[EXCLU UNIF] Exposition Zombillénium : La rencontre avec Arthur de Pins et Alexis Ducord

Date : 18 / 10 / 2017 à 10h00
Sources :

Unification


À l’occasion de l’exposition Zombillénium, Unification a rencontré Arthur de Pins, le réalisateur du très bon film d’animation Zombillénium et également auteur de la BD éponyme et Alexis Ducord co-réalisateur de l’animé, qui ont répondu à nos questions.

L’exposition Zombillénium est visible à la Galerie Arludik (12 Rue Saint-Louis en l’Île, 75004 Paris) jusqu’au 11 novembre 2017. Vous pouvez en découvrir la visite ICI.

Zombillénium est un dessin animé vraiment agréable à regarder, tout comme la bande dessinée à lire. Vous pouvez en retrouver la critique complète ICI.

Merci à la galerie Arludik d’avoir invité Unification. Un immense remerciement aux réalisateurs Arthur de Pins et Alexis Ducord d’avoir répondu avec passion aux questions posées et d’avoir transmis autant d’éléments intéressants.

Vous avez fait de la BD, de l’illustration, de l’animation. Quelle est votre formation artistique ?

Arthur de Pins : J’ai fait Art Déco (EnsAD, École nationale supérieure des Arts Décoratifs) et j’ai choisi comme spécialité l’animation. On a des cours sur toutes les matières et puis on choisit ce que l’on veut approfondir. J’ai hésité entre l’illustration et l’animation, mais il y a plus d’opportunité dans ce deuxième domaine. En fin d’année, j’ai réalisé un court métrage. C’est à Annecy que j’ai rencontré Alexis Ducord.

Vous avez été le concepteur de story-board sur le très bon Avril et le monde truqué. Comment passe-t-on à la réalisation ?

Alexis Ducord : J’ai fait les Beaux-Arts à Marseille (École supérieure d’art & de design Marseille-Méditerranée). C’était sympa, il faisait beau, mais je n’ai pas beaucoup appris. J’ai eu la chance de passer le concours et de réussir à entrer à l’École de l’image Gobelins. J’ai fait de l’animation et suis story bordeur sur des films. C’est une super expérience. J’y ai rencontré David Berthier qui travaille aussi sur Zombillénium.

Vous touchez à différents genres et techniques. Qu’est-ce que vous préférez faire ?

Arthur de Pins : Je voulais faire des histoires, de la BD, de l’illustration, de l’animation. J’ai pu toucher à chacun de ces domaines. La bande dessinée offre plus liberté, au niveau du ton et de la production. Dans le cadre d’un film, il y a une dizaine de personnes à convaincre et il faut beaucoup de temps pour le financer. La BD est plus spontanée et permet de travailler seul dessus.

Mais revenir dans l’animation avec un long métrage, c’est aussi génial. Dans un film, il n’y a pas le même rapport entre le lecteur et le spectateur. La BD permet des ellipses, car l’histoire se déroule aussi dans la tête du lecteur.

Dans l’animation, on contrôle la rythmique. Je préfère l’animation, car les personnages bougent. Néanmoins, la BD offre une liberté de ton qu’il n’est pas possible d’avoir dans les films, car la BD peut être très noire. C’est incongru dans l’animation, mais la BD permet plus de nuance.

Alexis Ducord : Je fais de l’illustration, pas n’ai pas d’univers graphique. Je suis story bordeur. Mes travaux sont très influencés par les productions sur lesquelles je travaille.

Je ne suis pas fan de 3D et préfère la 2D. J’ai fait des courts métrages en 2D. Mais après avoir fait Zombillénium, je me suis rendu compte que ce n’est pas le média le plus important, c’est construire une histoire autour d’un univers qui est intéressant.

Vous avez créé Zombillénium en 2009. C’était une période très propice aux créatures surnaturelles. D’où est venue cette idée de parc d’attractions géré par des monstres ?

Arthur de Pins : J’étais très attaché à l’univers des montres quand j’étais adolescent et j’ai laissé tomber cette passion aux Arts Déco. Les professeurs n’aimaient pas trop le fantastique. Ils nous faisaient travailler des thématiques plus sociales.

J’ai retrouvé cet intérêt quand j’ai fait une couverture spéciale Halloween pour le magazine Spirou. En voyant la couverture, le rédacteur en chef, Frédéric Niffle, m’a proposé de faire une série. J’aimais bien de challenge. J’avais fait une galerie de monstres, mais je me suis demandé ce qu’ils faisaient ? Je trouvais amusant qu’ils travaillent comme tout le monde, qu’ils payent des impôts. Je me suis alors demandé dans quelle entreprise ce serait possible. S’ils voulaient travailler à visage découvert, il fallait une boîte avec pour thème le monstre et j’ai pensé à un parc d’attractions. Au début, j’avais orienté mon histoire dans la même direction que la série télévisée The Office avec des monstres, puis le côté aventure a pris le dessus.

C’est un univers très construit. J’ai pensé dès la fin du tome 1 à le décliner en série et film d’animation. Dans la bande dessinée, il n’y a pas beaucoup de monde, donc il a fallu travailler sur les personnages pour l’animé.

Est-ce que le tome 4 de Zombillénium va sortir prochainement ? Si oui, connaissez-vous la date ?

Arthur de Pins : Le tome 4 sort fin 2018. Je vais bientôt le commencer. Il me faut entre 10 et 11 mois pour faire un album, car je suis seul sur le projet.

Le film d’animation Zombillénium a une histoire originale par rapport à votre bande dessinée, se basant sur deux nouveaux personnages. Pourquoi ce scénario ?

Arthur de Pins : C’est un choix délibéré, car il n’y avait pas d’intérêt à raconter la même histoire que la bande dessinée. 44 planches, cela donne un film de 20 minutes.

Il fallait garder l’univers et partir sur quelque chose de nouveau permettant aux personnes sans connaissance de la BD de le comprendre.

J’ai essayé d’adapter le tome 1 et le personnage d’Aurélien ne marchait pas dans le film, car il est trop effacé et pas assez actif. Il n’a pas envie de quitter le parc, car n’a pas de vraies motivations.

Dans le film, on doit savoir ce que veut le héros. Ce qui est intéressant, c’est que le personnage principal n’est pas sympa au début de l’histoire. Cette dernière forme une boucle, parce qu’on voit l’évolution du personnage dans l’arc narratif. Hector et Gretchen se bonifient au fur et mesure que l’intrigue avance.

Alexis Ducord : L’adaptation de l’univers s’y prête bien, car il est très riche avec des personnages intéressants, plein de thèmes passionnants plus ou moins développés dans le film : front social, famille, transformation, adolescence…

Dans votre long métrage, il y a beaucoup de références, notamment à Twilight. Qu’elles sont celles qui vous amusent le plus ?

Arthur de Pins : J’ai utilisé Twilight en transformant le vampire du livre en méchant vampire dans mon histoire. Zombillénium est aussi une charge contre ces nouveaux monstres que l’on voir actuellement dans la littérature ou dans des séries comme True Blood et qui ne sont plus des monstres.

Les zombis, vampires, loup-garou sont monstrueux physiquement, mais sympas quand même. Je voulais aussi montrer un côté de l’ultralibéralisme qui a tendance à tout lisser et n’est pas une solution.

Alexis Ducord : Nous avons fait une vraie référence aux films de zombie. Nous avons utilisé le plan ultra utilisé avec une main qui sort de terre. Mais nous l’avons détournée pour l’utiliser au cours d’une manifestation. C’est un poing qui se dresse pour revendiquer. C’est un clin d’œil.

Vous co-dirigez le film avec Alexis Ducord. Comment s’est passé la distribution des tâches ?

Arthur de Pins : Nous avons des spécialités qui se complétent. Alexis est plus studio animé et moi, je m’occupe des studios de composition et de modeling. Nous avons tout validé à deux, lors de réunions physiques ou par Skype, jusqu’aux dernières semaines avant la finalisation de l’animé où nous n’avions plus le temps de faire cela ensemble.

Alexis Ducord : Je suis arrivé sur le projet, car Arthur m’a demandé de lire le scénario. Puis, j’ai donné mon avis dessus, fait un bout du story board, et me suis finalement retrouvé à la co-réalisation. J’ai toujours été là pour aider Arthur et lui apporter du recul sur le film. On se connaissait depuis longtemps et on connaissait notre travail.
On se posait les questions ensemble. Si on n’était pas d’accord, cela voulait dire qu’il y avait un souci, que la scène ne marchait pas. Nous avions une discussion, et nous nous mettions d’accord.
Par exemple, cela faisait 2 ans qu’on travaillait sur le film, j’ai été contacté par un studio, j’ai donné mes réponses. Puis Arthur m’a appelé et m’a dit qu’il avait envoyé des réponses à ce studio et on avait dit la même chose.

Nous avons pris toutes les décisions ensemble. Puis nous dispatchions le travail en fonction des compétences requises. Arthur s’occupait du design, de la direction artistique des personnages, et de la 2D pour étendre l’univers visuel.

Le film est produit par une société réunionnaise, Pipangaï. Pourquoi ce choix ?

Arthur de Pins : Il y a 4 studios associés. C’est nécessaire quand on fait une production en France et en Europe, car l’animation coûte du temps et de l’argent. Il faut donc qu’il y ait plusieurs studios qui s’associent. On ne connaissait pas Pipangaï, mais on avait vu leur film Adama. C’est une ancienne directrice de production qui a travaillé avec nous au début du projet qui nous a mis en contact. Pour participer, il fallait que le studio accepte une coproduction, soit disponible et veuille travailler sur le film. Nous sommes très contents de bosser avec eux. C’est une maison qui attire beaucoup de talents.

Cette exposition est très belle et montre de nombreux originaux. Comme l’avez-vous conçue ? Quels sont ses choix visuels ?

Arthur de Pins : Dans la pièce où nous faisons l’interview, on trouve les dessins qui ont servi dans le film, les personnages, le storyboard, du mate painting, du chara designer. On peut y découvrir le processus de création du film.

Dans l’autre pièce et dans la vitrine, il y a des œuvres originales. C’est une carte blanche à tous ceux qui ont bossé avec nous sur l’animé. C’est une façon pour eux de s’exprimer, tout en restant en rapport avec le long métrage. Il s’agit d’une expression libre. On y trouve aussi des dessins d’Alexis et de moi. On est dans une galerie, il est nécessaire d’avoir des originaux, car ces derniers sont mis en vente.

Comment avez-vous travaillés sur l’exposition avec les character designers, les animateurs et les concept artistes ?

Arthur de Pins : Nous avons des tableaux des story border. Une artiste travaillant sur les cara fixe, la réparation des erreurs du personnage (par exemple, les bugs de collision quand un bras rentre dans un mur…) a fait de très belles œuvres.

Alexis Ducord : Nous avons une artiste, qui fait des effets spéciaux, qui a fait des petites poupées des personnages en tricot.

Vous mettez à l’honneur la sorcière Gretchen sur l’affiche de l’exposition. Pourquoi ce protagoniste, alors que c’est Hector qui est le personnage principal du film ?

Arthur de Pins : Gretchen, c’est le personnage que tout le monde aime bien. C’est le plus intéressant de la bande dessinée et du film. Elle symbolise Zombillénium.

En dehors de la sortie du film, quels sont vos projets à venir si vous pouvez en parler ?

Arthur de Pins : Je travaille sur le tome 4 de Zombillénium.

Alexis Ducord : J’ai plusieurs projets en cours de démarrage. Je serais aussi bientôt papa dans quelques semaines.

- SITE OFFICIEL

GALERIE PHOTOS

Photos de la visite :

Galerie Artludik : Exposition Zombillénium 2017 - visite


Visuels officiels :

Galerie Artludik : Exposition Zombillénium 2017 officiel




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