Star Trek Discovery : Review 1.03 Context Is for Kings
Après un double épisode pilote qui m’avait globalement plu malgré un certain nombre de réserves, l’épisode de cette semaine me pose beaucoup plus de problèmes.
D’abord, je continue à beaucoup apprécier le design général de la série. Autant, j’aime le classicisme visuel de The Orville, cette douce impression de me projeter à la fin des années 80 dans un univers alternatif à la Nouvelle Génération, autant l’ultra modernité du Discovery flatte mes pupilles. C’est visuellement une tuerie, au moins le budget est vraiment à l’écran.
Pour autant, quand des technologies totalement inconnues du reste de la franchise, et particulièrement inexistantes dans les séries postérieures, sont évoqués comme un élément constitutif du scénario de l’épisode, ça commence à me gêner aux entournures. Le concept de warp drive énergisé par des spores est, par exemple, particulièrement capillotracté. Ok, ce n’est pas la première fois que les scénaristes utilisent du technoblabla, mais au moins celui ci était cohérent avec 40 années de diffusion de la série. Là, c’est beaucoup trop "What the Fuck" pour me satisfaire. Pour un regard extérieur, et c’est le cas pour mon conjoint qui n’est pas un trekkie historique, c’est très difficile pour lui de comprendre mon point de vue. J’ai beau essayer de lui expliquer, j’ai juste l’impression d’être un vieux croûton ressassant un passé qui est mort.
On découvre avec ce troisième épisode, les personnages qui vont constituer l’entourage de Michael. Et pour l’instant, en dehors de Saru que, réellement, j’adore, j’ai du mal avec ce qu’ils ont à offrir à l’écran. Bien sûr, cela a certainement à voir avec le sentiment que cette "rebelle" leur inspire, mais je ne trouve pas le terreau qui transformera cet équipage en famille comme c’est de coutume dans toute série Star Trek.
Paul Stamets, par exemple, me semble très, trop, psycho rigide. Tilly, la cadette, est tout le contraire, une explosion de sentiments tellement contradictoires que j’ai du mal à cerner le personnage. Quant au Capitaine Gabriel Lorca, joué par l’excellent Jason Isaacs, Starfleet a dû perdre son analyse psychologique tant il semble l’antithèse de ce que doit être un capitaine de cette vénérable institution. Maintenant, ce que j’attends de la série, c’est de voir une évolution certaine de ces personnages.
L’histoire de cette semaine permet d’instiller une ambiance assez oppressante qui n’est pas pour me déplaire. Et je ne parle pas que du vaisseau en perdition, le USS Glenn. Vaisseau scientifique à la base, la guerre avec les Klingons instille une ambiance assez délétère à bord du Discovery. Le secret et le non-dit fonctionne bien avec le caractère de Lorca. J’ai hâte d’en savoir plus...
FM
Si les deux premiers épisodes formaient une introduction, voire un prequel, Discovery 01x03 Context Is For Kings se définit lui-même comme le véritable pilote de la série. C’est en effet ici que sont introduits, six mois après, d’une part le cadre principal de la série (l’USS Discovery), et d’autre part tous les autres personnages récurrents (en plus de Michael Burnham et Saru), dont deux révèlent un potentiel si ce n’est de psychologie du moins d’interprétation. À savoir le capitaine Gabriel Lorca (Jason Isaacs) et le lieutenant Paul Stamets (Anthony Rapp). La narration demeure quant à elle toujours centrée sur le seul personnage de Michael Burnham, souvent à la première personne et toujours à travers ses yeux, ce qui confère au spectateur une sensation d’extranéité envers l’environnement de Starfleet, une extranéité d’autant plus marquée que Michael est socialement et professionnellement marginalisée depuis sa condamnation, et que les informations (et les enjeux) ne lui parviennent (et ne parviennent donc aux spectateurs) qu’au compte-goutte.
Quoique basé sur le design de Ralph McQuarrie pour le projet Planet Of The Titans (abandonné en 1977), le vaisseau de recherche scientifique USS Discovery NCC-1031 emprunte toutes ses autres caractéristiques, non aux vaisseaux de la "TOS-era", mais aux vaisseaux de la "Kelvin timeline" (dans laquelle la série Discovery prend finalement peut-être place), notamment les textures physiques et esthétiques, les technologies post-TOS (écran de la passerelle qui fait également office de hublot, HUD, hologrammes, nacelles de distorsion, signature du subespace, look et puissance des navettes...), le gigantisme général (volume extérieur, espace intérieur, passerelle encore plus étendue que sur l’USS Enterprise du reboot, captain’s ready room plus grand que celui de l’USS Enterprise D de Picard, vastes coursives, hangar à navette digne de ceux de Star Wars)... mais aussi certaines absurdités conceptuelles telle la soucoupe intérieure (abritant la passerelle) séparée de la soucoupe extérieure et maintenue seulement par quatre "tenons" (ce qui logiquement devrait rendre le vaisseau inutilement vulnérable aux attaques et aux torsions).
Arrachée par l’USS Discovery à sa condition de "bagnarde" au cours d’un transfert en navette spatiale, Michael Burnham sera mise à l’épreuve sans le savoir (et en situation de risque réel) par le capitaine Lorca, qui conduit un projet de recherche scientifique de pointe mais top secret au bénéfice de la Fédération dans le cadre de l’effort de guerre contre les Klingons.
Bien entendu, difficile de ne pas faire instantanément le parallèle entre Michael Burnham que le capitaine Gabriel Lorca sort de détention pour utiliser ses compétences scientifiques vulcaines et sa lucidité envers les Klingons dans le cadre de la guerre en cours... et Tom Paris que la capitaine Kathryn Janeway sort de pénitencier (dans le pilote de Star Trek Voyager) pour utiliser son expérience de dissident et ses talents de pilote dans le cadre de la lutte de la Fédération contre le Maquis.
Mais il y a néanmoins une différence de poids : Tom Paris était véritablement coupable et sa condamnation était justifiée (et non disproportionnée). Dès lors, sa quête de rédemption faisait sens. Tandis que Michael Burnham ne porte aucune responsabilité dans la bataille spatiale où 8 186 personnes ont trouvé la mort, mais elle fut littéralement condamnée pour avoir été la seule à deviner le piège tendu par les Klingons et avoir voulu empêcher le drame de se produire. Toute la dialectique pseudo-dostoïeveskienne que cet épisode tente de nous vendre est donc dévoyée et sans fondement, car pour faire porter à Burnham le fardeau d’une névrose sortie de Battlestar Galactica 2003 et d’une haine collective que lui voueraient tous les ressortissant de la Fédération, cela impliquerait de légitimer - ou au minimum d’entériner - une société foncièrement dystopique et kafkaïenne. Tout au mieux, Michael Burnham aurait pu apparaître comme le bouc émissaire politique d’un Starfleet qui n’assumerait pas son impréparation ou sa naïveté, mais il ne s’agirait alors d’un audacieux parti pris que s’il était intentionnel de la part des auteurs et pleinement assumé dans la narration.
Or seul le capitaine Gabriel Lorca tient un raisonnement sensé et équitable à l’endroit des agissements de Michael Burnham. Et l’épisode impute cela pesamment à un système de pensée "non conformiste" qui le caractériserait, ce qui revient à faire passer tout le personnel de Starfleet (et du tribunal militaire ayant condamné Michael) pour une bande d’imbéciles et/ou des dogmatiques. Difficile de ne pas songer, par exemple, à l’Arsène Lupin version Georges Descrières qui n’était brillant que parce qu’il était entouré d’idiots. Et voilà comment une fois de plus dans ce Star Trek post-2005, les auteurs construisent - par icônisme ou par paresse - les personnages au détriment de leur société voire de l’univers lui-même.
En invoquant l’expression très inégalitaire "Universal law is for lackeys, context is for kings" ("La loi est pour les petits, le contexte est pour les rois") pour embaucher et réhabiliter Michael Burnham, Gabriel Lorca enterre littéralement l’utopie trekkienne. Car les héros trekkiens sont supposés être représentatifs de leur société idéaliste, et non en être les exceptions (comme durant toute l’Histoire de l’humanité). En outre, le droit à la justice n’est pas supposé être le privilège d’une petite élite. Star Trek - contrairement à Star Wars - est une utopie collective, non la gloire aristocratique de quelques individus.
Dans ses prémisses mêmes, Discovery participe ainsi d’une malheureuse dérive philosophique, que l’épisode va jusqu’à revendiquer dans son titre.
Au chapitre (désormais inévitable) des disparités internalistes (ou intradiégétiques), et sans s’appesantir une nouvelle fois sur les inconsistances criantes en termes de gigantisme spatio-architectural et d’avancée technologique (notion bien distincte des choix d’interface et des évolutions de design) par rapport à TOS (supposée être pourtant chronologiquement ultérieure), Discovery 01x03 Context Is For Kings franchit hélas un nouveau Rubicon !
En effet, l’épisode introduit ce qui deviendra très probablement - du moins après la guerre contre les Klingons - l’autre fil rouge de la saison (voire de la série), à savoir l’objet des recherches scientifiques conduites par le capitaine Gabriel Lorca et dirigées par l’officier scientifique et astromycologue Paul Stamets. Lesdites recherches portent sur rien de moins qu’un procédé révolutionnaire pour se matérialiser instantanément n’importe où dans l’univers (afin d’en tirer un avantage tactique dans le cadre de la guerre contre les Klingons) ! Influence externaliste de Doctor Who ou de Valérian, qu’importe. Mais la question intra-trekkienne est alors de décider ce qui est le pire dans ce nouveau mode de transport : l’absurdité des principes scientifiques sur lequel il repose... ou le profond viol de la continuité trekkienne vers lequel il est susceptible de conduire.
Star Trek s’est rendu célèbre par son technobabble futuriste, mais si celui-ci a parfois été la cible de quelques railleries, il s’est néanmoins toujours imposé un respect rigoureux des lois naturelles et des sciences réelles (extrapolées mais jamais ignorées ou reniées), ainsi qu’une cohérence envers lui-même (un épisode ne venant jamais contredire ce qui avait été posé dans un autre). Mais ça, c’était hier.
Aujourd’hui, le respect des sciences connues est probablement considéré comme un frein à la créativité, et Discovery se pare d’un langage apparemment scientifique pour débiter une succession d’absurdités. Ainsi, selon le troisième épisode de la série, la biologie et la physique se confondraient au niveau quantique ! Et les "briques énergétiques de base" qui forment l’univers seraient en fait des spores, "progénitrices de panspermie" (sic) !!! Voilà une théorie qui ferait passer celle de Prometheus - le prequel d’Alien - pour de la hard science. C’est ainsi que l’épisode en vient à pondre le concept totalement barré de "propulsion mycologique", décrite en VO par les formules surréalistes suivantes : "organic propulsion system" permettant de "travel on spores" dans un "mycelial network", c’est-à-dire une "microscopic web that spans the entire cosmos" formant un "intergalactic ecosystem" offrant un "infinite number of roads leading everywhere" que les vaisseaux spatiaux emprunteraient durant des "jumps" en situation de "black alert" ; ces spores formeraient "the veins and muscles that hold our galaxies together" !!!
Imaginer une "colonisation" conventionnelle du niveau quantique par des micro-organismes vivants, cela prouve simplement que les auteurs ne pigent rien de rien, ni à la mécanique quantique, ni aux huit (ou plus) interprétations possibles de ses effets. Telle une mauvaise parodie animiste de l’inclination de certains épisodes du Star Trek historique à trouver de la vie dans des endroits improbables, l’animisme se fait ici panthéisme, et Discovery repousse toutes les limites du ridicule en réussissant à surclasser les pulps des années 30 dans leurs pires délires sous acide (ou sous délirium tremens). Ce concept de "light-fantasy pour rire" aurait eu en revanche pleinement sa place dans un épisode parodique de Futurama (mais même pas de The Orville). Au moins, les célèbres cochons se contentaient-ils d’être dans l’espace, tandis que les champignons de DIS eux... le font !
Dans la chronologie trekkienne, voyager instantanément n’importe où dans l’univers ne sera à la portée de Starfleet qu’aux environs du 29ème siècle (sur l’USS Relativity). Et si d’autres civilisations ont développé longtemps avant leurs propres solutions (comme les antiques Iconians au moyen de portails), lesdites solutions n’étaient pas à la portée scientifique de Starfleet, même au 24ème siècle.
Mais à partir du moment où la possibilité d’un "voyage universel" est directement accessible aux ingénieurs de la Fédération dès 2256, quand bien même les derniers épisodes de Discovery se débrouilleraient scénaristiquement pour en interdire ou en rendre impossible l’usage ultérieur (afin de donner l’illusion de respecter la chronologie pré-TOS), c’est tout le futur trekkien qui devrait en être profondément impacté ! Bien des détails et des comportements auraient dû être différents dans les séries "suivantes", c’est toute une culture du "voyage instantané" qui aurait dû se mettre en place, à la fois comme point de mire et comme objet de recherche, notamment dans un épisode comme ST TNG 02x11 Contagion (par le positionnement envers la technologie des Iconians) et bien sûr dans la série Star Trek Voyager (où l’accélération des voyages spatiaux était une problématique centrale).
Dans Star Trek Into Darkness de la Kelvin timeline, la téléportation à transdistorsion aura permis à Khan 2.0 de se téléporter directement de la Terre à Qonos. Mais dans Discovery 01x03 Context Is For Kings, Michael Burnham aura fait beaucoup plus fort... en accomplissant un aller-retour instantané non seulement sur Romulus, mais également à bien d’autres endroits de la Voie Lactée.
Oh bien sûr, les scénaristes de Discovery se sont probablement appuyés sur quelque wiki en ligne pour tenter d’enraciner par l’apparence leur concept de spore drive dans la "mythologie" de la franchise Star Trek. En effet, la série VOY met en scène les Nacenes, une espèce définie comme sporocystian lifeform, en partie énergétique et provenant à l’origine du subspace, maîtrisant en outre une technologie de displacement wave permettant de parcourir quasi-instantanément de très grandes distances (en l’occurrence les 70 000 années-lumière que le Caretaker a fait franchir à l’USS Voyager jusqu’au quadrant delta). Sauf qu’en biologie réelle, le sporocyste désigne simplement un mode de reproduction asexuée (et non obligatoirement des spores). Par surcroît, les Nacenes ne provenaient pas du "niveau quantique" (un non-sens), la technologie employée par le Caretaker était sans rapport avec un quelconque spore drive et elle n’impliquait aucun "champignon cosmique". Mais surtout, si les ingénieurs de Starfleet avaient découvert plus d’un siècle avant un mycelial network de dimension galactique (permettant des voyages plus rapides encore que les transwarp conduits des Borgs - pourtant véritable Graal dans la série), il aurait juste été impensable que VOY n’y ait jamais fait référence durant ses sept saisons, même implicitement.
Un prequel digne de ce nom n’implique pas seulement de respecter la lettre d’une chronologie, mais également son esprit. Et cela réclame de la subtilité dans l’anticipation des relations de cause à effet, cela postule aussi de la retenue pour ne jamais s’abandonner à une surenchère putassière qui sacrifierait la crédibilité de tout l’édifice sur le temps long... au seul effet sensationnaliste de l’instant.
Pour le reste, Discovery 01x03 Context Is For Kings est un épisode qui séduira statistiquement davantage le public, du moins dans le cadre d’un premier visionnage superficiel, car il recourt à une multitude de recettes à la mode qui "fonctionnent" pour appâter le chaland (mais bien moins pour le fidéliser et quasiment jamais pour survivre aux revisionnages) :
des mystères artificiellement entretenus (les activités secrètes sur l’USS Discovery) ;
des "agendas cachés" chez la plupart des personnages... et surtout chez le capitaine Gabriel Lorca, assez manipulateur, et qui pourrait bien appartenir à la Section 31... à moins qu’il provienne carrément du (ou d’un) Mirror Universe ;
du gore sensationnaliste (corps humanoïdes brisés et horriblement défigurés à bord de l’USS Glenn suite à un accident tragique de "propulsion mycologique", encore à l’état expérimental) ;
des "craignos monsters" méchants ou affamés (à la sauce Dead Space ou Star Trek 2009) ;
du First Person Shooter dans un train fantôme (à la façon de Doom) ;
le dark’n’gritty sur catalogue (des tensions permanentes, un état de suspicion, une ambiance oppressante...) ;
des "concours de bites" incessants entre personnages (un des pires héritages de BSG 2003) ;
de la pitrerie clichée pour seul humour (la lieutenant Sylvia Tilly en est réduite à une fonction utilitaire voire gadget comme Keenser dans le reboot de 2009) ;
des scènes faussement profondes ou faussement audacieuses par la convocation ou la citation artificielle ou à contre-emploi de classiques littéraires : après Sun Tzu (devenu progressivement un truisme) dans les épisodes précédents, c’est au tour d’Alice au pays des merveilles) ;
du fan-service à gogo (à moins qu’il ne s’agisse de "clins d’œil de consolation" à l’attention des anciens fans) : le Tribble personnel du capitaine, Amanda Grayson mère adoptive de Michael, Burnham pratiquant le Suus Mahna - art martial vulcain - comme T’Pol, plusieurs échos du Delphic Expanse et notamment de l’épisode traumatique ST ENT 03x05 Impulse, etc.
et bien sûr, sérialisation forcée oblige, un cliffhanger rituel de fin d’épisode qui lève le voile sur un nouveau "mystère insondable" : le capitaine Lorca fait téléporter dans son vaisseau (depuis l’USS Glenn) le "craignos monster"... peut-être pour en faire son second animal de compagnie, aux côtés du Tribble qui orne déjà son bureau.
C’est aussi un festival d’incohérences contextuelles, comme pour chaque opus depuis 2009, mais que le spectateur pourra rendre ludique en les recherchant comme des easter eggs et en les collectionnant comme autant de trophées :
du temps de La série originale, au 23ème siècle, chaque vaisseau de Starfleet possédait un insigne distinct et unique, porté sur l’uniforme de son équipage ; or inexplicablement, l’insigne de l’USS Discovery est identique à celui de l’USS Enterprise (qui deviendra l’insigne général de Starfleet seulement au 24ème siècle) ;
les uniformes de Starfleet dans Discovery 01x03 Context Is For Kings sont radicalement différents de ceux du pilote historique de la franchise, pilote de tous les pilotes, TOS 00x01 The Cage, pourtant sis exactement à la même époque (comment justifier cela autrement que par une timeline alternative ou un univers parallèle ?) ;
la Vulcaine d’adoption Michael Burnham exhibe des manières de bad ass après seulement six mois d’emprisonnement ; l’objectif des auteurs est visiblement d’en faire une "terreur", connue dans tout le quadrant, et qui intimiderait l’équipage de l’USS Discovery (c’est à hurler de rire) ;
la Fédération semble désormais transformer ses prisonniers en esclaves-mineurs dans de dangereuses mines de dilithium, c’est-à-dire exactement comme le font les cruelles sociétés totalitaires klingonnes et romuliennes ;
l’existence d’une parfaite taxonomie catégorisant la nuée de créatures spatiales "électrovores" GS54 s’accorde assez mal avec la faible expérience envers de telles entités non humanoïdes à l’ère de La série originale ;
l’USS Discovery n’hésite pas à recourir avec le plus grand naturel - c’est-à-dire juste par confort - à la téléportation intra-vaisseau (site-to-site transport), alors que plus de dix ans après, l’épisode TOS 03x11 Day Of The Dove présentera cette pratique comme extrêmement dangereuse, tandis que plus d’un siècle avant, Jonathan Archer y avait eu recours dans ENT 03x12 Chosen Realm mais uniquement parce que la seule alternative était la mort (et entre une mort certaine et une mort possible…) ;
l’USS Glenn est jonché de cadavres pseudo-Klingons ; comment se sont-il retrouvés-là alors que les boucliers du vaisseau de Starfleet étaient activés et qu’il n’y avait aucun vaisseau klingon dans les environs (l’épisode zappe totalement les implications) ?
pourquoi n’avoir pas tenté de contenir le craignos monster à bord de l’USS Glenn au moyen de champs de force, sachant que le vaisseau était encore fonctionnel ;
le capitaine Lorca détruit sans hésitation l’USS Glenn - jumeau de l’USS Discovery - alors que la Fédération est en guerre et que ce vaisseau - presque intact - est explicitement présenté comme le plus avancé (quel mépris et quelle inconséquence en terme de ressources militaires !) ;
pourquoi employer un détecteur d’haleine (si facile à tromper) pour identifier le personnel de l’USS Discovery alors que Starfleet peut instantanément scanner toute la structure moléculaire de n’importe qui (tricordeurs, téléporteurs, etc.) ?
les Tribbles n’étaient encore guère connus dans TOS, la plupart des humains en ignoraient la fécondité invasive... tout en étant irrésistiblement attirés vers eux ; rien de tel à bord de l’USS Discovery pas plus que dans la Kelvin timeline, l’humanité n’y est décidément pas la même que dans le Trekverse historique.
(...)
En conclusion, Discovery 01x03 Context Is For Kings est nettement moins ennuyeux à visionner que les deux premiers épisodes tant il emprunte aux mécanismes bien huilés de l’industrie télévisée actuelle (avec une direction artistique toujours à l’avenant de son budget de blockbuster). Malheureusement, il n’en est guère plus intéressant ni plus intelligent pour autant, du moins passé la curiosité du premier visionnage.
Plus que jamais, l’épisode fait l’effet de se situer dans un avenir très très ultérieur à Star Trek Nemesis (par l’environnement physique et les technologies), mais en même temps de s’ériger sciemment en antithèse de Star Trek (par la dystopie sociologique et les profils psychologiques)... tel un nouveau "Mirror Universe" (Univers miroir), mais inassumé.
Avec l’épreuve de vérité que représente Context Is For Kings, il semble de plus en plus probable que Discovery n’ambitionne aucunement d’être une authentique série Star Trek, ni par son fond et ses idéaux, ni par le respect de son univers et de sa chronologie.
Il serait donc désormais plus réaliste de se borner à espérer que DIS réussisse malgré tout à être une assez bonne série de SF parmi tant d’autres (ce qui est encore loin d’être gagné !), quand bien même elle multiplierait - également comme tant d’autres - les références au phénomène de la pop culture que fut Star Trek il y a plus de douze ans.
Wait and see...
YR
EPISODE
Episode : 1.03
Titre : Context Is for Kings
Date de première diffusion : 1/10/2017 (CBS) - 2/10/2017 (Netflix)
Réalisateur : Akiva Goldsman
Scénaristes : Bryan Fuller, Gretchen J. Berg, Aaron Harberts et Craig Sweeny
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