The Punisher : Review de la Saison 1

Date : 23 / 11 / 2017 à 13h30
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Unification


Disponible depuis le 17 novembre 2017, The Punisher est moins un spin off de Daredevil que le fer de lance de la seconde phase des aventures des héros/anti-héros Marvel sur Netflix.

D’emblée, la série n’échappe pas aux poncifs des thrillers conspirationnistes à la Jason Bourne. Elle recycle même parfois des ficelles scénaristiques un brin éculées et rend un hommage appuyé à des actionners de la culture pop : John Rambo, Casey Ryback, et plus récemment Jason Bourne ou John Wick.

Et pourtant,…

Sans ambage, le showrunner Steve Lightfoot et son acteur principal Jon Bernthal, livrent le show super-héroïque le plus abouti et le plus pertinent du catalogue Netflix. À la rigueur, seule la première saison de Daredevil peut prétendre à ce niveau d’excellence, d’ambition et de rigueur esthétique.

Autant dire que The Punisher ne peut laisser indifférent.

L’intrigue s’étale sur 13 épisodes, ce qui donne l’impression d’un rythme lent. Néanmoins, cette lenteur, qui est un défaut intrinsèque des productions Marvel/Netflix, devient ici une qualité. D’une part, elle permet à l’histoire de monter en puissance jusqu’à un final qui permet à la saison de se suffire à elle-même. D’autre part, ce rythme permet à la série d’instiller une touche de légèreté et d’optimisme dans une histoire sombre et violente. Surtout, cette lenteur est bienvenue, car The Punisher aborde des thématiques parfois clivantes comme le port d’arme ou le trouble de stress post-traumatique. Dans ce cas, il est opportun, voire salutaire, de prendre le temps de présenter méthodiquement les enjeux et les personnages. Enfin, cette lenteur instaure une ambiance mélancolique et intimiste qui rappelle First Blood et Logan.

La grande réussite de The Punisher est alors de cristalliser des thématiques sombres dans une intrigue digeste, intelligible, divertissant et surtout étonnement lumineux.
The Punisher est avant tout l’histoire captivante d’une vendetta. Dans cette vengeance particulière, aux origines italiennes comme l’alter égo en papier de Franck Castle, le cycle destructeur de la violence, la mort ou le deuil sont intimement liés à la quête de l’identité individuelle et les liens familiaux. Cette vendetta se déroule dans un New-York contemporain vérolé par une élite qui détourne les moyens publics pour la satisfaction d’intérêts privés et hors d’atteinte de toute justice publique. Et les protagonistes, incarnés par un casting convaincant, sont résignés à naviguer dans des eaux troubles où chaque décision, même légitime et juste, nécessite de « se salir les mains ».

Comme dans le comic book, la violence est partie intégrante de l’ADN du Punisher. Néanmoins, ici, elle n’est ni omniprésente, ni glorifiée, bien au contraire. Sans être l’unique vecteur de résolution des conflits, le recours à la violence n’est jamais sans conséquence. Et son utilisation est présentée comme la résultante d’un choix conscient. Car dans The Punisher, tout est affaire de choix. Et clairement, pour humaniser Franck Castle, la question du libre-arbitre est une clé de lecture fondamentale de l’intrigue.
Durant cette première saison captivante, la production Marvel/Netflix effectue un reboot, notamment chronologique des origines du Punisher. Néanmoins, ce reboot réactualise et enrichi le personnage, en apportant un éclairage quasi-inédit sur ses fragilités. De plus, la série a l’intelligence de ne pas être donneuse de leçons et évite soigneusement de prendre parti. Elle expose les valeurs et les motivations qui justifient l’acte de chaque protagoniste. Sur des thématiques sensibles, elle prend même le temps d’instaurer des débats contradictoires. En ce sens, elle laisse le soin au public de se forger une opinion sur les évènements et les personnages. En filigrane, la série insiste quand même sur l’idée que sans garde-fous, sans codes de conduite, rien ne distingue l’anti-héros Franck Castle des ennemis qu’il traque. Et c’est là que réside toute l’ambiguïté, voire la dangerosité, mais aussi l’intelligence de l’intrigue de The Punisher.

Difficile, à ce stade, de ne pas saluer la performance charismatique de Jon Bernthal, inoubliable Shane de The Walking Dead. Au fil de la saison, l’acteur offre à Franck Castle l’épaisseur et surtout la fragilité humaine qui manquait à ce personnage de comics inspiré de l’Exécuteur Mark Bolan et du justicier Paul Kersey (Death Wish). Bien que ses origines soient modifiées, Franck Castle incarne toujours ici une forme de justice privée. Cette justice est présentée comme nécessaire dans un monde où la justice publique est inefficace pour éradiquer des activités criminelles, lesquelles échappent aux cadres réglementaires et aux frontières géographiques.

Par ailleurs, le Franck Castle version Bernthal fait écho aux personnages endeuillés de la culture littéraire et cinématographique, comme le capitaine Achab (Moby Dick) ou le général Maximus (Gladiator), qui définissent leur seule raison d’être par l’acte vengeur.
Popularisé dans les comics des années 80, Franck Castle reste ici une relecture contemporaine du soldat John Rambo de First Blood. En tant que vétéran de guerre, Castle est une arme humaine solitaire, tourmentée par les traumatismes, qui ne trouve plus vraiment sa place dans un monde pacifié. En ce sens, The Punisher est aussi l’histoire d’un combat intérieur mené par un homme en quête de paix et de sérénité.
Par ses talents d’acteur et sa prestance physique, Jon Bernthal exprime la folie, la violence, la gueule cassée et les blessures du Punisher. Néanmoins, la performance de l’acteur ne serait pas aussi inspirée et charismatique sans l’appui d’un casting puissant avec qui il interagit. Et force est de constater que la série tire sa grande force de la place absolument centrale qu’occupe le casting féminin dans l’intrigue.

Lumineuses, les femmes constituent littéralement l’âme du show. Une mention spéciale doit être faite pour Deborah Ann Woll et Amber Rose Revah. La première incarne une Karen Page, lumineuse et forte. Bien qu’un peu effacé, elle est de nouveau montrée sous son meilleur jour. Quant à Amber Rose Revah, elle joue avec conviction une Dina Madani à l’intrigue convenue, mais suffisamment consistante pour captiver l’attention.

À l’instar de Jon Bernthal, le casting masculin comporte de belles surprises. Outre Benjamin Barnes, vu récemment dans Westworld, les acteurs Daniel Webber, Jason Moore et Ebon Moss-Bachrach, profitent de la densité de l’intrigue et le format en 13 épisodes pour apporter la force et la fragilité nécessaires à leurs personnages.

Finalement,

Après The Defenders, fraîchement accueillie par la critique et le public, la production Marvel/Netflix, réussit avec The Punisher à faire face à un double défi : celui, d’abord, de susciter de nouveau l’engouement dans un contexte de surabondance d’offre de divertissement super-héroïque. Celui, ensuite, de construire un récit qui saura instaurer un équilibre subtil entre atmosphère clair-obscur, violence viscérale et intrigue crépusculaire, mais divertissante.

À noter surtout, un troisième défi qui est particulièrement sensible. Il est mis en lumière tragiquement par la fusillade de Las Vegas, qui a entraîné logiquement l’annulation du panel de The Punisher. Aujourd’hui, divertir au moyen d’une série violente, qui aborde des thèmes très clivants, est une gageure et relève du travail d’équilibriste. Sur ce défi particulier, la production et le showrunner adoptent une position ambivalente. D’un côté, il ressort de la série une volonté de ne jamais faire perdre de vue au public, surtout dans le contexte actuel, la frontière entre l’œuvre fictionnelle et la réalité. Cette volonté se manifeste notamment par une surenchère visuelle et esthétique, ou une violence sauvage chorégraphiée au millimètre. D’un autre côté, nombres d’éléments de la série, comme l’absence de références aux Avengers ou l’évocation d’évènements historiques réels, dévoilent le souci constant de raccrocher l’intrigue à la réalité, afin d’impliquer émotionnellement le public. Et cette ambivalence confère aux propos tenus dans la série un caractère pertinent et dérangeant à la fois.

En définitive, avec sa réalisation sobre et son propos subversif, The Punisher est une origin story qui sort du lot. La série brille par sa capacité à mettre en scène des personnages forts, ambiguës et qui agissent avec conviction. Ce qui suscite chez le spectateur des émotions complexes, où se mêlent la fascination, la pitié et le rejet des personnages. La série tire aussi sa grande force dans sa capacité à évoquer avec une sobriété et une justesse étonnante, des problèmes sociétaux contemporains.

Et pour terminer sur l’univers des comics books, l’écurie Marvel/Netflix rappelle ici de fort belle manière que dès le commencement, en 1938, il existe deux grandes figures : le super-héros solaire et l’obscur justicier.

EPISODES

-  Nombre Episodes : 13
- Titres : 3 heures du matin – Deux hommes morts – Kandahar – Ravitaillement – Gunner – Le traître – En ligne de mire – Le froid de l’acier – Face à l’ennemi – LA vertu des brutes – Danger rapproché – Chez nous – Memento Dori
- Date de première diffusion : 17/11/2017 (Netflix)
- Réalisateurs : Tom Shankland – Andy Goddard – Kari Skoland – Dearbhla Walsh – Jeremy Webb – Antonio Campos – Mark Jobst – Jim O’Hanlon – Kevin Hooks – Jet Wilkinson – Stephen Surjik
- Scénaristes : Steve Lightfoot – Dario Scardapane – Michael Jones-Morales – Christine Boylan – Bruce Marshall Romans – Felicia D. Henderson – Angela Lamanna – Ken Kristensen

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