Sankara n’est pas mort [e-cinéma] : La critique

Date : 28 / 04 / 2020 à 09h30
Sources :

Unification


Sankara n’est pas mort est un excellent documentaire suivant la traversée du Burkina Faso, un pays d’Afrique de l’Ouest sans accès à la mer, par le poète Bikontine.

Après avoir eu un coup de cœur pour le pays des hommes intègres, et avoir rencontré Bikontine précédemment, la réalisatrice Lucie Viver décide de partir seule au Burkina Faso après l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a mis fin à la présidence de Blaise Compaoré, dirigeant du pays depuis 25 ans. Elle va suivre Bikontine qui décide de parcourir son pays en longeant l’unique voie ferrée du pays pour en traverser toutes ses régions.

Il va se rapprocher d’un certain nombre de personnes qu’il croise et évoquer de nombreux sujets avec eux. Tout en s’interrogeant régulièrement sur la poésie et ce qu’une personne telle que lui peut apporter à son pays, alors qu’il envisage de plus en plus d’aller à l’étranger pour gagner sa vie.

Les paysages du Burkina Faso sont absolument magnifiques. Ces derniers sont extrêmement variés et parfois surprenants. Le pays vit en grande partie de son agriculture et la diversité des sols croisés permet d’appréhender celle des cultures travaillées. D’ailleurs, de très nombreux passages montrent divers burkinabés en plein travail.

En passant de la verdure aux terres rouges, en s’approchant des zones désertiques ou en longeant de grandes plaines, les images sont saisissantes, captant souvent Bikontine s’avançant seul en pleine nature, ou longeant des rails s’étendant à l’infini. Certains passages sont non seulement magnifiques, mais ils font preuve d’une véritable poésie qui va droit au cœur, d’autant que les mots de certains poèmes de Bikontine s’inscrivent parfois en voix off sur ce que l’on voit.

Le road movie se mâtine régulièrement d’une quête initiatique. Les questionnements que se posent l’artiste que l’on suit trouvent un écho dans l’impact que Thomas Sankara, le président assassiné en 1987, qui a donné à la Haute-Volta son nom actuel du Burkina Faso après son indépendance, a toujours sur le pays.

En effet, ce dirigeant panafricain s’est battu pour instaurer une création et une consommation locale des produits, tout en luttant contre la déforestation, s’est battu pour l’accès au logement et à la santé pour tous, a travaillé sur la prolongation du chemin de fer dans son pays, a instauré la scolarisation des enfants et a œuvré pour l’émancipation des femmes. Entier et féministe, il a lutté contre la corruption et a voulu faire de son pays une grande nation africaine. Avant que le pouvoir en place, après son assassinat, ne passe des décennies à essayer d’éradiquer son nom et son image avec une politique de « rectification ».

Néanmoins, le personnage humain, et sa probité, est une figure forte en Afrique à laquelle se réfère de nombreuses personnes n’étant même pas nées lors de son décès. De nombreuses archives le montrant sont d’ailleurs insérées avec beaucoup d’intelligence dans le documentaire et plusieurs discussions autour du personnage historique ont lieu entre Bikontine et certains de ceux qui croisent.

Toutes les rencontres sont extrêmement intéressantes et riches. La réalisatrice a d’ailleurs veillé à ce que la parole soit aussi donnée aux femmes et a montré, entre autres, une salle de classe et un site s’occupant du planning familial. En compagnie de Bikontine, ils ont d’ailleurs pris le temps de faire le documentaire, dont le tournage s’est étendu sur trois mois, afin de vraiment rencontrer les personnes et de choisir les individus à qui elle allait donner la parole.

On passe ainsi du terrassier au cultivateur, de l’institutrice à la balayeuse, du médecin au mineur et de nombreuses rencontres permettent d’appréhender la vie d’un pays considéré comme l’un des 10 plus pauvres du monde, mais dont tous les habitants sont courageux et généreux. Un constat réel, ayant eu la chance d’aller travailler là-bas et d’avoir été marquée par la gentillesse et la débrouillardise d’un peuple qui porte bien son nom d’hommes intègres.

Sankara n’est pas mort est vraiment un très beau documentaire, un petit bijou permettant de découvrir un magnifique pays et ses habitants tout aussi charmants. Il interroge non seulement sur la société, mais aussi sur l’art et la poésie et offre de splendides rencontres humaines se nichant au cœur de paysages extrêmement diversifiés, à l’aune des portraits proposés.

Superbe et touchant.

Le film peut être visionné sur la plateforme VOD de : La Vingt-Cinquième Heure.

SYNOPSIS

Au Burkina Faso, après l’insurrection populaire d’octobre 2014, Bikontine, un jeune poète, décide de partir à la rencontre de ses concitoyens le long de l’unique voie ferrée du pays. Du Sud au Nord, de villes en villages, d’espoirs en désillusions, il met à l’épreuve son rôle de poète face aux réalités d’une société en pleine transformation et révèle en chemin l’héritage politique toujours vivace d’un ancien président : Thomas Sankara.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 49
- Titre original : Sankara n’est pas mort
- Date de sortie : 29/04/2020
- Réalisateur : Lucie Viver
- Scénariste : Lucie Viver
- Interprètes : Bikontine
- Photographie : Lucie Viver
- Montage : Nicolas Milteau
- Musique : Rodolphe Burger
- Producteur : Eugénie Michel-Villette pour Les films du Bilboquet
- Distributeur : Météore Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Sankara n'est pas mort



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