Les Sorcières à Hollywood : La review

Les sorcières d’Hollywood est un très bon documentaire revenant sur l’impact du personnage de la sorcière dans le milieu cinématographique américain.

Le documentaire de Sophie Peyrard, produit par les sœurs Kuperberg qui sont de merveilleuses documentaristes par le biais de leur société de production Wichita film, est vraiment très intéressant. Il s’appuie sur Peg Aloi (critique de cinéma), Heather Green (autrice), Pam Grossman (autrice) et Kristen Sollee (autrice) qui expliquent l’impact de certains films sur l’évolution du personnage de la sorcière. On peut regretter que le documentaire ne donne pas la parole à un homme qui aurait pu apporter sa propre grille de lecture sur ce personnage iconique. Néanmoins les extraits montrés et les propos échangés sont passionnants à entendre.

Tel que l’indique le nom du documentaire, c’est uniquement le cinéma qui est passé en revue et exclusivement celui américain. L’interprétation concernant Le magicien d’Oz porte donc sur le film qui s’avère être un petit peu différent du livre original et du propos d’un auteur avant-gardiste et féministe.

Évidemment, l’origine de la sorcière est évoquée, cette dernière, présente partout dans le monde, a vu sa notoriété exploser du temps de l’inquisition. D’ailleurs, Salem n’est pas évoqué, le triste sort des sorcières évoqué se concentrant historiquement sur l’Europe.

Présente de façon caricaturale en tant que femme généralement âgée et méchante, Walt Disney va troubler la personnalité de cette dernière avec son personnage duel de belle reine et de méchante sorcière dans Blanche Neige et les sept nains.

Car la sorcière, c’est historiquement une femme qui se veut indépendante, s’intéresse à de nombreuses choses et veut s’émanciper. Cet affranchissement passe aussi par le fait qu’elle veut jouir de sa sexualité et ne pas être relégué à une simple femme au foyer chargée de faire des enfants et de s’occuper de la maison et de son mari tout-puissant.

L’évolution du personnage de la sorcière tué par dizaines de milliers d’entre elles en Europe du temps de l’acquisition et sa transformation aujourd’hui pour devenir un personnage féminin fort et reconnu servant à certaines femmes pour passer leur message, souvent sociétal, est extrêmement bien décrit dans le livre de Mona Chollet, Sorcières - La Puissance Invaincue Des Femmes, que je vous conseille vivement si vous vous intéressez à ce sujet.

Le documentaire passe en revue la façon dans la sorcière a évolué en évoquant des films, et séries, célèbres. Ainsi de Ma femme est une sorcière à Les sorcières d’Eastwick, de Ma sorcière bien-aimée à Maléfique qui réhabilite le personnage de la sorcière de Blanche Neige et les sept nains, la sorcière a eu de nombreux visages et devient progressivement une femme qui s’est affirmée et n’a plus besoin de renoncer à ses pouvoirs pour trouver le bonheur.

Néanmoins, les films d’horreur n’hésitent plus, à partir de la fin du code Hays, un code très restrictif de censure du cinéma, à s’emparer du personnage pour en faire une créature cauchemardesque ou extrêmement perturbante telle qu’on peut le découvrir dans Rosemary’s Baby.

Personnage charnel ou être de pouvoir, au fil du temps la sorcière n’est plus simplement une femme blanche mais représente les minorités et permet à certaines jeunes femmes mal dans leur peau de s’épanouir à l’image de Dangereuse Alliance ou d’embrasser une sexualité différente comme Willow dans Buffy contre les vampires. Et bien sûr avec la série des Harry Potter, et la sagace Hermione, devenir intelligente, puissante tout en restant compatissante est enfin accepté sans restriction.

Les sorcières d’Hollywood est un très bon passage en revue des films américains et de l’évolution de l’image de la sorcière dans ces derniers. Avec de très nombreux extraits de films, des rencontres intéressantes et une belle mise en parallèle de l’évolution de la place de la femme dans la société et la reconnaissance du personnage de la sorcière, le documentaire est captivant et apprend de nombreuses choses.

Sympathique et amusant.

De Blanche-Neige à Maléfique, en passant par les Trois Mères de Dario Argento puis Minerva McGonagall dans Harry Potter, la représentation de la sorcière au cinéma oscille entre fascination et effroi. Dans un documentaire inédit, produit par Clara Kuperberg et Julia Kuperberg, Sophie Peyrard interroge ce que la sorcière dit de chaque époque et comment elle raconte, en filigrane, une histoire sociale du pouvoir féminin, souvent écrasé, parfois glorifié. Un document exclusif qu’OCS est fier de vous présenter, précédé d’un classique du genre : L’adorable voisine avec James Stewart et Kim Novak !

La sorcière symbolise la femme qui ne rentre pas dans la norme : trop vieille, trop désirante, trop savante, trop sexy. Ce n’est pas tant sa magie qui effraie, que sa féminité puissante et indépendante de toute influence masculine, entièrement vouée à son unique volonté de puissance. Alors qu’on assiste à la montée d’un nouveau féminisme plus pop, la sorcière est aujourd’hui considérée comme une figure incontournable de l’émancipation féminine.

À travers une filmographie variée, le documentaire montrera l’évolution de ce personnage populaire : de sa représentation dans les grands classiques évoquant le plus généralement une supposée vanité féminine ou une métaphore de la mauvaise mère (La Belle au bois dormant, Le Magicien d’Oz), à la crainte ou au fantasme de la sexualité féminine (Ma femme est une sorcière, L’adorable voisine, et dans un autre genre les teen movies sorcières).

Mais c’est à la fin des années 1960 que le personnage commencera à s’émanciper, pour sortir de son rôle de desperate housewife (Ma sorcière bien-aimée, série en partie écrite par l’auto-proclamée féministe Barbara Avedon) pour arriver dans les années 1980 à s’allier contre le diable (Les sorcières d’Eastwick). Parallèlement à la montée d’un nouveau féminisme, on assiste aujourd’hui à sa réhabilitation en tant que figure d’empowerment (Harry Potter, Maléfique, The Witch, The Love Witch…).

La sorcière poursuit sa mue ; Hollywood n’en a définitivement pas fini avec elle !

 Durée du film : 55 minutes
 Titre original : Les Sorcières à Hollywood
 Date de diffusion : 12/04/2020
 Réalisateur : Sophie Peyrard
 Interprètes : Peg Aloi (critique de cinéma), Heather Green (autrice), Pam Grossman (autrice), Kristen Sollee (autrice)
 Photographie : Adam Vardy
 Montage : Anne Cutaia
 Producteur : Clara Kuperberg et Julia Kuperberg pour Wichita Films
 Diffuseur : OCS Géants

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