Les éternels : La rencontre avec Chloé Zhao

Date : 03 / 11 / 2021 à 12h15
Sources :

Unification


La conférence de presse avec la réalisatrice Chloé Zhaoa été particulièrement intéressante et a permis d’évoquer non seulement les œuvres passées de la réalisatrice, mais aussi son travail fait sur Les Éternels et la manière dont elle a pu le réaliser.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Qu’est-ce qui vous a inspiré dans le travail de Jack Kirby en faisant ce film ?

J’avais déjà une expérience dans l’adaptation. Pour une œuvre de cette ampleur, il était très important pour moi de garder à la fois le cœur et l’âme de celle-ci. Je me suis demandé pourquoi Jack Kirby avait créé Les éternels. Il avait envie de donner une nouvelle perspective au genre. C’était le parfait timing de faire aussi un pas de côté par rapport à l’univers cinématographique de Marvel pour voir comment nous pouvions déconstruire certains principes fondateurs du MCU. C’était très excitant.

Comment avez-vous réussi à trouver l’équilibre entre ce nouveau film, et ce que vous vouliez y apporter de nouveau, et ce qui était déjà installé ?

Le film se passe immédiatement après le moment où la moitié de la population revient sur terre. Pour moi, c’est un événement écologique très important. Et c’est extraordinaire de pouvoir faire une histoire qui se passe à ce moment et l’influence que ça peut avoir sur notre planète. Avec cela et l’impact que l’histoire aurait sur le développement du MCU à venir, on m’a encouragé à faire un film qui serait unique, et dans lequel Nick Fury n’apparaîtrait pas. Car c’est vraiment une nouvelle histoire avec de nouveaux personnages.

À qui correspond la voix que l’on entend dans la dernière scène post-crédit ?

Il s’agit d’un personnage que l’on va bientôt rencontrer dans l’univers cinématographique du MCU. C’est vraiment très excitant. Il s’agit de l’un de mes super-héros préféré.

Comment avez-vous réussi à combiner les cultures de l’occident et de l’orient ?

Si vous les connaissez les mangas, vous savez qu’ils ont parfois un ton très sérieux, tandis que quelque chose de ridicule va se passer et tout cela va se mélanger. Dans le manga, il n’y a pas de consistance de ton et cela, je l’ai un peu emmené avec moi dans mon film. Et dans l’action, je pense que vous pouvez voir aussi des références à Dragon Ball Z et à Yu Yu Hakusho. DansSailor Moon et Les chevaliers du zodiaque, on parle vraiment du travail en équipe, et il y a des similarités avec les différents costumes et chacun a sa propre couleur.

Jusqu’à présent, vous aviez fait des films qui permettaient aux personnages de s’interroger sur eux-mêmes. Et maintenant, c’est un long métrage où les personnages s’interrogent sur la fin du monde. Comment avez-vous réussi ce changement de perspective et de philosophie ?

Je pense que dans notre vie, on se pousse, on se met des énormes obstacles pour en apprendre plus sur qui nous sommes. Dans les petits films indépendants que j’ai faits, j’ai toujours installé mes personnages dans des tragédies incroyables pour qu’il puisse justement renaître. Et dans cette histoire, il y a tout un peuple, c’est l’humanité qui est concernée. Et j’espère qu’à travers cette histoire, on peut réfléchir à notre relation avec notre planète et celle qui nous concerne nous-mêmes.

Comment est-ce qu’on passe d’un travail fait sur un film à petit budget comme Nomadland à une superproduction comme Les éternels ?

Je ne sais pas comment faire autrement que faire les choses avec mes tripes. Ma relation avec les gens avec qui je travaille, avec le casting et avec la caméra sont reliés à mes sentiments. C’est quelque chose que je dois toujours ressentir de l’intérieur. Si je ne le ressens pas, je ne vais pas aller sur le tournage.

Les studios Marvel, à la surprise de beaucoup de personnes, sont très différents de la plupart des studios traditionnels de Hollywood. Il n’y a que très peu de personnes qui sont responsables. Il n’y en a que trois. Et moi, je ne parlais qu’à deux personnes pour prendre toutes les décisions. Ils ont vraiment créé une bulle pour moi, pour que je puisse travailler de manière très sécurisée. Ils m’ont laissé voler, mais ils m’auraient rattrapé si j’étais tombée. Donc je me sentais en sécurité.

Quel est le projet de votre prochain film ?

Il y a des moments comme cela, dans la vie, où je repense à ce qu’a dit mon idole Bob Dylan, que c’était la mort qui nous occupait et pas notre naissance. Je vais toujours chercher des projets qui vont me permettre de renaître. J’arrive tout à fait nue sur un projet et je dois réapprendre tout, grandir et être terrifiée. Et j’ai besoin de ces sentiments, sinon je ne sais pas comment créer. Mon prochain projet est avec Universal. C’est Dracula. On verra. Je me sens assez nue d’aller vers ce projet.

Est-ce que vous avez vu le film Le Jour où la Terre s’arrêta et est-ce qu’il a eu une influence sur vous ?

J’ai vu l’œuvre originale de Robert Wise à la télévision. Mais c’était il y a longtemps.

Dans vos différentes thématiques, vous parlez des notions de bien et de mal et de la maîtrise de son destin. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je pense que dans mon film, il y a des individus qui ont besoin d’être maître de leur destin. Mais les moyens de le faire leur ont été ôté, que ce soit à cause de leur famille, comme dans Nomadland ou de leur ville comme dans The Rider. Dans Les éternels, il s’agit de leur foi. Je les mets dans cette situation, car je crois personnellement que l’on ne peut pas survivre seul. C’est très important d’avoir une connexion avec quelque chose de plus grand. Parce que moi, je ne suis pas une personne religieuse. Je n’ai pas été éduquée dans la religion. Mais je pense qu’il y a quelque chose qui manque en moi par le fait de ne pas croire en Dieu. Donc j’essaye de construire une relation avec la nature. Et j’essaye de comprendre pourquoi j’existe dans cet univers et quel est le but de mon existence. Donc des personnages luttent toujours avec cet équilibre, cette conscience de soi et cette relation avec quelque chose de plus grand.

Est-ce que vous n’aimeriez pas faire un film en images réelles adaptant un manga ? Et si oui, lequel ?

C’est une question très difficile. Une telle adaptation est très difficile à faire. Et choisir un manga, c’est très difficile aussi. Yu Yu Hakusho a changé ma vie et j’aurais vraiment aimé le faire, mais c’est déjà en développement pour Netflix. J’ai dit moi moi moi, mais il y a quelqu’un d’autre qui est en train de le faire au Japon. En plus, le rendre international est assez difficile. J’adore Trigun, et il y a peut-être une chance de le faire de manière internationale. C’est très dangereux de toucher aux grands classiques. Je ne voudrais pas être responsable de quelque chose à ce niveau-là.

Comment avez-vous fait ce choix de musique qui est très différent de ce que l’on trouve dans Marvel ?

Je suis tout à fait responsable de cet ensemble très éclectique. Il y a du Pink Floyd, du BTS et d’autres. C’est toute la musique que j’aime. C’est aussi simple que cela. Pink Floyd n’apparaît presque jamais dans les films, car les droits sont très très chers. Mais je voulais une chanson qui soit internationale et populaire, que ce soit dans la culture de tout le monde. Et on pouvait aussi utiliser l’instrumental.

Quel est votre rapport avec le western et avec le réalisateur John Ford ?

J’ai juste vu trois ou quatre westerns de John Ford avant de faire The Rider. Et les gens m’ont dit que je travaillais dans ce genre. Et je me suis mise à l’étudier, car je n’ai pas grandi avec ces films. Et j’ai récemment vu certains de ces films, et ça m’a vraiment éblouie. Et il y a tellement à découvrir. Notre intérêt du western vient de ce qu’il y a au-delà. Allons découvrir ce qui est au-delà de l’horizon. Et je trouve aujourd’hui que dans le domaine de la science-fiction et des super-héros, on se pose la question de ce qu’il y a au-delà des cieux, quelle est notre relation à la technologie, quel est le sens de notre existence humaine. Et on se demande ce qu’il y a au fond des océans. Je trouve un grand intérêt à ce genre qui explore et qui parle de cette angoisse collective. Et quand je fais des films dans ces genres, cela m’aide aussi à gérer et à traiter ma propre angoisse.

Comment est-ce que Marvel vous a approché ? Est-ce qu’ils vous ont donné une carte blanche dans votre manière de filmer ?

Quand j’ai fait The Rider et Nomadland, j’ai vraiment été dans ce monde. Il y a une très forte collaboration entre moi, les personnages et l’équipe de ce monde-là. Je ne pouvais pas faire les films avec ma simple vision. C’est vraiment une vision que nous partagions tous ensemble. Et c’est la même chose pour l’univers cinématographique de Marvel. C’est une vision que nous partageons tous ensemble. C’est comme ça que j’aime faire mes films. C’est une collaboration pour moi. Je cherche à savoir si on est tous passionné par la même histoire. Avec les producteurs de Marvel, on était passionné par une idée et c’est à partir de celle-ci que l’on a travaillé.

Gemma Chan qui joue le personnage principal Sersi incarnait aussi Minn-Erva dans Captain Marvel. Comment l’avez-vous castée ?

J’ai longtemps cherché l’actrice pour ce personnage. Il y a eu beaucoup de casting. Je n’arrivais pas à trouver la bonne comédienne. Je ne l’avais pas auditionnée, car elle faisait déjà partie du MCU. En discutant avec diverses personnes, nous l’avons fait venir et je trouvais que c’était vraiment Sersi. Elle était bleue dans son autre personnage. On ne pouvait pas la reconnaître. Et je me suis dit que ça allait.

Les Éternels est un très bon film qui tranche vraiment avec ce que l’on a l’habitude de voir dans le MCU. En proposant des extraterrestres qui sont finalement bien plus humains que les habitants de la terre, et en ouvrant l’univers de Marvel vers une direction que l’on n’avait pas découverte jusqu’à présent, le film sait s’affranchir de scènes de bataille incessantes et d’effets spéciaux trop intrusifs pour proposer une formidable histoire. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec Chloé Zhao :


Bande annonce :


GALERIE PHOTOS

Les Eternels : conférence de presse de la réalisatrice Chloé Zhao le 02-11-21



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