Cats : Le film au fond du trou ?

Aucune star, qu’il ne s’agisse de Taylor Swift, James Corden, Idris Elba, Jason Derulo, etc., ni la direction de Tom Hooper, lauréat d’un Oscar, n’auront pu sauver Cats au box-office mondial.

Des sources indiquaient en fin de semaine dernière que l’adaptation de la comédie musicale d’Andrew Lloyd Webber, qui a rapporté près de 4 milliards de dollars, va perdre au moins 71 millions de dollars, et cela si le film atteint un résultat de 100 millions de dollars au box-office mondial, 40 millions de dollars aux États-Unis et 60 millions de dollars à l’étranger. Ce chiffre est basé sur un coût de production net de 90 millions de dollars, il a été tourné sur des plateaux de tournage à Londres, et sur une estimation de 115 millions de dollars de dépenses mondiales en promotion et publicité.

En voyant un peu plus loin, les revenus totaux de location de salles de cinéma, de télévision gratuite et payante, de vidéo et de diffusion en streaming, devraient s’élever à au moins 155 millions de dollars. Les coûts de la sortie vidéo, plus les frais généraux et administratifs, s’élèvent à environ 226 millions de dollars, selon les informations. Universal n’était pas disponible pour commenter ces chiffres.

Alors pourquoi le film s’est-il autant planté ? Disons qu’il y avait une raison pour laquelle cette comédie musicale inhabituelle, basée sur des chansons (et non sur l’intrigue) et basée sur le recueil de poèmes de T.S. Eliot de 1939, « Le guide chat du vieil Opossum », n’avait pas été adaptée sur grand écran plus tôt. Le concept d’humains habillés en félins et chantant peut sembler mûr pour les foules de salles de théâtre, mais il ne l’était pas encore pour les critiques de cinéma (18% sur Rotten Tomatos) et, malheureusement, les spectateurs non plus (54% sur Rotten Tomatos sachant que le dernier Star Wars est noté 86%). Au milieu des années 90, Amblin a réfléchi à une version animée, mais a ensuite abandonné lorsqu’il a fermé sa filiale d’animation.

Dans le sillage des comédies musicales, des adaptations de Broadway/Londres comme Les Misérables de Hooper (441,8 millions de dollars dans le monde entier) aux titres originaux comme The Greatest Showman (435 millions de dollars), et des titres basés sur des musiciens pop, comme Bohemian Rhapsody (903,6 millions de dollars) étant des formes de contre-programmation contre la suprématie des super-héros au box-office mais ce n’est pas parce que les gens chantent qu’une comédie musicale est destinée à réussir.

Universal a confié ce projet à Hooper, qui a réalisé la meilleure version possible de cette comédie musicale pour le grand écran, et le casting a été intelligemment fait pour attirer les adolescents avec Swift, les adultes sophistiqués avec Judi Dench et Ian McKellan. Mais c’est tout le concept de Cats en soi qui s’est retrouvé coincé dans une souricière.

L’étrange vallée de poils de chat sur les gens a fait peur à trop de monde. On parle aussi des défis que pose le prix de passage de Lloyd Webber au grand écran, ses films Evita et Le fantôme de l’Opéra n’ont pas fait de vagues avec leurs B.O., un budget important et des ventes de billets de cinéma mondiales qui resteront bien insuffisantes. Lloyd Webber a déclaré qu’il détestait la version grand écran de Jésus-Christ superstar de Norman Jewison en 1973. Cependant, il adorait la version télévisée de NBC.

Même si Cats a eu une campagne de marketing tardive à cause du film qui a été terminé au-delà du temps imparti, et à une mauvaise date de sortie face au dernier Star Wars (certains disent qu’il aurait dû être lancé à Noël à la place), même si vous changiez ces éléments, cela ne corrigerait pas le cours du destin de Cats. Le public a détesté le film, et c’est ce qui a empêché ce film d’être le grand succès de bouche-à-oreille qu’a été The Greatest Showman lorsqu’il est sorti pendant les vacances de Noël. Pour ajouter l’insulte à la blessure : vous avez des gens comme Corden, qui joue dans Cats, disant dans des interviews qu’il a "entendu que c’était horrible" et des influenceurs comme Evan Rachel Wood de La Reine des neiges 2 qui le dénigre.

Le point le plus effrayant à retenir de l’attentat contre Cats (et cette observation est continuellement le casse-tête de tous les départements marketing et relations publiques des grands studios pour tous leurs titres phares) est que, malgré toute la bonne volonté créative dans la construction d’un long métrage de premier plan sur une grande comédie musicale au cours d’une année, la condamnation à mort finale de Cats a été prononcée dans les derniers jours avant son lancement. Il y a des années, un studio pouvait lancer un film avec de mauvaises critiques et le laisser vivre. Mais le pouvoir collectif de Rotten Tomatoes (et des autres), c’est le pouce romain qui détermine le sort d’un film au box-office.

Même les comédies musicales les plus populaires de Broadway ne sont pas toujours des réussites sur grand écran, par exemple Rent de 2005 (près de 32 millions de dollars) et Nine de Rob Marshall, la suite de Chicago (près de 54 millions de dollars). Il est à espérer que les dirigeants d’Universal ou de l’industrie n’auront pas peur de refaire ces films. Parce que quand ça fonctionne, c’est énorme. À l’horizon pour Universal, il y a un film cinéma de la comédie musicale Wicked, qui a rapporté 2,5 milliards de dollars, prévu pour le 22 décembre 2021, avec Dear Evan Hansen, six fois lauréat d’un Tony, en début de développement. L’année prochaine, Fox/Amblin présenteront West Side Story de Steven Spielberg le 18 décembre et Warner Bros. présentera In the Heights le 26 juin.

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