Bayiri, la patrie : La critique

Date : 14 / 06 / 2017 à 09h15

Sources :

Bayiri, la patrie est un beau film parlant d’un sujet dur, l’exode des Burkinabais de la Côte d’Ivoire en 2002, qui chassés par des violences et des crimes essayent de rentrer chez eux et restent bloqués dans un camp.

Bayiri veut dire la patrie, mais le terme est d’autant plus ambigu que nombre de personnes essayant de retourner au Burkina Faso n’ont jamais vu le pays de leur vie, étant nés au Congo.

Le réalisateur, et scénariste, S. Pierre Yameogo dresse sans concession une histoire sombre en suivant une jeune femme à la recherche de sa mère. Cette dernière est une femme courageuse et se bat pour garder sa dignité alors que les individus de sexe féminin sont encore plus soumis aux exactions que les hommes et subissent des viols de la part parfois de ceux qui devraient les protéger.

Le long métrage n’a pas eu de gros moyens, mais sa réalisation est bien faite et la photographie rend hommage à ceux qu’elle met en valeur.

La musique est très plaisante à écouter et crée un grand contraste entre la beauté des paysages, la mélopée envoûtante de la bande originale et la misère des gens.

La plupart des acteurs ne sont pas professionnels et leur manière de jouer s’éloigne des canons occidentaux, mais cela apporte une grande vérité à l’histoire et on se sent touché par des gens humains essayant de survivre et révoltés par ceux ayant de mauvais rôles et tentant de prendre les maigres possessions et la dignité d’honnêtes personnes.

Il faut saluer la prestation lumineuse de Tina Ouedraogo qui incarne une battante ne laissant pas les évènements indésirables flétrir sa vie. La comédienne est très convaincante et campe un personnage poignant et attachant.

Bayiri, la patrie est un film captivant malgré certaines horreurs qu’il dévoile avec une grande pudeur. En effet, si le propos est dur, les morts et viols sont souvent faits hors scène et suggérés sans que le réalisateur ne s’attarde dessus. Le sujet en sort grandit et permet d’évoquer le déplacement d’une population fragilisée au cœur d’un pays aux portes d’une guerre civile.

Avec une photographie fort propre, une mise en scène sans fards, une actrice principale très bonne et une histoire permettant de découvrir les habitants d’un pays peu connu, le film vaut la peine d’être regardé et donne matière à réfléchir.

Émouvant et intéressant.

Le film a eu le Grand prix Sembène Ousmane au Festival du cinéma africain de Khouribga (Maroc).

SYNOPSIS

Des rebelles tentent un coup d’Etat, la Côte d’Ivoire bascule dans le chaos. Un village Ivoirien où vivent essentiellement des Burkinabés est attaqué. Les émigrés sont chassés du pays et jetés sur les routes. C’est le début d’un long exil. Durant l’exode, Biba est séparée de sa mère. À la frontière Ivoirienne, les militaires pratiquent une fouille toute particulière. Biba fait partie des victimes, tandis que sa mère y échappe. Cette dernière parvient à atteindre la frontière Burkinabé où un camp de réfugiés s’est progressivement mis en place. Désemparée et sans nouvelle de sa fille, la mère prie Zodo, coupeur de route, de retrouver Biba moyennant finance. Celui-ci parvient à trouver la jeune femme dont il tombe amoureux et la ramène au camp. Cette fois, c’est la mère qui a disparu. Suite à la fouille particulière Biba est enceinte. Mouna, une amie, lui conseille de faire croire à Zodo qu’elle porte son enfant. Biba s’exécute. Contrainte de résider dans le camp de réfugiés le temps de sa grossesse, Biba découvre la réalité des lieux : La solitude, l’errance, la maladie et la mort.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 30
Titre original : Bayiri
Réalisateur : S. Pierre Yameogo
Scénariste : S. Pierre Yameogo
Interprètes : Tina Ouedraogo, Bil Aka Kora, Blandine Yameogo, Abdoulaye Komboudry, Aida Kabore, Madina Traore, Joseph Traore
Photographie : Jürg Hassler
Montage : Manuel Pinto
Musique : Rémi Dapere, Ludwig Gorhan
Décors : Grégoire-Marie Noudehou
Producteur : S. Pierre Yameogo pour Dunia Productions, Les films de l’espoir
Distributeur : Ululato