Tout simplement faux : Review du documentaire Canal + Cinéma

Date : 30 / 03 / 2021 à 10h00
Sources :

Unification


Il y a quelques jours, je me posais la question de trouver un mot pour décrire une oeuvre audiovisuelle ne contenant que des images d’archives/extraits de films et des interviews, rechignant à utiliser le mot ’documentaire’ qui me semblait peu approprié. Pour soutenir mon argumentation, je me permets de citer Vincent Pinel qui, dans son Dictionnaire technique du cinéma (chez Armand Colin) écrit que ’Le vrai documentaire n’est pas un simple procès-verbal de la réalité mais l’œuvre élaborée (et quelquefois mise en scène) d’un auteur’.

La plupart du temps, le documentariste qui traite d’un sujet de société va suivre un ou plusieurs personnages principaux dans leur vie de tous les jours, ou dans leur quête. Le sublime documentaire Adolescentes, primé plusieurs fois aux Césars 2021, est l’archétype du documentaire élaboré : il ne s’appuie sur aucune image d’archive, mais suit en live les tribulations de deux gamines dans une phase critique de leur vie. Une oeuvre ’quelquefois mise en scène’ écrit Pinel. Il faut parfois en effet recourir à des techniques du cinéma de fiction pour assurer la continuité de l’histoire, obtenir le contre-champ d’une scène ou filmer à nouveau un moment que la caméra n’aurait pas saisi, aux dépends, peut-être, de la spontanéité mais au profit de la narration.

Et donc il arrive régulièrement qu’un documentaire soit fabriqué comme une oeuvre de fiction, ce qui m’avait totalement désarçonnée au début d’Adolescentes, le temps que je réalise que c’était, en effet, un documentaire. Et lorsqu’une oeuvre de fiction est tournée comme un documentaire, on entre dans le genre ’mockumentaire’ ou documentaire parodique qui est le sujet de Tout simplement faux.

’Parodique’ ne veut pas forcément dire ’humoristique’, comme c’est le cas pour la diffusion radio de La guerre des mondes d’Orson Welles, précurseur du genre, et pour certains des films qui illustrent le propos de Tout simplement faux. Le but de ce type d’oeuvre, c’est de donner au spectateur l’émotion crue de la réalité et non celle souvent trop artificielle de la fiction, même si l’oeuvre en question ne contient pas une once de vérité, tel le film culte de Ruggiero Deodato, Cannibal Holocaust (1980), ou Blair Witch Project (1999) de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez.

Le réalisateur Stéphane Bergouhnioux est allé à la rencontre des cinéastes susmentionnés et de plusieurs autres contributeurs au genre : John Wax et Jean-Pascal Zadi (Tout simplement noir, 2020), Alex Lutz (Guy, 2018), Costa Botes (Forgotten Silver,1995), Nima Nourizadeh (Project X, 2012), Eloïse Lang et Noémie Saglio (Connasse, princesse des coeurs, 2015). Petite apparence de Yann Moix qui devait passer dans le coin...

Alors oui, Stéphane Bergouhnioux a bâti son travail sur une succession d’extraits de films et d’interviews, ce qui me faisait hésiter au début à lui attribuer le label ’vrai documentaire’ à la Vincent Pinel. Mais en plus des nombreux extraits de films et des interviews de réalisateurs qui nous gratifient d’explications et d’anecdotes souvent passionnantes, il a choisi de faire une mise en abime version ’mockumentaire’ extrêmement bien ficelée, qui provoque des ’Mais non !’ pendant le visionnage jusqu’au ’Aaaaaah !’ de la révélation finale. Alors je dirai que Tout simplement faux est tout simplement un vrai documentaire, juste un peu faux. Mais en tout cas, il est vraiment bien.


SYNOPSIS

Riche en images d’archives et recueillant de nombreux témoignages, Tout Simplement Faux remonte aux origines du canular, comme le célèbre ’prank’ radio d’Orson Welles, ou de fausses mises en scène, des caméras cachées et autres dispositifs comme le ’found footage’, qui jouent avec notre perception de la vérité. A la fois parodie, satire et miroir grossissant, le faux documentaire est le chaînon manquant entre le réel et la fiction. Une plongée de 52 minutes en forme de mise en abîme, qui explore le genre, son cadre et certains de ses acteurs les plus emblématiques.

FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 0 h 52
- Titre original : Tout simplement faux
- Date de sortie : 27/03/2021
- Auteur/Réalisateur : Stéphane Bergouhnioux
- Intervenants : Alex Lutz, Costa Botes, Ruggiero Deodato, Daniel Myrick, Jean-Pascal Zadi...
- Image & son : Stéphane Bergouhnioux, Jean-Marie Nizan
- Montage : Nicolas Le Du
- Musique : Loïc Ouaret
- Producteur : Jean-Marie Nizan
- Distributeur : Canal + Cinéma


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