American Factory - Un milliardaire chinois en Ohio : La review du film Netflix

Date : 16 / 08 / 2019 à 09h30
Sources :

Unification


American Factory : Un milliardaire chinois en Ohio est un excellent documentaire, produit par Barack et Michelle Obama, revenant sur une entreprise américaine en faillite qui s’est faite racheter par un milliardaire chinois.

Le film de Steven Bognar et Julia Reichert suit l’année 2017 et montre la modification et le nouveau fonctionnement d’une ancienne usine de General Motor transformée en fabrique produisant des pare-brises et des vitres pour les voitures.

Après une ouverture s’appuyant sur les archives montrant la dernière voiture fabriquée en ce lieu qui sera désaffecté pendant deux ans, l’arrivée d’un promoteur chinois a changé la donne d’une ville où le taux de chômage est élevé.

Ainsi, de nombreux Américains ont pu retrouver un emploi grâce à cet investissement étranger, alors que des centaines de Chinois ont été envoyés des usines-mères pour former les nouveaux travailleurs à leurs tâches.

Si le tableau paraît de prime abord idyllique, il s’assombrit progressivement. En effet, la façon de travailler des Chinois et des Américains est très différente et les premiers refusent catégoriquement que les seconds créent un syndicat au cœur de leur usine. Car il faut rappeler que suite à de nombreuses luttes, les syndicats américains sont puissants et servent d’interface entre les employés et les patrons.

Le documentaire donne la parole à de nombreux protagonistes ayant fait, ou faisant, toujours partie de l’usine Fuyao Glass. Et la caméra s’invite régulièrement dans des réunions et se promène dans les allées montrant les différents travaux que fournissent les employés. On y découvre donc des tâches précises et minutieuses, parfois dangereuses et souvent répétitives.

En donnant la parole à tous sans censure, on peut se rendre compte de la différence extrême entre les mentalités américaines et chinoises. Certaines réunions concernant les Chinois, des plus hauts gradés à l’ouvrier de base, sans édifiantes. Il y a d’ailleurs une certaine ironie mordante dans le fait que ces derniers se plaignent assez clairement du manque de capacités, de concentration et de performance des ouvriers américains.

Le passage concernant les quelques jours passés dans l’usine principale en Chine par quelques employés triés sur le volet est spectaculaire. On y découvre en effet que la fréquence et l’activité n’est clairement pas la même et lorsque un chinois interpelle son homologue et lui dit qu’ils ont de la chance de ne travailler que 8 heures, car eux c’est 12, et d’avoir 8 jours de repos par mois, car de leur côté c’est 1 ou 2, cela fait beaucoup réfléchir. D’autant que les heures supplémentaires sont obligatoires en Chine, ce qui chagrine aussi les employeurs qui ne peuvent pas faire de même sur le sol américain.

L’évolution du film permet de montrer la dégradation progressive des conditions de travail des employés et la façon dont ceux-ci essayent de monter un syndicat, ne serait-ce que pour revaloriser leur salaire et améliorer la sécurité. Une initiative mal vue par la direction qui utilise des moyens légaux pour essayer de les contrer. On peut alors se rendre compte de la façon dont les États-Unis ont réussi à mettre en place un arsenal anti-syndicalisme qui fait un peu froid dans le dos.

La partie finale du documentaire montre la robotisation croissante de l’entreprise qui ne peut avoir qu’un impact certain sur les emplois. Une tendance mondiale qui s’accélère et qui nécessite une vraie reformation d’employés attachés à des travaux manuels répétitifs. Une prise en compte de cette situation à venir qui est aussi une réelle politique sociétale à mettre en place.

Mais en dehors d’une passionnante intrusion dans la vie d’une entreprise, ce sont les très beaux portraits qui sont présentés qui retiennent l’attention. En effet, le documentaire donne la parole à de nombreuses personnes d’origine différentes, ce qui permet de s’immiscer au plus proche des travailleurs, d’appréhender leurs espoirs et leurs problèmes et de mettre parfois en évidence leurs divergences que certains arrivent à dépasser grâce à une amitié qui s’affranchit de la culture.

Parmi les très nombreuses rencontres proposées, l’une des interviews du milliardaire chinois est extrêmement intéressante, alors que ce dernier se dévoile sans fard et dit parfois des choses d’une grande justesse.

C’est d’ailleurs ce volet particulièrement touchant qui apporte une dimension supplémentaire à un documentaire déjà captivant de par lui-même.

Il permet aussi de donner une dimension sociologique au récit de cette usine en pleine mutation. Car si les Chinois sont très différents des Américains, ces derniers ne sont pas non plus des Français. On peut donc comparer les événements qui se déroulent au pays de l’oncle Sam avec ceux se déroulant sur notre sol. Et ces éléments permettent d’approcher une meilleure compréhension de ce que la mondialisation entraîne jusqu’en plein cœur des entreprises.

American Factory : Un milliardaire chinois en Ohio est un excellent documentaire qui permet de voir le choc entre deux civilisations, la renaissance d’une usine et le bilan mitigé des employés qui y travaillent. Passionnant et instructif, le long métrage se laisse suivre parfois presque comme un psychodrame et donne la parole aux ouvriers et aux cadres, permettant de brosser le portrait d’une entreprise moderne et de notre société de consommation.

Captivant et touchant.

SYNOPSIS

2014. Un milliardaire chinois ouvre une usine dans l’Ohio. Pour les habitants de la région, l’arrivée de cette multinationale signifie la reconquête de leurs emplois. Les réalisateurs filment le choc des cultures entre les ouvriers chinois expatriés qui forment et les américains qui pensent à former rapidement un syndicat.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 55
- Titre original : American Factory
- Date de sortie : 21/08/2019
- Réalisateur : Steven Bognar, Julia Reichert
- Producteur : Barack et Michelle Obama pour Higher Ground Productions, Participant Media
- Distributeur : Netflix France

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

American Factory



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