suspension est à paraître sur Unif).
Côté télévision, l’ensemble des réseaux et autres chaines du câbles et plate-forme de streaming ont mis en pause l’ensemble de leur production. Résultats, séries en cours de production interrompue (Stranger Things 4 de Netflix, The Wheel of Time d’Amazon), la saison des pilotes qui bat pourtant son plein en ce début d’année est également touchée. Dans le domaine télévisuel, les coûts sont sans doute moindres, mais à leur échelle, devraient également être très importants. THR n’a néanmoins pas réussi à donner des chiffres.
Mais c’est bien sûr du côté du cinéma où la casse est la plus importante. La décision, par exemple, de reporté Mourir peut attendre d’avril à novembre cause au film une perte sèche évaluée à 30 ou 50 millions de dollars. Sur cette base, on peut évaluer que les reports de F9 et Mulan seront tout aussi catastrophiques. De plus, les contrats marketing, où les précédents accords de promotion des films en ligne, dans la presse écrite, à la télévision et au-delà sont en place depuis des mois et coûteront très cher à réajuster.
Concernant les films dont le tournage ont été mis en pause, lorsque les caméras recommenceront à tourner, les équipes de production devront forcément mettre la main au porte-feuille pour la remise en place de l’ensemble de la logistique. Ainsi, THR estime qu’un jour de retard sur un film comme Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings coûterait plusieurs centaines de milliers de dollars.
Sur le très court terme, c’est la box office qui prend un sérieux coup. Les cinémas décident de réduire le nombre de personnes dans les salles, qui sont donc pratiquement désertes, quand ils ne décident tout simplement pas de fermer. Les chiffres américains, en tout cas, sont au plus bas et cela n’avait pas été vu depuis plus de 20 ans : THR estime à 7 milliards de dollars les pertes liées à ces restrictions et autres fermetures, chiffre qui pourrait monter à 10 si les réseaux de salles continuent à fermer aux States, mais aussi partout dans le monde. Et quand on sait que les F9 et autres Mulan font la majeure partie de leur recette à l’internationale (et en Chine en particulier), l’impact des retards liés aux coronavirus sera très important.
Ce chiffre de 20 milliards est une estimation, et c’est bien sûr l’évolution de la situation sanitaire dans le monde qui dira s’il était juste ou non. Le divertissement évoque évidemment des situations où les personnes se rassemblent, et cette crise devrait avoir des impacts dans l’avenir.
D’un point de vu humain, la situation est également préoccupante pour les hommes et les femmes qui travaillent dans cette industrie. Le syndicat AIEST, Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma, s’inquiète des conséquences directes de la situation : pertes d’emploi, prise en charge des soins de santé et les effets à long terme comme la retraite. Matthew D. Loeb (ci-dessous), président international de l’AIEST, a exposé ses inquiétudes :
"En ce moment, des milliers de nos membres dans tous les secteurs de l’industrie du divertissement souffrent de difficultés financières à cause des annulations imposées par le gouvernement. Les travailleurs du spectacle ne devraient pas être des dommages collatéraux dans la lutte contre le virus COVID-19. Mais il ne s’agit pas seulement de nous. Des études économiques montrent que les dépenses de divertissement se répercutent sur nos communautés dans tout le pays. La production cinématographique et télévisuelle injecte à elle seule 49 milliards de dollars par an dans les entreprises locales, et l’ensemble de l’industrie du divertissement soutient 2,1 millions d’emplois dans les économies des municipalités et des États".
Plus localement, les fermetures des cinémas entrainent bien entendu du chômage technique chez toutes ces personnes qui nous accueillent au cinéma de notre quartier, et il faut aussi penser à eux. Car c’est grâce à eux que nous pouvons nous faire "une toile" de temps en temps, ne l’oublions pas !
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