Les révoltés de l’an 2000 : La critique
Les révoltés de l’an 2000 est un bon film espagnol sorti originalement en 1977 qui utilise une idée qui, jusqu’à aujourd’hui, n’a jamais été beaucoup exploitée.
Le scénario du réalisateur Narciso Ibáñez Serrador présente un couple d’Anglais se dirigeant vers une petite espagnole isolée. Mais ces derniers vont se rendre compte que les adultes ont disparu des lieux et que les enfants ont des comportements bien étranges.
C’est sur des images d’archives de guerres et d’atrocités, dans lesquelles les enfants ont payé un lourd tribut, que s’ouvre le film. Ces extraits sont d’autant plus horrifiques qu’ils sont bien réels et qu’ils évoquent certains conflits que l’on n’a plus forcément en mémoire aujourd’hui. Et qui pourtant ont fait des centaines, voire des millions de morts à l’époque.
Le récit inverse donc la tendance, faisant des adultes des victimes. Il fait monter de façon inexorable l’angoisse et fonctionne d’autant mieux, qu’au XXe siècle, la violence n’était pas la même qu’aujourd’hui ou actualités, médias, films et jeux vidéo ont tendance à désensibiliser le public. En effet, le long métrage tourné à L’heure actuelle serait sans doute beaucoup plus violent visuellement et ne plongerai pas autant les protagonistes principaux dans des affres existentiels.
Les images, notamment portées par la très belle photographie de José Luis Alcaine, reste néanmoins efficace et l’une des séquences est vraiment des plus marquantes, d’autant que malgré mon amour du genre, je n’ai pas souvenir d’un autre film l’ayant reprise, car sans doute intrinsèquement trop horrifique, bien que très réaliste.
La mise en scène de Narciso Ibáñez Serrador suit ses deux protagonistes au plus près. Il utilise très bien le décor formidable de ce petit village portuaire pour créer, souvent en plein jour, un malaise pernicieux qui ne quitte pas le spectateur jusqu’à la fin de l’histoire. D’autant que celui-ci est écrasé par le soleil qui en accable le couple que l’on découvre.
Les deux comédiens principaux sont très bons et vraiment crédibles. Lewis Fiander est impeccable en mari aimant voulant faire découvrir à son épouse le lieu paradisiaque qu’il connaissait d’un voyage précédent. Prunella Ransome est très touchante en femme enceinte qui aspire à un moment de vacances.
L’œuvre monte progressivement en puissance et permet d’offrir quelques scènes d’action spectaculaires qui restent longtemps en mémoire.
Les révoltés de l’an 2000 est un film atypique en ce sens qu’il n’hésite pas à aller au bout de son postulat de départ et à utiliser les enfants d’une façon différente de ce dont on a l’habitude. Avec une idée bien maîtrisée, deux très bons acteurs et une atmosphère anxiogène à souhait, le long métrage reste marquant et est clairement une œuvre de genre à côté de laquelle il ne faut pas passer.
Étonnant et sans concession.
SYNOPSIS
Un couple d’Anglais, Tom et Evelyn, débarque dans la station balnéaire de Benavis pendant les festivités d’été. Préférant fuir la foule, ils prévoient de partir le lendemain pour la petite île d’Almanzora. Dans ce lieu ignoré des touristes, les Anglais auront tout à loisir de se reposer pendant leurs deux semaines de vacances, en particulier Evelyn qui est enceinte. Mais à leur arrivée, ils découvrent un village totalement abandonné de ses habitants. Bientôt, des enfants au comportement étrange font leur apparition. Et s’ils avaient quelque chose à voir avec la disparition de la population adulte ?
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 52
Titre original : ¿Quién puede matar a un niño ?
Date de sortie : 12/08/2020
Réalisateur : Narciso Ibáñez Serrador
Scénariste : Narciso Ibáñez Serrador d’après l’œuvre de Juan José Plans
Interprètes : Lewis Fiander, Prunella Ransome, Luis Ciges, Miguel Narros, Fabián Conde
Photographie : José Luis Alcaine
Montage : Antonio Ramírez de Loaysa, Juan Serra
Musique : Waldo Rios
Costumes : Carmen de la Casa
Décors : Juan Alonso
Producteur : Penta Films
Distributeur : Carlotta Films
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