Il était une fois les séries : 24 Heures Chrono

 Type : action, espionnage
 Titre Original : 24
 Diffusion USA : La Fox (2001 - 2010, puis 2014)
 1ère Diffusion France : Canal+, puis TF1
 Épisodes : 204 x 42 minutes et 1 film de 90 minutes
 Créée par : Joel Surnow, Robert Cochran
 Production : Joel Surnow, Robert Cochran, Brian Grazer, Tony Krantz, Stephen Hopkins, Howard Gordon, Jon Cassar, Brannon Braga, Alex Gansa, Brad Turner, Stephen Kronish, Michael Loceff, David Fury, Manny Coto, Evan Katz, Kiefer Sutherland
 Musique : Sean Callery
 Interprètes : Kiefer Sutherland, Carlos Bernard, Mary Lynn Rajskub, Dennis Haysbert, Elisha Cuthbert, Penny Johnson Jerald, Sarah Clarke, Xander Berkeley, Reiko Aylesworth, Jude Ciccolella, Zachary Quinto, Kim Raver, James Morrison, William Devane, Katee Sackhoff, Glenn Morshower

Le 6 novembre 2001, près de trois mois après les évènements du 11 septembre, les téléspectateurs américains entendaient ceci sur le réseau de télévision Fox (qui a été traduit en français) : "Ces évènements se déroulent entre 0:00 et 01:00 du matin, le jour des élections primaires de Californie. Ils sont rapportés en temps réels."

Ils découvraient alors un thème musical devenu mythique, ils voyaient leur écran de télévision se diviser en plusieurs cadres (le split screen), chaque cadre montrant des évènements se déroulant au même moment à des endroits différents. Ce jour-là, est née 24 Heures Chrono, la série d’espionnage et d’action centrée sur un personnage qui deviendra légendaire, Jack Bauer.

Mise au point par les scénaristes Joel Surnow et Robert Cochran, la série feuilletonnante fonctionne sur le principe d’unité de temps. Initialement prévue pour débuter en septembre 2001, sa diffusion a été repoussée pour des raisons évidentes. Une scène impliquant l’explosion d’un avion a même été supprimée du montage final du pilote, toujours pour les mêmes raisons évidentes.

Véritablement racontée en temps réel, la série verra l’agent interprété par Kiefer Sutherland faire partie d’une organisation gouvernementale fictive, la CAT - Cellule Anti Terroriste - (CTU - Counter Terrorist Unit en V.O.), et être engagé dans une lutte sans merci contre des terroristes de différents horizons pour sauver son pays, les États-Unis. Unique en son genre, une heure dans la série marque une heure passée dans la réalité aux States. Chez nous, la série respectera en fait son véritable horaire, le sempiternel format limitant les séries américaines de l’époque à 42 minutes.

Mais comment se fait-il qu’elle dure une heure là-bas, et si peu chez nous ? Les téléspectateurs américains doivent en fait remercier les publicités qui interrompent à quatre ou cinq reprises chaque épisode à des moments clés, faisant ainsi monter la tension - ou la frustration des télespecteurs, et cela pendant quatre ou cinq minutes à chaque fois, et même à ces moments-là, la série reste en temps réel, reprenant pile à l’heure qu’elle devait. Et pour en convaincre le public, un chrono et un bip anxiogène s’affichent régulièrement à l’écran, montrant le temps qui passe dans la série. Ils sont vraiment trop forts, ces américains.

Menée tambour battant par son intrépide agent infatigable, il faudra à ce dernier - comme par hasard - 24 heures pour arrêter les véritables fauteurs de troubles prêts à tout. Avec la cultissime Lost de ABC, la série de la Fox est une des dernières grandes séries des réseaux de télévisions traditionnelles américains à fournir des saisons aussi longues, chacune, vous l’aurez compris, étant composée de 24 épisodes. C’était à une époque où le streaming ne rêvait même pas d’exister, avec la réduction du nombre d’épisodes d’une saison à moins de 13 segments qu’on connaît aujourd’hui. La série aura d’ailleurs lancé une tendance très répandue aujourd’hui - en cette époque de plate-forme de streaming : le binge-watching. Le téléspectateur est tellement happé par l’histoire, qu’il est difficile de ne pas regarder un autre épisode, et un autre, et un autre... Les réseaux de télévision l’ont bien compris, Canal+ en tête chez nous, en organisant de véritables marathons 24 Heures chrono.

Semi-anthologique, 24 Heures Chrono voyait Jack Bauer devoir faire face chaque saison à une nouvelle menace. Si le personnage principal de la série semblait intouchable, les autres étaient tous suspendus aux désirs du showrunner et de ses scénaristes. Un personnage qui avait montré sa valeur dans une saison n’avait aucune garantie de survivre à ladite saison, ou à la saison suivante, ou à toute autre saison, certains devant même affronter une mort brutale et tout à fait inattendue. Ce même personnage pouvait également revenir d’entre morts grâce à une petite entourloupe scénaristique. Et n’importe qui pouvait être touché. N’être qu’un simple geek analyste planqué derrière son bureau n’était absolument pas une garantie de survie...

Le modèle de narration, induite par le temps réel, donnait là aussi toute son originalité à la série. Chaque épisode commençait à 100 km/h et c’était comme ça pendant les 42 minutes que durait l’épisode. De ce fait, l’histoire devait toujours se renouveler par des rebondissements, parfois rocambolesques - mais qui arrivaient souvent, et comme par hasard, en fin d’heure, donc d’épisode. Missions sous couverture, agents infiltrés, secrets, manipulations, peur de son prochain, paranoïa, tels étaient les ingrédients de 24, reflet quasi parfait de la société américaine après les attentats.

Véritable phénomène télévisuel, la série aura donné vie à huit saisons complètes de 24 épisodes, la neuvième - revival intitulé pour l’occasion Live Another Day - ne comportant que 12 épisodes, le final ayant prévu un saut dans le temps de quelques 12 heures pour respecter le titre de la série. Cette neuvième mission de Jack Bauer marquera la fin de la série en 2014. La série aura également connu le long métrage pour la télévision Redemption, destiné à raconter ce que son héros aura fait entre les saisons 6 et 7, histoire de faire patienter les fans étant donné que la série a été touchée de plein fouet par la grève des scénaristes de 2008. Enfin, en 2017 naîtra 24 - Legacy, une tentative de renaissance du concept, mais sans Sutherland cette fois, sans grand succès.

La série a également été vue comme précurseur en matière de lutte contre le racisme et le sexisme. La première saison a montré Bauer faisant tout ce qui est possible pour protéger un certain sénateur afro-américain du nom de David Palmer (Dennis Haysbert), susceptible de devenir le premier Président des États-Unis issu de cette "minorité". Les saisons suivantes montrera d’ailleurs la CAT au travail sous les ordres de ce même sénateur devenu Président. Il aura également su mettre une femme dans le bureau ovale, Allison Taylor (jouée par Cherry Jones).

24 Heures Chrono aura également connu ses détracteurs. Vivement critiquée pour les scènes de torture extrêmement violentes - plus de 60 ont été comptabilisées dans les cinq premières saisons, la série tentait sans doute à cette époque de refléter la réalité, référence à ce qui se passait à Guantanamo par exemple, les USA d’après le 11 septembre 2001 de George W. Bush s’étant engagé dans une lutte sans merci contre le terrorisme. On reprochait également à Jack Bauer son penchant anti-musulman, la série mettant souvent en scène des terroristes venus du Proche-Orient, déblatérant le même discours que les terroristes auxquels le pays a vraiment eu à faire.

Sans doute en réponse à ces critiques, 24 a su se réinventer et s’est créée de toute pièce des ennemis de bien de chez eux, et parfois même très haut placés dans le gouvernement. En témoignent les saisons 5 et 6. La saison 7 marque également un tournant de la série, la Présidente en place ayant un regard bien plus attentif sur les actes de torture perpétrées par ses équipes (la saison commence d’ailleurs par un Jack devant répondre à une commission d’enquête sénatoriale sur ses actes de torture).

Et que dire de Jack Bauer ? Le personnage incarnait ce que le peuple américain post-9/11 avait le plus besoin : un héros, patriote, prêt à tout sacrifier pour son pays. Le gars passait 24 heures d’affilée à courir dans tous les sens, sans jamais avoir besoin d’aller au petit coin, sans jamais avoir besoin de manger un morceau. À 6h, il pouvait très bien être en train de collaborer avec un collègue, et l’heure suivante être en train de le torturer, ce dernier pouvant être un potentiel traitre à la solde des terroristes qu’il traquait.

Héros imparfait, il est décrit comme un homme violent - et adultère dans la première saison, il devient ensuite accro à l’héroïne dans la troisième saison. Électron libre incontrôlable - parfois même vu comme un traitre, le bonhomme a laissé une telle empreinte dans la culture populaire, qu’il était souvent pris en exemple. Je me souviens qu’à cette époque, peu importait le film d’action, peu importait la série, je me demandais souvent ce qu’aurait fait Jack Bauer s’il avait été le héros ou dans les parages. L’acteur qui l’incarnait, Kiefer Sutherland, est par la suite devenu une légende (pour moi en tout cas).

Enfin, la série a fait entrer de très grands noms du cinéma à la télévision. Citons par exemple Dennis Hopper, Jon Voight, Peter Weller, Peter MacNicol, Bob Gunton, Kurtwood Smith, et un jeune Rami Malek, star en devenir, entre autres.

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