Paris est à nous : La critique du film Netflix

Date : 01 / 03 / 2019 à 13h00
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Unification


Difficile de parler de Paris Est à Nous sans évoquer le contexte de création de ce film. Filmer dans Paris, sans autorisation, ce projet sort des carcans habituels de la création cinématographique. Pas de soutien du CNC, une campagne de financement participatif, pas de trame scénaristique ou de dialogues écrits, ce projet, porté par très peu de monde, a pour vocation de raconter réellement la "véritable" vie parisienne si on en croit les différents teasers et interviews. Récupéré par Netflix, le film arrive-t’il à captiver et à répondre aux défis qu’il s’est lancés ?

Trop, ou pas assez, ambitieux ?

Amateurs de cinéma conventionnel, passez votre chemin ! Vous ne trouverez pas d’écritures en cinq actes ou de champs-contrechamps cadrés à la perfection, mais une caméra tourbillonnante filmant deux comédiens au milieu de Paris, accompagnée d’un montage musical psychédélique, avec une volonté propre à livrer un matériau brut ! Mais dans cette volonté, pourquoi tout de même avoir voulu insérer tant de réel dans les dialogues, de réflexions terre-à-terre, là où le décor se suffisait à lui-même ? A l’inverse, pourquoi délaisser cette réalité pour une réalisation au trombinoscope, certes efficace, dans le dernier acte ? Pourquoi ne pas avoir assumé une démarche ambitieuse jusqu’au bout ?

Bêtise et cadre serré

Ce déséquilibre est palpable tant la première partie est un calvaire à regarder dans laquelle rien ne va. On a même envie de fermer Netflix au bout de 30 minutes, le duo n’a aucune alchimie, les réflexions post-adolescentes sont : soit d’une naïveté épuisante, soit d’un manque d’élévation intellectuelle sidérante. La jeunesse n’est pas synonyme de niaiserie. Même si ce n’est pas une volonté première, le spectateur pourra ressentir un profond malaise quelques fois sur les réflexions amoureuses.
Evidemment, tout cela découle des contraintes de réalisation, mais ça n’excuse en rien l’impression de vide laissée. Surtout que le cadre est, pour le moins que l’on puisse dire, serré sur Noémie Schmidt et renforce l’aspect l’anxiogène.

Poésie et montage brillant

Si vous passez cette entame, vous obtiendrez une juste récompense. Le film décolle enfin dès lors qu’il devient métaphysique. Une certaine poésie s’installe. La voix mélodieuse d’Anna, l’héroïne, rythme ses circonvolutions paris. Le décor prend tout son sens, Paris prend le dessus. Grâce à un montage remarquable, un effet crescendo s’installe rythmé par une musique omniprésente, puissante, sans être oppressante. Les effets de style - mention spéciale au stroboscope - basés essentiellement sur les lumières nocturnes et des formes abstraites, qui font sens en conclusion, sont une réussite. Sans parler des images de Paris dans le drame, la violence, le recueillement, qui sont très bien utilisées.

Une théorie personnelle

Je vais me permettre de passer à la première personne pour ce paragraphe qui sera court. Mais comme cette œuvre doit s’interpréter en tant que spectateur, je me permets cet abus inhabituel me concernant. Je pense que si l’on considère Anna comme étant la ville de Paris elle-même, le film prend son sens. Anna et Paris peuvent se comparer sur de nombreux points. Elles sont libres, amoureuses, se confrontent à la modernité, mais veulent rester romantiques, elles sont agaçantes se laissent vivre, restent accrochées à leur image de jeunesse, ne veulent pas vieillir, souffrent en même temps que les gens qui les entourent. Si c’est vraiment le cas, ce film est génial. Sinon, j’ai surinterprété, mais cette interprétation ne me semble pas incongrue.

La note sera neutre, car c’est un film à double tranchant. D’énormes imperfections, mais une belle tentative louable de faire les choses autrement. Un beau pari pour le cinéma français et Netflix. A renouveler avec un peu plus de moyens et d’ambition.


SYNOPSIS

Anna rencontre Greg à une soirée. Ils se rapprochent, se dévoilent l’un à l’autre. Un an plus tard, Greg part travailler à Barcelone. Anna décide de le rejoindre. Elle rate son vol. L’avion s’écrase. Prise dans le vertige d’une mort évitée de peu, elle s’éloigne de la réalité et du présent. Alors que son couple se désagrège, Paris devient le miroir de sa détresse.

FICHE TECHNIQUE

- Durée : 1H24
- Titre  : Paris est à Nous
- Date de sortie : 22/02/2019 (Netflix)
- Réalisateur : Élisabeth Vogler
- Scénario : Élisabeth Vogler ; Rémi Bassaler ; Paul Saisset ; Souliman Schelfout.
- Interprètes : Noémie Schmidt ; Grégoire Isvarine.
- Montage : Raphaël Costa , Souliman Schelfout et Aymeric Schoens.
- Musique  : Jean-Charles Bastion.
- Production  : Olivier Cappelli, Laurent Rochette et Aurélien Winterman.

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