Le bal des folles : La review du film Prime Video

Le bal des folles est un excellent film qui permet de se plonger dans le Paris de la fin du XIXe siècle.

Le scénario de la réalisatrice Mélanie Laurent et de Christophe Deslandes, qui est l’adaptation du roman éponyme de Victoria Mas, présente une jeune femme issue de la bourgeoisie qui voit des esprits. Cette dernière va alors être incarcérée, contre son grès, au cœur du service des folles à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris et va découvrir la manière dont les femmes sont traitées au cœur de cet institut.

En effet, en cette période, toutes les femmes ne se comportant pas telle qu’elles le devait, celles étant un peu trop lettrées ou ayant des velléités de liberté, celles maltraitées oui atteintes de pathologies n’ayant rien à voir avec la folie, celle ayant avortée ou commis un crime, étaient enfermées et subissaient des traitements à la limite de la torture, en vue de soi-disant les guérir.

Le médecin en chef du service, le docteur Charcot a fait bouger les lignes de cet hôpital qui pendant longtemps a plus été une prison pour femmes ne portant pas son nom. Néanmoins, à cette époque, la médecine psychiatrique n’en était réellement qu’à ses débuts et les soins portés aux femmes avaient plus de chance de les rendre réellement folles que de les soigner.

D’autant que les traumatismes que certaines subissaient n’était pas forcément pris en compte et que l’hystérie, reliée au système génital féminin, permettait d’englober un certain nombre de choses et d’en accuser systématiquement les femmes.

Il faut d’ailleurs signaler que tous les traitements que l’on voit sont fidèles à ceux d’époque et sont parfois extrêmement glaçants à découvrir.

Quant au bal des folles, c’était un événement annuel où était invité un certain nombre de personnes. Les patientes pouvaient y passer une soirée agréable et rapidement plus personne ne savait qui était qui.

Le récit se centre sur trois femmes extrêmement différentes. Le personnage principal voit les esprits. Elle est remarquablement interprétée par Lou de Laâge qui est particulièrement touchante et captivante dans son rôle. Il faut souligner qu’à cette époque, le spiritisme commençait à prendre son essor et a créé une école de pensée qui existe toujours et est vivace dans les pays d’Amérique latine.

C’est la réalisatrice, Mélanie Laurent, qui incarne impeccablement l’infirmière en chef. Elle apporte à son personnage une grande humanité, une véritable délicatesse et une fermeté adéquate. C’est le duo superbe quelle forme avec Lou de Laâge qui se trouve au cœur du récit et permet d’être profondément touché et passionné par ce qui nous est compté.

Lomane De Dietrich est très bonne en jeune femme violée soumise à des crises. Cette dernière permet de parfaitement mettre en évidence le déni que l’on porte au traumatisme des patientes, préférant les accuser d’être elles-mêmes responsables de leur état. Benjamin Voisin est très juste en frère du personnage principal. Grégoire Bonnet campe un docteur Charcot intéressant, représentatif d’une certaine arrogance des médecins vis-à-vis de leurs patients. Et Emmanuelle Bercot est impeccable en infirmière dure.

Le film de Mélanie Laurent est d’une grande beauté est particulièrement bien maîtrisé. La mise en scène propose des plans larges magnifiques, des travellings travaillés et des séquences particulièrement spectaculaires. L’humain n’est jamais oublié, se trouvant toujours au cœur d’une œuvre qui brosse avec une grande tendresse de multiples portraits de femmes. Des individus particulièrement attachants représentatifs d’une société patriarcale n’acceptant pas la différence.

La reconstitution est vraiment très belle et les lieux trouvés, associés aux décors de Stanislas Reydellet, sont tout à fait crédibles et donnent franchement l’impression d’être projeté dans le passé et de découvrir le fonctionnement d’un hôpital où patients et soignants se croisent dans un ballet incessant.

Les costumes de Maira Ramedhan Levi sont très beaux et mettent en évidence les différentes catégories sociales des personnages que l’on découvre. Ils sont forts bien mise en valeur par la superbe photographie de Nicolas Karakatsanis qui apporte un grand charme visuel au long métrage. Sans compter que les passages nocturnes sont d’une belle qualité et que le travail sur les flammes des bougies et sur les ombres est de toute beauté.

Le montage d’Anny Danché est vraiment bon. L’enchaînement des séquences accompagne fort bien cette plongée au cœur d’un microcosme humain dans lequel les femmes veillent aussi les unes sur les autres et essayent de s’entraider au mieux de leurs moyens.

Le bal des folles est un film remarquable, beau et délicat et d’une grande puissance. Avec une histoire très bien documentée et impeccablement écrite, une réalisation fort belle, de superbes actrices impeccables dans leurs rôles et une reconstitution extrêmement soignée de l’époque, on passe un très beau moment de cinéma devant ce récit fort, poignant et instructif.

Intense et bouleversant.

D’après le livre Le Bal des folles, de Victoria Mas (Albin Michel, 2019).

L’histoire d’Eugénie, une jeune fille lumineuse et passionnée à la fin du 19è siècle. Eugénie a un don unique : elle entend et voit les morts. Quand sa famille découvre son secret, elle est emmenée par son père et son frère dans la clinique neurologique de La Salpêtrière sans possibilité d’échapper à son destin. Cette clinique, dirigée par l’éminent professeur Charcot, l’un des pionniers de la neurologie et de la psychiatrie, accueille des femmes diagnostiquées hystériques, folles, épileptiques et tout autre type de maladies physiques et mentales. Le chemin d’Eugénie va alors rencontrer celui de Geneviève, une infirmière de l’unité neurologique dont la vie passe sous ses yeux sans qu’elle ne la vive vraiment. Leur rencontre va changer leurs destins à jamais alors qu’elles se préparent à assister au fameux « Bal des folles » organisé tous les ans par le Professeur Charcot au sein de la clinique.

 Durée du film : 2 h 02
 Titre original : Le bal des folles
 Date de sortie : 17/09/2021
 Réalisateur : Mélanie Laurent
 Scénariste : Mélanie Laurent, Christophe Deslandes d’après l’œuvre de Victoria Mas
 Interprètes : Lou de Laâge, Mélanie Laurent, Lomane De Dietrich, Emmanuelle Bercot, Benjamin Voisin, César Domboy, Cédric Kahn, Coralie Russier, Grégoire Bonnet, Emmanuelle Bercot
 Photographie : Nicolas Karakatsanis
 Montage : Anny Danché
 Costumes : Maira Ramedhan Levi
 Décors : Stanislas Reydellet
 Producteur : Alain Goldman pour Amazon
 Distributeur : Prime Video

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