Kinotayo 2017 : Le bilan

Date : 26 / 11 / 2017 à 07h45
Sources :

Unification


La 12ème édition du Festival Kinotayo vient de s’achever dans la joie et la bonne humeur sur un palmarès montrant la qualité des films, puisque le soleil d’or, prix du public, a été attribué pour la première fois à 3 films !

La sélection de cette année, 9 longs métrages, était vraiment relevée et les films très réussis. Sur les 5 primés, vous pouvez découvrir un avis ci-dessous sur 4 d’entre eux.

Les films hors compétition étaient aussi très intéressants, avec un coup de cœur personnel sur le documentaire consacré aux idoles japonaises.

Un certain nombre de films vont tourner en province en décembre 2017 et janvier 2018, ainsi, si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à regarder les programmes de vos salles préférées. Le film Oh Lucy !, co-soleil d’or, sortira officiellement en salle le 31 décembre 2018.

Merci au festival de permettre aux spectateurs français depuis des années de découvrir les films japonais actuels, souvent très bons, voire excellents, qui malheureusement pour la plupart n’arriveront pas en France, même en DVD / Blu-Ray.

Un immense remerciement aux bénévoles qui permettent de faire vivre le festival et de lui donner une véritable chaleur humaine. Il faut donner une mention spéciale à la très bonne traductrice permettant aux non japonophones de comprendre les réalisateurs et acteurs invités et d’apprécier les réponses qu’ils apportent à leurs questions.

Vous pouvez retrouver en dessous des films la vidéo de ces rencontres quand la projection avait lieu en présence des réalisateurs.

De plus, vous pouvez trouver ci-dessous le palmarès du festival ainsi qu’un avis sur les 6 films que j’ai eu la chance de voir classés par ordre alphabétique.

- SITE OFFICIEL

CLOSE-KNIT

Tomo, 11 ans, vit avec sa mère mais elle est livrée à elle-même la plupart du temps. Quand sa mère la laisse une nouvelle fois pour partir avec un homme, Tomo trouve du réconfort auprès de son oncle et sa nouvelle partenaire Rinko, une femme transgenre. Rinko se révèle la mère que Tomo rêve d’avoir mais tout le monde est ne l’entend pas de cette façon.

Close-Knit est une très belle histoire sur la différence, l’amour et la famille. En effet, l’œuvre aborde un sujet sociétal délicat au Japon, le transgenre. En parlant du compagnon de sa fille, il n’est d’ailleurs pas surprenant que sa mère soit ravie en déclarant que comme le père de ce dernier est mort et la mère sénile, ils pourront se marier sans empêchements...

En effet, malgré sa gentillesse et sa douceur, l’apparence de l’héroïne reste masculine, ce qui lui vaut le regard réprobateur de tous, sauf de la gamine qui vient habiter chez eux et voit au travers des apparences.

Le long métrage de Naoko Ogigami, dont elle a aussi écrit le scénario, est souvent très drôle et les répliques et situations bien trouvées. Il faut aussi souligner la formidable interprétation des 3 personnages principaux, dont la gamine superbe, et Toma Ikuta en transsexuel est plus vrai que nature. Il a fallu de nombreux essais pour lui trouver des tenues adéquates, et ce dernier les porte très bien et donne vraiment l’impression de voir une femme généreuse et aimante.

Un film à voir sans hésiter qui met le sourire aux lèvres et rend heureux de vivre. Les spectateurs l’ont d’ailleurs apprécié, car il est reparti avec le Soleil d’or ex-aequo.

Rencontre avec la réalisatrice Naoko Ogigami :


GUKOROKU – TRACES OF SIN

Tanaka est journaliste d’investigation pour un hebdomadaire et convainc son rédacteur en chef de le laisser faire un reportage sur une affaire non-élucidée de triple meurtre. La vie personnelle de Tanaka est dans le même temps très chargée avec l’arrestation et l’internement de sa sœur pour abandon de son enfant.

Gukoroku – Traces of Sin est un très bon polar très noir de Kei Ishikawa adapté d’un roman japonais. On y suit l’enquête d’un jeune journaliste sur une famille assassinée un an plus tôt. Ce dernier décide d’aller entendre de nouveaux témoignages des personnes concernant les victimes. Il est de plus confronté à l’incarcération de sa sœur pour maltraitance d’enfant.

On découvre les deux protagonistes avec grand intérêt alors que les comportements passés des victimes montrent sans concession du doigt l’impact d’une société hiérarchisé sur le comportement des individus et comment ces derniers peuvent se retrouver broyés.

Au fil de cette histoire à la fois émouvante et glaçante, on s’attache à un journaliste peu sympathique, mais habité par un amour très fort pour sa sœur qu’il a toujours protégé.

Le film a eu le Prix IDEM atelier de la meilleure image.
Rencontre avec le réalisateur Kei Ishikawa :


MATSUMOTO TRIBE

Fighter Matsumoto est un acteur inconnu, mais c’est un fanfaron. Il fait tout pour participer au casting du nouveau projet du réalisateur Daishi Matsunaga, bien qu’il soit réservé aux actrices. Il est loin d’imaginer les conséquences de ses actes qui détermineront sa carrière d’acteur.

Matsumoto Tribe est un mockumenteur, un faux documentaire, mais dont on peut quand même se demander d’où sort ce fameux Fighter, très haut en couleur. À l’aide d’un manager geek, très motivé et complètement novice, il va essayer de participer au casting d’un personnage féminin, tout en ayant un talent de comédien... approximatif.

Le documentaire laisse la place à de nombres personnes véritables travaillant dans le milieu du cinéma et critique avec acerbité un milieu déshumanisant.

Ainsi, la séance de casting, point d’orgue du long métrage, est un modèle du genre et montre parfaitement que le cinéma est une industrie et que les personnes n’en sont que des rouages parfois tout à fait facultatifs.

Drôle et caustique, présentant des passages laissant sans voix et faisant rire jaune, cet exercice de style réussit par Ken Ninomiya est vraiment à voir.

OH LUCY !

Setsuko mène une vie solitaire et sans saveur à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu’à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre sa place à des cours d’anglais très singuliers.
Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko. Affublée d’une perruque blonde, elle s’appelle désormais Lucy et s’éprend de John son professeur ! Alors, quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa sœur, dans une quête qui les mène de Tokyo au Sud Californien.
La folle virée des deux sœurs, qui tourne aux règlements de compte, permettra-t- elle à Setsuko de trouver l’amour ?

Oh Lucy ! est un beau film d’Atsuko Hirayanagi qui sortira en salle le 31 janvier 2018. Il raconte les tribulations aux États-Unis et le retour au Japon d’une femme à la quête d’elle-même et se servant du départ de sa nièce pour évoluer.

L’œuvre décrit aussi avec cruauté et réalisme le fonctionnement de la société japonaise très hypocrite dans laquelle les apparences priment sur les sentiments. Les séquences du départ à la retraite d’une employée et du retour de l’héroïne sont des plus instructives.

Le film mélange humour noir et romance et réussit un équilibre délicat dont la très belle prestation de Shinobu Terajima permet de le faire fonctionner sans heurts.

Le film a eu le Soleil d’or ex-aequo.

RAISE YOUR ARMS AND TWIST ! DOCUMENTARY Of NMB48

Lancé en 2011 comme groupe-sœur de AKB48, le groupe NM48, basé à Osaka, est devenu un véritable phénomène à lui seul. Mais en coulisse, tout est loin d’être rose pour les starlettes qui doivent se battre pour se maintenir au niveau exigé par l’industrie musicale japonaise.

Raise Your Arms and Twist ! Documentary of NMB48 est un excellent documentaire d’Atsushi Funahashi sur le phénomène des idoles japonaises institutionnalisées.

Des jeunes filles entre 14 et 25 ans se retrouvent propulsées sur le devant de la scène pop japonaise. Ces dernières, incarnant parfois un personnage dans certains groupes comme la princesse, la jeune fille de bonne famille... chantent, dansent et doivent avoir un comportement irréprochable.

En effet, leur carrière et popularité dépendent de leurs fans et une affaire avec un homme peut ruiner leurs espoirs de célébrité et les faire renvoyer.

Le groupe d’idole AKB48 a essaimé dans tout le Japon et 3 autres sous-groupes ont vu le jour, dont celui sur lequel se focalise le documentaire, NMB48 localisé à Osaka.

Formé d’une soixantaine de jeunes filles, il est constitué de 3 sous-ensembles : N, M et B48. Ces dernières, après une édition éprouvante, doivent beaucoup travailler pour faire les shows hebdomadaires sur lesquels les trois groupes tournent. Leurs prestations leur permettront de figurer, si elles sont retenues, sur un single permettant aux chanteuses d’occuper le devant de la scène et de faire des tournées.

Mais les fans ne sont pas oubliés et ces derniers ont le dernier mot sur l’élection de la meilleure idole de l’année, moment important donnant lieu à un show somptueux ou les 300 heureuses élues interviennent en attendant le classement des 80 meilleures.

Ainsi, pour les séduire, c’est un travail contraignant auxquelles toutes ces jeunes femmes s’astreignent et elles se prêtent avec professionnalisme aux éprouvantes, et régulières, séances de serre-main avec leurs admirateurs pendant 9 heures...

Le documentaire montre parfaitement l’envers du décor d’un milieu créé artificiellement. Il présente aussi des portraits de femmes attachants et dont les portraits divers montrent qu’elles sont loin d’être uniquement jolies, mais qu’elles ont un véritable cerveau et des ambitions parfois surprenantes.

Passionnant et parfois monté comme un thriller, c’est clairement un magnifique documentaire à découvrir si on en a l’occasion.

TRACE OF BREATH

Teiichi Sato produit et vend des semences agricoles qu’il fabrique lui-même, à Rikuzentakata. Le 11 mars 2011, le tsunami emporte la maison et le magasin de Teiichi. Il écrira par la suite un livre, d’abord en anglais, puis en chinois pour raconter, dire sa peine, honorer les victimes, mais surtout planter des graines d’espoir dans le cœur de ses lecteurs.

Trace of Breath est un très bon documentaire d’Haruka Komori parlant d’une façon originale et différente du tsunami ayant dévasté la côte japonaise en 2011.

La réalisatrice à travaillé 3 ans dans un restaurant de soupes udon pour filmer son histoire focalisée sur un homme vraiment attachant, survivant de la catastrophe.

Ce dernier, grainetier, a perdu sa boutique dans l’évènement et l’a reconstruit de ses propres mains, en creusant notamment un puits avec une boîte de conserve. Il a décidé, pour exorciser ses souvenirs, de raconter le récit du tsunami, de ses dégâts et de la reconstruction qui s’est opérée. Écrit en japonais, et malgré ses nouvelles versions, jamais publiées dans sa langue, il a réécrit son livre en anglais. Un hommage à son ami américain englouti par la mer et une envie de partager ses écrits avec le monde afin que ce qui s’est passé ne s’efface jamais.

L’autodidacte ne s’est d’ailleurs pas arrêté là, écrivant une version chinoise, planchant sur une traduction espagnole et espérant par la suite en faire des versions française et polonaise.

Ce dernier est passionnant à écouter et à voir évoluer dans son magasin de graines et jeunes pousses. Ces propos permettent d’appréhender à la fois le fonctionnement de la société japonaise, mais aussi la manière dont le pays a géré le tsunami et continue de le faire.

Ainsi, Teiichi Sato a dû détruire sa boutique et la reconstruire ailleurs, car tous les terrains que l’on voit dans le film ont été recouverts de terre pour rehausser cette partie du pays.

Le film a eu le Prix du Jury.

Rencontre avec la réalisatrice Haruka Komori :



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