Westworld : Review 2.03 Virtù e Fortuna

Date : 09 / 05 / 2018 à 14h00
Sources :

Unification


Avec l’épisode 3, le couple Jonathan Nolan et Lisa Joy sortent Westworld des sentiers battus et ouvrent littéralement les frontières de son univers.

Véritable vent de nouveauté et magnifiées par une soundtrack des plus inspirées, les premières minutes de l’épisode sont les plus surprenantes et les plus excitantes de la saga. Elles introduisent, surtout, une nouvelle intrigue et de nouveaux personnages qui vont densifier l’histoire de Westworld (Ghost Nation). Heureusement, la lisibilité de l’histoire est facilitée par le fait que les nombreuses intrigues gravitent essentiellement autour de figures féminines : Dolores/Wyatt, Maeve et Hale.

Tout au long de l’épisode, Evan Rachel Wood dévoile les multiples facettes de son personnage où s’entremêlent la cruauté tyrannique de Wyatt et la sensibilité fragile de Dolores. De ce côté de l’histoire, toute révolution réclame son lot de sang, mais aussi de tyrannie manipulatrice à côté de laquelle existe toujours quelques brutus.

Du côté de Maeve, impeccablement campée par Thandie Newton, les avancées scénaristiques sont minces. Les passages consacrés au personnage introduisent de précieuses pistes sur la suite de son aventure. Encore balbutiante, celle-ci s’annonce très dépaysante entre indiens natifs (Ghost Nation) et Samurai (Shogun World). A noter qu’elle sera épaulée par des protagonistes dont le potentiel narratif n’est plus à démontrer.

Entre ses intrigues, subrepticement, le personnage de Charlotte Hale, incarnée par la Valkyrie Tessa Thompson, prend de l’ampleur. Elle apparaît tout aussi forte et déterminée que Maeve et Dolores. Fin stratège, elle va surement constituer un antagoniste de poids pour les deux personnages robotiques. Dans cet épisode, grâce ou a cause de ce personnage, la frontière entre Westworld et Terminator n’est plus très loin.

Enfin, dernier personnage et non des moindres, le Bernard du charismatique Jeffrey Wright, navigue entre des eaux troublées. Relativement effacé dans l’épisode, il apparaît néanmoins qu’il a connu une évolution notable durant les 15 jours qui séparent le massacre du conseil d’administration et l’arrivée des renforts humains. Ce changement est symbolisé par l’absence des lunettes iconiques caractérisant son personnage. Sans nul doute, la découverte clé qu’il fait au sein de cet épisode est
surement au cœur de sa mutation.

Face aux changements des règles du jeu, les personnages s’adaptent et évoluent pour survivre à cette " aventure dans les crépuscules " fordienne. En un sens, face aux aléas de la Fortuna, ils font preuve de Virtù.

Dans la mythologie gréco-latine, l’idée de Fortune oscille entre divinité aveugle et heureuse providence qui écrivent, gouvernent et tissent les fils des destinées de chacun. Néanmoins, des penseurs modernes, en particulier Machiavel, estimaient qu’il était nécessaire de ne pas s’abandonner aux seuls désirs et caprices d’une entité supérieure. Machiavel était convaincu qu’en dépit de ce qui était déjà, en quelque sorte, pré-écrit, toute volonté propre pourvue d’une Virtù, pouvait se créer un espace de liberté pour seconder et bousculer la Fortune. Machiavel voyait dans la
Virtù, l’une des grandes qualités des grands héros, " bâtisseurs de mondes " (Jean-François Duvernoy).

Dans la pensée de Machiavel existe aussi l’idée qu’il est nécessaire de s’adapter, grâce à la raison, aux aléas de la " Fortune ". Autrement dit, en cas de bouleversement des règles établies, ceux qui n’ont pas la virtù, la volonté propre de ne pas se laisser gouverner par le " sort ", peuvent s’exposer à de grands périls. Evidemment, dans Westworld, bousculer la fortune n’est pas chose aisée et ne se
fait pas sans perte ni fracas.

L’idée de Virtù e Fortuna va s’illustrer de multiples manières à travers tout l’épisode 3. Peter et Dolores Abernathy en constituent à leur façon, les plus parfaites représentations.

Enfin, la corrélation entre la Fortune et la Virtù, fruit de la raison, incarne une pensée machiavélienne selon laquelle le monde est profane et dépourvu de divinité capricieuse. En ce sens, Westworld est bel et bien un récit sur la libération de l’esprit et de la raison sur les superstitions et le fatalisme. Westworld porte un discours sur le crépuscule des dieux et le désenchantement du monde.

S’appuyant moins à la mythologie gréco-romaine qu’à la pensée de Nicolas Machiavel, le titre Virtù e Fortuna fait donc écho à deux autres grandes références apparues dans l’épisode final de la première saison : La Création d’Adam de Michel-Ange et le Bicameral Mind de Julian Jaynes.

En définitive, du Roi Lear de Shakespeare au Par-delà le bien et le mal de Nietzsche, Westworld est une série nourrie de références. D’importances inégales dans le show, ces références permettent d’appréhender la pensée ou le discours parfois subversif derrière la dimension purement entertainment du show.

Les intrigues de Westworld s’incarnent autour de figures féminines. L’exception qui confirme la règle est l’homme en noir, William qui fera surement un retour sanglant dimanche prochain, lors de l’épisode 4.

EPISODE

- Episodes : 2.03
- Titre  : Virtù e Fortuna
- Date de première diffusion : 06/05/2018 (HBO) – 07/05/2018 (OCS)
- Réalisateur : Richard J. Lewis
- Scénaristes : Roberto Patino & Ron Fitzgerald

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