Babylon : La critique

Date : 15 / 10 / 2020 à 10h00
Sources :

Unification


À l’heure de la globalisation culturelle à outrance, dans laquelle tout est trouvable et visionnable partout et tout le temps, avoir l’opportunité de découvrir un film pour la première fois en salle, 39 ans après sa sortie originale, relève d’une certaine délectation. Une sorte de bien précieux,

Un plaisir ne peut être qu’accentué, si l’œuvre en question est une véritable pépite oubliée des eighties, portrait d’une culture musicale underground britannique à l’influence toujours présente de nos jours.

Babylon de Franco Rosso, sorti originalement en 1981, est une peinture de la Grande-Bretagne des années 60, mettant en scène des immigrés jamaïcains, musiciens de sound system, mis à l’écart de la société, subissant le racisme quotidien. Un long-métrage sociétal, d’ambiance, à deux doigts du documentaire, trop longtemps exclu de nos salles obscures.

Jah, Rastafari !

L’atout esthétique principal du film réside dans cette rythmique, typiquement jamaïcaine. Parole profonde revendicatrice avec un fort effet de réverbération, fond sonore reggae, production originale, le tout dans des sous-sols remplis de danseurs frénétiques. Les sound system ont explosé il y a 60 ans en Angleterre, arrivés avec la grande vague d’immigration débutée en 1948. Ils ont servi d’exutoire à toute une génération de jeunes délaissés par la Couronne.

Blue, Brinsley Forde, est un jeune chanteur qui tente de survivre entre deux performances scéniques. Harcelés au travail, vivants dans la précarité, victimes de racismes quotidiens, Blue et ses amis ne vivent pas réellement la vie rêvée loin des Caraïbes, les Grands-Bretons ne sont pas des plus accueillants. La réalisation abrupte de Rosso se charge d’appuyer parfaitement cette impression.

Réalisme frappant

La force évidente apparaissant à l’écran réside dans l’utilisation d’une caméra proche des protagonistes. Très peu de plans larges, des cadres serrés en mouvements, une lumière grisâtre séant parfaitement au décorum londonien. Le film fonctionne comme un cliché instantané, une photo d’un instant T, exprimant une vérité : celle de jeunes insulaires déracinés, non-intégrés, désignés comme les responsables de la décrépitude économique du pays.

La pellicule sert à montrer un réalisme brut. Elle n’épargne pas le téléspectateur, en lui exposant des faits, tel qu’ils sont, sorte de témoignage filmique d’une réalité trop souvent amnistier.

Si Babylon a mis autant de temps à nous arriver, c’est essentiellement dû à son interdiction américaine en 1981, sous prétexte d’attiser la haine entre les communautés. Le film, en réalité, se veut beaucoup plus fin et laisse, malgré un engrenage horrible, une réflexion loin d’être figée sur des sujets bien trop livrés au manichéisme de nos jours.

Une pépite incontournable pour ceux ayant à cœur les longs-métrages sociaux, avec la volonté d’éveiller à une culture et aux inégalités.


FICHE TECHNIQUE

- Titre : Babylon
- Date de sortie:14/10/2020
- Réalisateur : Franco Rosso
- Scénariste : Franco Rosso & Martin Stellman
- Casting : Brinsley Forde, Karl Howman, Trevor Laird, Maggie Steed et Mel Smith.

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