L’ange : La critique

Date : 06 / 01 / 2019 à 10h00

Sources :

L’ange est un très bon film argentin racontant le parcours délétère d’un jeune homme très beau qui va se trouver pris dans une spirale de violence croissante.

Le réalisateur Luis Ortega s’est très fortement inspiré de l’histoire de Carlos Robledo Puch, plus connu sous le nom de « L’ange noir », le plus grand meurtrier d’Argentine et en livre un biopic sensuel et dérangeant, passant sous silence quelques-unes des exactions du jeune homme pour se concentrer sur sa personnalité. Un jeune homme très beau, élevé dans une famille aimante et n’ayant manqué de rien, mais n’ayant de la mort qu’une notion abstraite.

Le scénario de Luis Ortega, Rodolfo Palacios et Sergio Olguín se focalise ainsi sur un personnage principal très sympathique de prime abord qui commet des vols pour s’amuser. Sa rencontre avec une famille de voleurs professionnels va le faire entrer dans un grand banditisme armé qui ne lui pose aucun problème moral.

La réalisation est classique et bien faite, suivant au plus près le jeune homme. Elle s’appuie sur une belle reconstitution des années 70 et sur des casses presque faciles fait au nez d’une police corrompue plus impliquée dans la recherche des opposants au pouvoir militaire et autoritaire que dans celle des simples voleurs.

Il ne faut d’ailleurs pas s’attendre à des fusillades ou explosions, mais certains passages sont saisissants et parfois d’une certaine beauté. Et la trajectoire du jeune homme létal bien exploité, d’autant que sa voix off commentant ses actes agrémente subtilement certains moments.

L’atmosphère de l’Argentine est bien rendue, permettant de s’immiscer dans une société en pleine mutation sous le joug d’une dictature militaire. Les excès et méfaits du jeune homme paraissent parfois presque anodins, alors la violence larvée de la société est bien montrée.

Les costumes de Julio Suárez, le travail sur les décors de Julia Freid et celui sur les accessoires permet d’avoir l’impression d’être projeté dans le passé.

L’interprétation est très bonne. Lorenzo Ferro est remarquable en jeune homme presque nonchalant et décalé. Chino Darín est plaisant en ami criminel rêvant d’une vie de célébrité. Daniel Fanego fait un étonnant chef de gang et Mercedes Morán est vraiment juste en mère d’une famille de malfrats.

L’ange est un très bon film présentant l’Argentine du 20ème siècle à travers le prisme d’un jeune criminel au visage d’ange. Avec une histoire captivante, d’autant qu’elle est en grande partie véridique, un humour noir bien dosé et de superbes acteurs, on suit ces péripéties violentes et amorales avec un véritable intérêt.

Dérangeant et différent.

SYNOPSIS

Buenos Aires, 1971.
Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage d’ange à qui personne ne résiste. Ce qu’il veut il l’obtient.
Au lycée, sa route croise celle de Ramon. Ensemble ils forment un duo trouble au charme vénéneux. Ils s’engagent sur un chemin fait de vols, de mensonges où tuer devient bientôt une façon de s’exprimer...

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 58
Titre original : El Ángel
Date de sortie : 09/01/2019
Réalisateur : Luis Ortega
Scénariste : Luis Ortega, Rodolfo Palacios, Sergio Olguín
Interprètes : Lorenzo Ferro, Chino Darín, Daniel Fanego, Mercedes Morán, Malena Villa, Cecilia Roth, Luis Gnecco, Peter Lanzani
Photographie : Julian Apezteguia
Montage : Guille Gatti
Costumes : Julio Suárez
Décors : Julia Freid
Producteur : Agustín Almodóvar, Pedro Almodóvar, Leticia Cristi, Pablo Culell, Esther Garcia, Axel Kuschevatzky, Matias Mosteirin, Sebastián Ortega, Hugo Sigman pour El Deseo, Kramer & Sigman Films, Instituto de Crédito Oficial (ICO), Underground Contenidos
Distributeur : UGC Distribution