The Happy Prince : La critique

Date : 17 / 12 / 2018 à 11h00
Sources :

Unification


The Happy Prince est le très intéressant premier passage derrière la caméra de Rupert Everett qui incarne aussi le rôle principal et en signe le scénario.

Le film se concentre sur les dernières années de vie d’Oscar Wilde, à la fin du 19ème siècle, alors que celui-ci est en exil après des années d’emprisonnement pour cause d’homosexualité. On y découvre la France et l’Italie, ainsi qu’un auteur plein de verve, mais sur le déclin.

La mise en scène est porteuse d’une certaine théâtralité et d’un véritable classicisme, renforçant l’effet factice d’un homme vivant en décalage avec son époque puritaine.

Rupert Everett incarne le poète excentrique et scandaleux d’une façon remarquable et en livre un magnifique portrait d’artiste maudit, à l’instar de son fameux Le portrait de Dorian Gray publié en 1891.

Le reste du casting est tout aussi bien trouvé. Edwin Thomas et Colin Firth sont très bons en amis tenaces. Colin Morgan est troublant en copain séduisant. Et Béatrice Dalle fait une délicieuse apparition marquante.

La reconstitution du début du 20ème siècle est très bien faite. L’atmosphère parfois poussiéreuse et empesée doit beaucoup aux beaux décors de Brian Morris et aux costumes travaillés de Maurizio Millenotti et de Giovanni Casalnuovo.

À travers l’histoire du prince heureux, publiée en 1888, servant de fil rouge au récit, se dessine le destin tragique d’un homme rattrapé par ses démons et ne réussissant jamais à se remettre de ses sordides années d’emprisonnement. Le film est d’ailleurs dédié aux dizaines de milliers d’hommes emprisonnés pour avoir osé aimer une personne du même sexe. Ces derniers n’ont d’ailleurs été réhabilités qu’il y a quelques années seulement par le Royaume-Uni, tel Alan Turing en 2013.

Il faut souligner la magnifique bande originale de Gabriel Yared qui accompagne les tribulations de l’artiste et de ses amis et qu’on prend grand plaisir à écouter jusqu’à la fin du générique.

The Happy Prince est un très bon film sur l’un des grands poètes anglais dont la vie a été brisée par la morale de l’époque et la société peu ouverte sur les comportements non-conformes à ceux attendu. Avec un récit maîtrisé, une très belle prestation et une théâtralité accompagnant bien la fin d’une vie flamboyante et brève, il ne faut pas hésiter à aller s’instruire, tout en se divertissant.

Touchant et attristant.

IA

The Happy Prince est un film autobiographique sur Oscar Wilde, se déroulant lors des mois qui ont précédé sa mort. Ruiné par les deux ans qu’il a passé en prison à cause de son homosexualité trop affichée, l’écrivain s’est exilé à Paris où il est toujours adulé par ses proches et des marginaux.

The Happy Prince est loin d’être une hagiographie d’un des plus grands écrivains anglais de tous les temps. Au contraire, il dresse le portrait d’un homme ruiné, malade, loin du faîte de sa gloire et porté par des passions égoïstes. Il lui subsiste néanmoins un charisme puissant et une vivacité d’esprit illustrée par moult répliques pince-sans-rire.

Réalisateur, scénariste et interprète de Wilde, Rupert Everett s’est totalement investi dans la création de ce film. Il faut sans doute y voir un écho à son coming out qui, aux dires de l’acteur lui aurait fermé les portes du cinéma durant de nombreuses années. Entouré d’acteurs au diapason comme Colin Firth ou Emily Watson, il livre une prestation impeccable qui permet de donner vie à un personnage complexe et qui, de prime abord, paraîtra antipathique pour de nombreux spectateurs. C’est pourtant une vraie empathie pour l’écrivain qui finit par l’emporter, grâce à un récit porté par la nostalgie et une émotion d’une grande justesse.

De The Happy Prince, on retient également une impression exquise de voyager, à travers des lieux et des paysages d’une autre époque. Il y a aussi le récit du conte du Prince Heureux narré par Wilde et distillé tout au long du récit qui insuffle un mysticisme déstabilisant et auquel on veut donner du sens en le rapprochant des événements qui arrivent à l’écrivain.

Au final, faut-il voir dans The Happy Prince, une illustration poignante du chemin inéluctable vers la mort qui attend chacun d’entre nous ou plutôt la dénonciation de l’intolérance et de l’hypocrisie d’une société pas vraiment prête à accepter l’homosexualité d’une personnalité publique ? Le film est suffisamment riche pour que chacun se fasse sa propre idée. Et même si The Happy Prince souffre de quelques longueurs, cette impression rare d’avoir partagé l’intimité d’une icône de la littérature en fait une oeuvre indispensable pour tous ceux voulant (re)découvrir Oscar Wilde.

AN

SYNOPSIS

À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein de la société londonienne. Son homosexualité est toutefois trop affichée pour son époque et il est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en sort, il part s’exiler à Paris. Dans sa chambre d’hôtel miteuse, au soir de sa vie, les souvenirs l’envahissent…
Est-ce bien lui celui qui, un jour, a été l’homme le plus célèbre de Londres ? L’artiste conspué par une société qui autrefois l’adulait ? L’amant qui, confronté à la mort, repense à sa tentative avortée de renouer avec sa femme Constance, à son histoire d’amour tourmentée avec Lord Alfred Douglas et à Robbie Ross, ami dévoué et généreux, qui a tenté en vain de le protéger contre ses pires excès ?

De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n’est plus qu’un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques. Car son esprit est toujours aussi vif et acéré. Il conservera d’ailleurs son charme et son humour jusqu’à la fin  : « Soit c’est le papier peint qui disparaît, soit c’est moi… »

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 45
- Titre original : The Happy Prince
- Date de sortie : 19/12/2018
- Réalisateur : Rupert Everett
- Scénariste : Rupert Everett
- Interprètes : Rupert Everett, Colin Firth, Colin Morgan, Edwin Thomas, Emily Watson, Franca Abategiovanni, Tom Wilkinson, Antonio Spagnuolo
- Photographie : John Conroy
- Montage : Nicolas Gaster
- Musique : Gabriel Yared
- Costumes : Maurizio Millenotti, Giovanni Casalnuovo
- Décors : Brian Morris
- Producteur : Sébastien Delloye, Philipp Kreuzer, Jörg Schulze pour Maze Pictures, Entre Chien et Loup, Palomar, Cine Plus, Robert Fox Limited, BBC Films
- Distributeur : Océan Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

The Happy Prince



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