Moi, Tonya : La critique

Date : 19 / 02 / 2018 à 12h15
Sources :

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Moi, Tonya est la passionnante histoire de Tonya Harding, la patineuse américaine impliquée dans une affaire ayant vu sa rivale de l’époque Nancy Kerrigan être agressée.

Ce fait divers, ayant fait les choux gras des journaux américains, opposait la fille du peuple, coupable de ne pas avoir dénoncée les investigateurs de l’attaque lorsqu’elle les a identifié, car ils faisaient partis de son entourage, à la petite princesse américaine du patinage, grand espoir pour les Jeux olympiques se profilant en 1994.

Si vous vous intéressiez au patinage artistique à l’époque, impossible de passer à côté de ce psycho-drame sportif et de son épilogue aux JO de Lillehammer.

Le biopic de Craig Gillespie revient donc sur cette histoire, mais conte surtout aux spectateurs l’existence d’une femme dévouée à son sport et qui a essayé de le pratiquer envers et contre tout et tous.

En effet, cette dernière est loin d’avoir eu une vie facile. Poussée dès son plus jeune âge par sa mère sur des patins, obligée de s’entraîner comme une forcenée et de quitter l’école sans diplôme, l’athlète a su jouer de ses capacités pour s’élever au plus haut.

Elle a d’ailleurs explosé en étant la première femme américaine à passer un triple axel en compétition (saut consistant à faire trois tours et demi en l’air). Une figure technique tellement difficile que seules 6 patineuses ont réussi cet exploit depuis la création des compétitions. Même la championne française de l’époque, Surya Bonaly (4ème des JO 1994), ayant des qualités athlétiques similaires et étant capable de faire des sauts spectaculaires, ne l’a jamais fait en carrière.

Le scénario de Steven Rogers, basé sur des entretiens des différents protagonistes, est passionnant à suivre. Il brosse le portrait de la jeune femme depuis ses débuts sur la glace jusqu’à la fin de sa carrière de patineuse, tout en évoquant sa reconversion... dans la boxe féminine.

Mais la grande idée du réalisateur Craig Gillespie est d’insérer les témoignages des vrais personnages, incarnés par les acteurs et fidèles aux témoignages d’origine. Ces inserts, donnant les avis des uns s’opposant parfois aux autres, va de temps en temps à l’encontre de ce que le film montre et qui correspond au récit de l’un d’entre eux, en général Tonya, laissant aux spectateurs le choix de croire la version de tel ou tel individu. Le montage de Tatiana S. Riegel est d’ailleurs impeccable et rend l’histoire encore plus addictive.

Le traitement de la mère de Tonya Harding en est un exemple parfait et il n’est pas étonnant que devant une telle prestation, la comédienne Allison Janney ait reçu le Golden Globe 2018 de la meilleure actrice dans un second rôle. Le protagoniste, bien peu sympathique, permet de vraiment apprécier sa fille et la volonté qu’elle met pour briller.

Mais le reste du casting est tout aussi bon, notamment Margot Robbie en rôle-titre qui est vraiment formidable et attachante. Il faut aussi citer Sebastian Stan, très bon en mari ambigu et Paul Walter Hauser amusant en ami maladroit.

Qui dit biopic sur une sportive, dit scènes d’entrainement et de compétition. Si Margot Robbie a réalisé un certain nombre d’elles, ce sont de vraies patineuses de haut niveau qui ont permis la reconstitution des séquences les plus spectaculaires. Et les effets spéciaux ont participé aux sauts les plus compliqués, dont le fameux triple axel, technique qu’actuellement seule deux patineuses dans le monde sont capables d’exécuter.

Mais plus que l’histoire d’une fille pauvre et avec peu d’éducation qui tente une dernière fois d’aller aux Jeux olympiques et risque d’en être empêchée par une étoile montante, Nancy Kerrigan, c’est aussi un certain regard sur la société américaine qui est porté. Et une critique acerbe du milieu du patinage artistique qui est esquissé.

En effet, le patinage artistique a toujours été l’objet de longues discussions sur les jugements rendus, ce qui a entraîné le changement des notations dans les années 2000. À l’époque, un jury constitué de membres de divers pays attribuait une note technique (sauts, petits pas, pirouettes...) et artistique (exécution, glisse, grâce...) à chaque patineur. Mais des accords et coalitions se faisaient et les notes attribuées ne reflétaient pas toujours la prestation effectuée.

Tonya Harding en a beaucoup été pénalisé avec ses costumes maison, ses choix musicaux s’éloignant du classique et ses prestations athlétiques. Ainsi, comparée à la jeune Nancy Kerrigan, belle, issue d’une famille non dysfonctionnelle et se coulant dans le moule que les États-Unis voulait montrer d’eux, l’image de Tonya Harding ne collait pas à ce que le pays espérait de ses représentants. Une hypocrisie qui a écorné la carrière de la patineuse et lui a fait obtenir des classements en dessous de ses capacités.

Les réactions lors de l’affaire Kerrigan en sont un bon exemple, une grande partie de la population américaine fustigeant le comportement de Tonya Harding qui dans les faits n’a à se reprocher que d’avoir parlé tardivement sur les véritables coupables, ce que le film montre parfaitement.

La reconstitution de l’époque et des séquences issues des vraies prestations de la patineuse sont vraiment bien faites. Il faut saluer le beau travail sur les costumes de Jennifer Johnson et les décors d’Adam Willis.

Moi, Tonya est un excellent film sur un personnage particulièrement passionnant à découvrir et qu’on se met bien vite à apprécier. C’est aussi l’histoire d’une volonté de fer qu’une affaire retentissante n’a pas su mettre à terre. Dans un monde plus juste, Tonya Harding aurait eu plus de reconnaissance sportive, mais l’histoire se souviendra d’elle comme la première femme américaine à avoir réussi un saut des plus durs.

Avec une réalisation captivante, des acteurs superbes et une histoire fascinante réservant beaucoup d’émotion et d’humour, l’œuvre est vraiment à découvrir.

Surprenant et marquant.

SYNOPSIS

En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 00
- Titre original : I, Tonya
- Date de sortie : 17/02/2018
- Réalisateur : Craig Gillespie
- Scénariste : Steven Rogers
- Interprètes : Margot Robbie, Allison Janney, Sebastian Stan, Paul Walter Hauser, Julianne Nicholson, Mckenna Grace, Caitlin Carver, Bojana Novakovic
- Photographie : Nicolas Karakatsanis
- Montage : Tatiana S. Riegel
- Musique : Peter Nashel
- Costumes : Jennifer Johnson
- Décors : Adam Willis
- Producteur : Bobby Cannavale, Bryan Unkeless, Margot Robbie, Tom Ackerley, Steven Rogers pour LuckyChap Entertainment, AI Film
- Distributeur : Mars Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Moi, Tonya



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