Deux hommes en fuite : La critique

Date : 26 / 09 / 2017 à 10h00
Sources :

Unification


Deux hommes en fuite contraints à l’exil pour rester en vie. Film d’action à la limite du fantasme, Figures in the landscape, (Silhouettes dans le paysage) dans le texte, relève plus du cauchemar que du récit.

Le spectateur prend en pleine face durant près de deux heures, la peur, l’angoisse, le désespoir des protagonistes, plutôt bien interprétés.

Mais le véritable acteur principal de cette douloureuse échappée n’est autre que (comme assumé dans le titre principal) : le paysage.

Le titre original du film de Joseph Losey fait directement référence à une toile de l’artiste anglais Francis Bacon, intitulée Figure in a Landscape. Qui l’a fortement impressionné et inspiré. Comme il l’explique au Journal du cinéma le 22 novembre 1970 :

"Ce qui m’intéressait le plus dans le matériau de base, c’était le titre : Des silhouettes dans un paysage ... car ces personnages traversent un très grand nombre de paysages. On peut prendre le film comme un film d’action, comme une sorte de western, mais j’ai voulu étudier d’autres aspects. L’idée de départ, c’était ces deux personnages : deux fourmis dans un monde immense, deux personnages minuscules dans un paysage d’une autre planète, un paysage quasi-lunaire. C’est cette opposition qui m’a donné le style visuel du film, basé sur deux contrastes : des plans extrêmement larges où l’on voyait des personnages perdus dans des paysages immenses, et des gros plans – et encore, les très gros plans ne surviennent qu’à la fin du film.
Ces hommes fuient comme dans une sorte de cauchemar ; ils ne vont nulle part, on a l’impression qu’ils reviennent tout le temps à leur point de départ. Ils ne font pas de progrès au niveau de leur fuite physique, mais intérieurement, dans leur rapport l’un avec l’autre. Au fur et à mesure du film, on apprend certaines choses, certains détails précis... mais ce qui m’intéressait surtout c’était la conduite, le comportement des individus dans ces circonstances, qui sont les mêmes selon les nationalités, les races et les pays. Je ne pense pas que vous ayez à aimer ces personnages, vous pouvez peut-être compatir avec eux, essayer de les comprendre, partager leur colère, mais vous n’avez pas à les aimer. Je pense que c’est une erreur de croire qu’il faut absolument s’identifier à ces personnages. Il faut faire un film selon ce que vous ressentez, selon vos besoins, la façon dont vous voulez vraiment faire le film, et obéir à ça. J’ai essayé de supprimer toute sentimentalité. Dans cette situation, c’était un piège, je voulais l’éviter à tout prix."

Losey fait partie de ces entreprenants réalisateurs qui ont expérimenté une voie novatrice dans leur art. Il nous livre ici un travail très personnel et peu académique qui aura inspiré quelques-uns de ses successeurs.
Le cadrage est audacieux et les prises de vues aériennes soignées. Tout est dans le décor et la lumière. Sans oublier une illustration musicale et sonore recherchée.

Le scénario est certes simple, voire simpliste. On suit la fuite désespérée de deux hommes en péril. Mais le développement est particulièrement bien maîtrisé. Même si on peut finir par trouver le temps un peu long, parfois. Le rythme est soutenu. Et quelques propositions donnent à réfléchir. Comme le passage dans le village. Ou l’arrivée à la frontière...

Dans un pays et un temps non identifiés, le postulat élémentaire nous invite à se poser la question du prix de la liberté. On ne jugera pas les actes passés et inconnus des deux fugitifs, mais on se fera une idée sur leur manière de survivre.

Les expériences étaient fréquentes dans les années soixante, soixante-dix. Les réalisateurs n’hésitaient pas à proposer des films sortant des modèles classiques. Des films de ce genre, qui par la suite, serviront aux apprentis cinéastes à étudier les différentes pistes artistiques et techniques d’un métier en évolution permanente.

Un "thriller nouvelle vague" en somme, qui use de l’atmosphère et des préoccupations de l’époque en les projetant dans un univers lambda, dont on ne sait pas très bien s’il est actuel ou relève de l’anticipation. La crainte était forte dans ces années-là de voir l’avenir ressembler aux romans de science-fiction, plutôt pessimistes des auteurs à la mode.

Intéressant. Surtout pour les cinéphiles et les amateurs.

Deux hommes en fuite est un bon film à suspense de 1970 montrant deux hommes aux mains attachées dans le dos fuyant un étrange hélicoptère noir qui les poursuit.

Si l’intrigue est principalement centrée sur ces deux individus traversant nombre de paysages plus ou moins désertiques, elle se focalise régulièrement sur les poursuivants montrant de très belles séquences aériennes de traque et à l’image et aux cadrages vraiment novateurs à l’époque.

C’est d’ailleurs sur une telle scène que le film débute, alors que des minuscules ombres tentent d’échapper au regard perçant de ce rapace métallique.

Le récit est donc un étrange huit-clos anxiogène se passant en pleine nature, utilisant comme ressort narratif un jeu du chat et de la souris pervers apportant de nombreux rebondissements.

Le réalisateur Joseph Losey met très bien en scène cette histoire intrigante et réussit à faire monter l’angoisse de façon graduée. Il gère très bien l’évolution de la psyché de ses personnages, montrant l’érosion de ces derniers progressivement écrasés par les lieux dans lesquels ils évoluent.

Robert Shaw, qui signe aussi le scénario, est un très convaincant homme près à tout pour rentrer chez lui. Quant à Malcolm Mcdowell en jeune homme décidé à retrouvé la liberté, il apporte une certaine innocence à son personnage. Les deux comédiens forment un très bon duo servant de moteur à l’histoire et on suit leurs pérégrinations avec intérêt.

Les magnifiques, et parfois inhospitaliers, paysages constituent un véritable protagoniste à part entière. Leurs variétés, allant de la plaine aride aux montagnes enneigée, permettent de ne jamais s’ennuyer malgré les presque deux heures du long métrage.

Deux hommes en fuite est un film différent et prenant, véritable thriller en pleine nature décrivant les comportements humains de base lorsque la survie est en jeu. Avec une très belle photographie, notamment aérienne, une mise en scène inspirée et deux acteurs agréables à regarder, ce spectacle peu courant est vraiment plaisant à découvrir.

Surprenant et angoissant.

IA

SYNOPSIS

Deux hommes courent sur la plage à l’aube. Ils ont les mains liées derrière le dos. Au même moment, un hélicoptère survole frénétiquement les environs. MacConnachie et Ansell sont deux évadés qui, pour tenter d’échapper à leurs geôliers, doivent traverser des paysages sauvages et inhospitaliers. Pour cela, ils vont devoir affronter de nombreux obstacles pour survivre et échapper au mystérieux hélicoptère noir qui traque leurs moindres mouvements…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 50
- Titre original : Figures in a Landscape
- Date de sortie : 27/09/2017
- Réalisateur : Joseph Losey
- Scénariste : Robert Shaw d’après le roman de Barry England
- Interprètes : Robert Shaw, Malcolm Mcdowell, Henry Woolf, Christopher Malcolm, Pamela Brown
- Photographie : Henri Alekan, Peter Suschitzky, Guy Tabary
- Montage : Reginald Beck
- Musique : Richard Rodney Bennett
- Costumes : Sue Yelland
- Producteur : John Kohn pour Cinecrest, Cinema Center 100 Productions
- Distributeur : Carlotta Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Deux hommes en fuite


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