Game of Thrones : Review 8.04 Les derniers des Stark

Date : 07 / 05 / 2019 à 14h30
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Avec le premier acte de son ultime saison, Game of Thrones vient d’offrir le dénouement de la principale menace de la série : les White Walkers.

A l’entame du second acte, le parti-pris de sortir les " Autres " de l’intrigue dès la mi-saison interroge. Il paraît néanmoins justifié dès le visionnage de l’épisode 4 intitulé The Last of the Starks.

Le parti-pris interroge d’abord, parce qu’il est à rebours du discours de la saga selon lequel le jeu des trônes n’est que chamailleries et enjeux sans intérêts, car il détourne les humains de la menace de l’arrivée d’une ère d’extinction de masse. Autrement dit, le dénouement de ce premier acte peut atténuer la pertinence de ce discours très au fait des enjeux contemporains, défendu par l’auteur G.R.R. Martin lui-même.

Le choix scénaristique d’évacuer à mi-saison les " Autres " est néanmoins justifié. En effet, ce choix indique que le Night King faisait partie intégrante du jeu des trônes, bien qu’il ait un statut à part et des atouts supérieurs. Et qu’à l’échelle des 8 saisons il n’est pas le premier Roi désireux d’asseoir sa domination sur Westeros à sortir de la partie. Il ne sera pas le dernier non plus.

Déjà, sauf à laisser la victoire à l’incarnation de la Mort – ce qui aurait été un choix artistique et philosophique marquant – il fallait bien que cette armée funeste et son Night King soient défaits. Cela marque l’idée que la mort n’emporte pas sur la vie bien qu’elle en est une étape essentielle. Et que l’existence de la mort ne saurait empêcher la vie de continuer à prospérer.

Evidemment, à l’instar de Tywin Lannister, sortir de l’échiquier un personnage de l’envergure d’un Night King ne va pas sans risques d’enlever un intérêt majeur à la saison.

Ayant la lourde tâche de relancer la dynamique après un épisode monumental, The Last of the Starks s’appuie sur les survivants de cette famille décimée pour revenir sur les ingrédients qui ont fait la force et le charme de la série : les dilemmes moraux et la lutte du pouvoir.

Pour ce faire, l’épisode soumet à la dernière génération des Stark le même dilemme moral qui a frappé leurs parents : Concilier les obligations envers la famille, par extension le Nord, avec les exigences et les obligations de loyauté envers le suzerain.

L’intérêt de soumettre le même dilemme aux derniers Stark réside dans le fait qu’au sein de cette famille s’affronte désormais, au moins, deux visions morales. D’une part, il existe à travers Jon, une vision déontologiste identique à Eddard Stark, qui ne saurait tolérer le moindre écart aux serments prononcés, qui ne peut mentir même pour une cause juste. D’autre part, il existe à travers Sansa, une vision conséquentialiste, plus proche de Cersei ou Littlefinger, qui se libère volontiers des serments tant que la fin poursuivie justifie les entorses aux valeurs. La confrontation de ces deux éthiques va avoir un impact considérable sur la maison Stark et les évènements de fin saison.

Par ailleurs, la disparition de la Grande Menace permet à la série de revenir sur l’idée selon laquelle sans cause commune, sans convergence d’intérêt ou Grande menace, les humains ont, par nature, une propension à rompre avec violence le pacte ou contrat social nécessaire à toute vie en société. Et évidemment, dans ce contexte de déchainement de violence et de délitement des liens de confiance et de loyauté, la tentation de l’absolutisme vient poindre à l’esprit de tout dirigeant pour affirmer la paix sociale.

Sur le pouvoir absolu, l’épisode cultive un discours ambigu sur la masculinité comme gage de compétence aux fonctions de souverain en écornant l’image des deux reines Cersei et Daenerys. Si Cersei est un personnage qui est resté fidèle à elle-même dès le début de la saga, Daenerys est une reine éclairée qui est au bord de la tentation tyrannique face au sacro-saint principe de réalité.

Dans cet épisode, la mère des dragons est le chef d’orchestre émotionnel des séquences. En effet, l’ambiance et l’atmosphère des scènes se calquent sur les ressentis de Daenerys, qui navigue entre les sentiments de reconnaissance, de jalousie, d’Amour, de Haine, voire de désespoir.

En ce sens, l’épisode est charnière pour la fille d’Aerys le Fol qui face à tant d’épreuves devra prendre conscience qu’elle peut basculer vers la folie et surmonter cela pour affirmer sa légitimité de reine, briseuse de chaîne. Si elle ne peut être condamnée pour les pires errements de son père, elle se doit de tirer des leçons des erreurs commises par celui-ci au risque de finir en " Mad Queen ".

C’est en sens que Game of Thrones est une série qui contribue à sa manière à une problématique classique qui consiste à dire qu’un tyran ne naît pas tyran, il le devient par choix et non par nécessité. Et c’est dans cette problématique de la tentation de la tyrannie et l’ivresse du pouvoir que se pose la question de la nécessité d’une limite à la loyauté, la pertinence de la désobéissance, voire la résistance.

A bien des égards, The Last of The Starks est un épisode plus riche qu’il n’y paraît. Comme les précédents épisodes de cette ultime saison, il cristallise les thématiques qui ont été motrices des saisons précédentes : la question du libre-arbitre face à la volonté du divin, la place de la Mort dans le cycle de la vie, l’innocence perdue, le despotisme éclairée, l’ivresse du pouvoir.

Malgré des moments un brin prévisibles car très bien préparés au fil des saisons, l’entame du second acte démontre que la fin de partie du jeu des trônes est plus ouverte qu’il n’y paraît, et que tous les impétrants au trône de fer – même Cersei – ont encore tous leur chance d’y accéder.

EPISODE

- Episode : 8.04
- Titre  : Les derniers des Stark
- Date de première diffusion : 05/05/2019 (HBO) - 06/05/2019 (OCS)
- Réalisateur : David Nutter
- Scénariste : David Benioff et D. B. Weiss

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