Tel Aviv on Fire : La rencontre avec Sameh Zoabi

Date : 02 / 04 / 2019 à 10h00
Sources :

Unification


À l’issue de la projection du film Tel Aviv on Fire, le réalisateur Sameh Zoabi est venu répondre aux questions du public.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

J’ai grandi en Israël. Je me retrouve dans la même position que 20 % des Palestiniens qui ont grandi en Israël. Il se passe toujours quelque chose au Moyen-Orient. Quand on fait un film avec des producteurs, il y a différents points de vue qui s’expriment. J’avais envie d’avoir mon propre point de vue sur un film.

Est-ce que cela a été compliqué de faire la préparation de ce film ?

Le film à été compliqué à tourner. J’ai dû changer plusieurs fois le scénario jusqu’au début du tournage. Comme pour la venue de l’actrice française qui joue une palestinienne.

Quand est-ce qu’on pourra voir la saison deux ?

On y pense.

Votre film commence à être montré. Quelles sont les réactions que vous avez ?

Il a la réaction des Palestiniens et celle des Israéliens. Ils ont un grand respect pour les films. Il n’y a pas de problème. Nous avons projeté le film à Haïfa, et le public était à moitié Palestinien est à moitié Israélien. Ce qui m’a fait plaisir, c’est qu’ils ont ri et réagi aux mêmes moments et aux mêmes choses.

Est-ce que la perception de la situation de la Palestine est une affaire de génération ?

La situation d’aujourd’hui est pire que celle qu’il y avait en 1987. La génération de Salam, c’est celle qui a grandi sans rien voir au bout. Je veux rallumer un peu la flamme de l’espoir envers l’avenir.

Il s’agit d’une coproduction belgo- Luxembourgo-Franco-Israélienne. Quelles ont été les recommandations des producteurs ?

Ils sont dans la salle.

Tout le monde a une opinion dans l’industrie du cinéma. Chacun a des idées très fortes. Les gens lisent ce que vous écrivez.

Pour nous, réalisateurs, ce n’est pas un problème. C’est la façon dont on dit l’histoire qui est importante. Il faut avoir une bonne équipe dès le départ, beaucoup de discussions avant le tournage, et après, il n’y a pas de souci.

Est-ce qu’il est possible de faire un film palestinien non politique ?

J’espère pouvoir le faire si les Français me donnent de l’argent pour le réaliser. En Palestine, c’est très dur, car il n’y a pas d’industrie du cinéma. On a besoin d’avoir une industrie, avec une audience qui va voir les films que l’on fait. Il est important de parler des films et de faire des choses qui vous sont importantes.

Les producteurs étrangers ont une perception différente du conflit. Ils nous demandent de faire des films qui en parlent pour que le public en Europe suivre ce qui se passe.

C’est plus facile de faire des films à Israël, car ils ont une industrie du cinéma. Ils ont un système qui permet de faire des films qui ne parlent pas de politique et de conflit. Ils ont un public très large.

Quelle est la solution pour la fin de ce conflit ?

Les Israéliens veulent le mariage, car il y a les accords d’Oslo en 1993 qui n’ont pas donné grand-chose. Mais c’est un mariage avec deux états et un mur entre les deux. C’est cela la réalité sur le terrain. Eux, ils ne comprennent pas pourquoi les Palestiniens ne veulent pas de ce mariage. Ils n’imaginent pas que c’est quelqu’un d’autre qu’eux qui voudrait contrôler les frontières.

C’est un mariage forcé qui ne reflète pas la réalité. Les Palestiniens n’en veulent pas. C’est possible uniquement si les deux états se retrouvent sur le même plan. C’est pourquoi, dans le film, ils se rencontrent loin du check-point. Un mariage ne peut pas fonctionner si l’un des deux est un oppresseur. Les deux doivent avoir la même force.

Votre film est une vraie comédie populaire. Comment est-il présenté en Israël ?

Le film sort en France le 3 avril.

C’est une comédie populaire avec un sous-texte très politique.

Le film va être distribué au Japon. En Italie, il est présenté comme une comédie populaire et l’aspect politique est complètement éludé. Il y a un vrai intérêt à présenter des personnages auxquels le public peut s’identifier. Quand j’écris, ce sont les personnages qui m’intéressent. C’est important de parler de l’existence des gens ordinaires et de montrer leur vie au quotidien. On ne connaît pas forcément cela.

Est-ce que vous n’avez pas eu peur de la censure sur les dialogues ?

Non, car j’ai fait un soap-opéra et dedans les personnages disent toujours ce qu’ils pensent. Il n’y a pas de sub-texte. C’est le meilleur moyen de dire les choses politiques, car ce n’est pas le réalisateur qui le dit dans son film. Pour parler de la situation politique, c’est beaucoup plus pratique d’utiliser les soap-opéras.

Le public des cinémas pense que les soap-opéras sont stupides. Mais les personnes qui regardent des séries pensent que c’est la réalité qu’ils voient. C’est le cinéma qui n’est pas vrai en fait. Cela n’a pas été facile à écrire, ni de jongler entre les deux, le soap-opéra et le film. Je n’avais jamais fait cela avant.

Les deux chaînes, israélienne et palestinienne, sont différentes. Et pourtant la série passe sur ces deux chaînes en même temps. Pourquoi ?

La série est très populaire. Tout le monde peut regarder les différentes chaînes, Israéliennes et Palestiniennes. Il y a eu un gros investissement de l’Arabie Saoudite pour donner un accès aux chaînes.

Dans le film, c’est très exagéré. Il fallait effectivement que les Israéliens et les Palestiniens regardent la même série en même temps.

Mais dans la réalité, les Israéliens et les Palestiniens aiment beaucoup regarder ce que font les autres et suivre les histoires qu’ils regardent.

La série marche mieux que le cinéma. Est-ce que ce n’est pas le meilleur média pour atteindre le public ?

Au Proche-Orient, comme dans beaucoup de pays du monde, les séries télévisées sont très populaires. De mon côté, je n’ai vu mon premier film au cinéma qu’à l’âge de 11 ans.

Pourquoi vous n’avez pas choisi de faire plusieurs séries ?

Si vous avez les fonds ?

Dans votre film, on passe sans arrêt de l’arabe à l’hébreu. Lorsque l’on n’a pas l’habitude de ces langages, on ne voit pas la différence. Est-ce votre choix de ne pas montrer cela, ne serait-ce que par le biais des sous-titres ?

Non. Je ne voulais pas souligner cette différence. Les Palestiniens, apprennent à l’école comme première langue l’arabe, puis ensuite l’hébreu et enfin l’anglais.

Les Israéliens apprennent l’hébreu, puis l’anglais. Ils n’ont pas besoin d’apprendre l’arabe, car ils savent que les Palestiniens vont leur parler en hébreu.

Mais certains Israéliens parlent l’arabe, car quand on connaît la langue de quelqu’un, on le contrôle mieux.

Quel est l’origine de l’idée du film ?

Avec les réseaux sociaux, on sait tout ce qu’il se passe sur le terrain. S’il arrive quelque chose, on le voit tout de suite. En tant qu’auteur, c’était un vrai défi de ne pas raconter la réalité telle qu’elle est vécue.

Je voulais raconter l’histoire, sans parler d’occupation physique. Je voulais montrer l’impact qu’elle a, à la fois sur les Israéliens et sur les Palestiniens. Je voulais raconter cette occupation ressentie sur le plan intellectuel. J’ai grandi des deux côtés. Je vis à Israël et je parle les deux langues. Je connais les stéréotypes des uns et des autres. Cela m’a donné beaucoup plus de facilité pour parler des stéréotypes, car mon film parle des stéréotypes.

J’ai beaucoup hésité sur les décisions à avoir pendant le film. J’écris de manière très classique, en ayant déjà la fin de l’histoire à l’esprit. Tout est dans le script initial, les grandes lignes de la série télé et le film. Quand le tournage a commencé, on a fait exactement ce que j’avais écrit.

Ma plus grande difficulté a été de trouver le casting. Je n’ai pas dirigé mon film comme une comédie. Je voulais que les personnages vivent comme dans la réalité. Il n’a jamais été question de comédie pendant le tournage. Il fallait donc qu’il y ait une alchimie entre les acteurs qui soit importante. J’ai fait un long casting pour les trouver et nous avons effectué beaucoup de répétitions. Les rôles de Assi et de Salam sont très importants. J’ai essayé différents chemins et j’ai trouvé qui était cet Israélien et ce Palestinien. Ce qui m’a permis de les décrire.

Comment avez-vous trouvé ce titre ?

Je cherchais un titre qui allait énerver tout le monde.

Le film est vraiment une comédie très drôle qui n’oublie pas de parler de sujets graves et brûlants. On passe un très bon moment de divertissement en compagnie d’une galerie de personnages haute en couleur. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec Sameh Zoabi :


Bande annonce :



Les films sont Copyright © leurs ayants droits Tous droits réservés. Les films, leurs personnages et photos de production sont la propriété de leurs ayants droits.



 Charte des commentaires 


They Found Us : Le film de Neill Blomkamp arrête sa pré-production
They Found Us : Joel Kinnaman devant la caméra de Neill Blomkamp (...)
Les Trois Mousquetaires - D’Artagnan : Les affiches (...)
The Toxic Avenger : Une réimagination folle et exagérée, amusante (...)
Triplets : Et c’est parti pour la suite de Jumeaux (...)
Star Trek - Section 31 : Une première image et une info (...)
Les Chroniques de Spiderwick : Une nouvelle bande annonce de la (...)
Invincible : Critique 2.07 Je n’ai pas l’intention de (...)
The Walking Dead - The Ones Who Live : La critique des deux (...)
The Good Daughter : Jessica Biel héroïne d’une nouvelle (...)
24 heures à New-York [VOD] : La critique
Nine Perfect Strangers : Le retour de Nicole Kidman et (...)
Dr. Odyssey : Joshua Jackson prêt à jouer au docteur avec Ryan (...)
Batman & Robin : La critique de Dynamic Duo Tome (...)
Netflix - Bandes annonces : 28 mars 2024