Ghost in the Shell : La rencontre avec Rupert Sanders

Date : 29 / 03 / 2017 à 13h45
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À l’issue de la projection du film Ghost in the Shell, le réalisateur Rupert Sanders est venu répondre aux questions du public.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Est-ce que vous vous souvenez de la première fois que vous avez vu le dessin animé ? Et est-ce que vous avez hésité à accepter à faire le film ?

Je l’ai vu quand j’étais au lycée. J’étais complètement bluffé, car je ne savais pas que ce genre de dessin animé adulte existait.

Je savais que Steven Spielberg était intéressé par le film et en avait les droits. La première fois que je l’ai rencontré, je lui ai exposé mon concept et ma vision du film et il m’a dit que j’allais m’occuper de le réaliser.

Que lui avez-vous dit ?

Je lui ai surtout dit qu’il fallait rester loyal à l’esprit de l’animé. Je trouvais qu’en voulant en faire un film grand public, il allait vers des lieux trop éloignés, qu’il y avait une perte de la philosophie de l’œuvre originale, de son aspect spirituel et qu’il fallait faire un retour au fondamental.

C’était difficile, car c’est un film à gros budget et il fallait jongler avec cela.

Qu’est-ce qui était le plus excitant et le plus difficile à accomplir ?

C’est un film complexe à faire, car c’est une succession de couches de petites et grandes idées. Il fallait trouver un équilibre entre le jeu des acteurs et l’ambiance du film.

Il n’y a pas de séparation entre les mondes, lieux et idées que nous tournions. Il fallait construire ces lieux, mondes, et costumes avec des designs détaillés.

C’était très important pour donner vie aux thématiques du film grâce aux images et à son esthétisme.

C’est votre deuxième film après Blanche Neige et le chasseur. Étiez-vous étonné qu’on vous ait donné à réaliser deux gros films à gros budgets ?

Je fais des films publicitaires depuis plus de 15 ans. Ce n’est pas comme si Spielberg m’avait croisé dans un Starbucks et m’avait proposé le film…

Il aimait ce que je faisais dans la publicité et la vidéo.

Je lui ai présenté un graphic novel (roman graphique) de 100 pages que j’avais fait en m’inspirant de Ghost in the Shell. Ce n’était pas juste un hasard.

Est-ce que c’était deux films que vous rêviez de faire au cinéma ?

Pas du tout. Je m’imaginais tourner des films plus modestes. Mon premier court métrage était sur des randonneurs.

Mais j’aime l’idée d’un monde à construire, un monde à dessiner. J’adore mettre mes mains dans le cambouis.

Ce n’était pas forcément mon rêve, mais je suis arrivé là, car on m’en a fait la proposition et j’en suis très content.

Vous vous souvenez du moment où vous avez décidé de devenir réalisateur ?

En fait, j’étudiais dans une école à Londres et je ne pensais pas au cinéma. Puis j’ai rencontré le réalisateur d’American History X, Tony Kaye.

J’étais sur un de ses tournages et je lui ai dit un jour : « et si tu posais ta caméra plutôt là ? » et l’idée de devenir moi-même réalisateur a germé.

Y a-t-il des films ou réalisateurs qui vous ont inspiré par la suite ?

David Lynch avec Elephant Man et les films de Kubrick. Ce sont des réalisateurs très visuels et c’est ce qui me touche beaucoup.

J’aime la beauté au cinéma. Je trouve cela très fascinant.

J’ai eu chance de tourner avec des acteurs que j’adorais voir jouer dans des films comme Juliette Binoche, Takeshi Kitano…

J’ai grandi en voyant des films de Takeshi Kitano.

C’est un film très ambitieux qui nécessite beaucoup d’intervenants. Comment on se sent pour être sûr que c’est son film ? Quelle est votre marge de manœuvre ?

C’est une question difficile.

J’ai déjà travaillé avec Jess Hall, mon directeur de la photographie. J’étais à la fac avec lui et mon monteur, cela fait 20 ans que je travaille avec lui.

Une grande partie du travail se déroulait dans une cuisine. Nous travaillions dans une usine désaffectée.

J’avais presque l’impression de travailler sur un film indépendant. Il fallait créer une famille d’artiste. Il fallait instaurer une confiance entre nous.

Comme disait l’un de mes amis français : « un réalisateur, c’est quelqu’un qui est devant une sphère dont il ne voit qu’une partie et il doit être entouré par des gens qui l’aident à voir le reste de la sphère ».

Comment vous êtes-vous approprié ces deux films de commande ?

Ma vision était dans chaque aspect du film. J’étais là créativement, j’avais des décisions instinctives, le sentiment d’être dans le réel.

90 % des scènes sont construites avec des effets spéciaux, des miniatures.

Ils sont très importants, mais il n’y a pas que les effets visuels qui comptent. L’histoire de personnages dans le réel permet une meilleure immersion dans l’histoire du film.

Il y a des parallélismes entre vos deux films. Était-ce intentionnel ?

On m’a dit aujourd’hui qu’il y a des similitudes entre Juliette Binoche et Scarlett Johansson.

Ce que j’apprécie dans les deux films, c’est que c’est des histoires d’hommes portées par des personnages féminins très forts et intelligents. Scarlett a une puissance de jeu très grande. C’est important que ce soit des femmes qui portent des films, car on éprouve plus d’empathie pour elle que pour des hommes.

Vous parlez de plein de thématiques dans le film. Quelle est celle la plus importante ou celle qui vous est la plus chère ?

C’est très intéressant de regarder la façon dont l’humanité a évolué.

L’homme évoluait en fonction des lieux où il se trouvait. Aujourd’hui, grâce à la technologie qui se développe, on peut faire plein de choses, mais il n’y a pas de contrôle et de règles.

Par exemple, nous avons maintenant des automobiles autonomes qui s’autoconduisent.

Si deux voitures autonomes se retrouvent dans un accident et qu’il y a une personne seule au volant et en face une famille de 5 personnes, le logiciel peut décider de vous sacrifier plutôt que 5 individus. Ou alors si un jeune se retrouve face à une personne âgée, la personne âgée pourrait être sacrifiée. Ou encore, si quelqu’un conduit une Porsche ou une Volkswagen et se retrouve en conflit avec un conducteur d’une simple voiture, c’est la Porsche qui pourrait l’emporter, car cela signifie que la personne est riche.

On a besoin de comprendre et d’entourer la technologie, bien qu’elle soit porteuse d’espoir.

Comme le disait Stephen Hawking, l’intelligence artificielle est probablement la plus extraordinaire, mais aussi la dernière des réussites humaines.

Pourquoi vouliez-vous que Scarlett Johansson joue le rôle du Major ?

Elle représente pour moi cette génération des cybers que l’on retrouve plusieurs fois dans sa filmographie et qui sont des rôles emblématiques.

C’est une actrice très puissante dans l’action et l’émotion.

Elle ne pouvait pas utiliser son corps comme d’autres comédiens puisqu’il ne lui appartient pas. Elle n’avait pas le physique qui pouvait l’aider. C’était un rôle très dur à interpréter.

Juliette Binoche vous a d’abord dit non et vous être revenu 3 fois vers elle pour son rôle. Pourquoi ?

Elle m’a beaucoup dit non, et à la fin, je l’ai eu.

C’est très difficile de renoncer à un acteur quand on l’a en tête et je savais que j’arriverais finalement à la convaincre.

Au départ, dans le scénario, ce personnage était un homme, mais je voulais que ce soit une femme et qu’il soit interprété par Juliette.

C’était important que ce soit une femme qui donne vie au major et en soit sa créatrice.

Je ne voulais pas subir le dicta des acteurs qu’on doit engager pour faire un film grand public. Je voulais engager des gens que j’aimais depuis longtemps et Juliette est unique.

Ce n’est pas non plus une habituée de film de science-fiction et c’est très intéressant de l’avoir dans le film.

Est-ce qu’il y aura une suite ?

Ce n’est pas un film normal dans les codes d’Hollywood et il a été fait par des gens qui ne venaient pas d’Hollywood, mais c’est Hollywood qui m’a donné le budget m’ayant permis de le faire.

Quand je quitte une salle de cinéma, souvent, je ne me souviens de rien de ce que je viens de voir quelques jours plus tard. C’est divertissant, mais pas marquant.

On peut être dans le spectaculaire et dans l’émotion en même temps. Ce n’est pas forcément opposé.

La première fois que j’ai vu le dessin animé, le visuel et les images m’ont hanté très longtemps.

J’espère que mon film vous a offert quelque chose d’intime et de spectaculaire.

Quelle est la signification du chien. Pourquoi l’avez-vous mis ?

Il s’agit d’un Basset Hound. (Mamoru Oshii met au moins un Basset Hound dans chacun de ses films, animés ou non, nda)

On avait pensé à faire venir à Hong Kong les vrais chiens de Mamoru Oshii, le réalisateur de l’animé. Il était très content, mais n’avait pas de passeport pour ses animaux et la bureaucratie a rendu cela impossible.

Les fans de mangas vont reconnaître certains passages et clins d’œil à l’œuvre originale.

Avez-vous fait le choix d’avoir dans vos films deux actrices importantes ?

Les thématiques s’y portent. Ce n’est pas une volonté affichée, mais le sujet même de mes films.

Quelles est la chose la plus intelligente que vous avez faite dans le film ?

La touche finale du film date de vendredi dernier (le 17 mars 2017, nda) donc je n’ai pas de recul dessus.

La chose la plus intelligente que j’ai faite a été de m’entourer de personnes intelligentes qui m’ont aidé sur un projet aussi complexe.

Pourquoi filmez-vous ?

Je suis un mauvais plombier.

La beauté de ce métier, c’est qu’il réunit toutes les choses qui me passionnent : sculpture, musique, acteurs…

J’ai choisi l’expression artistique qui les réunie toutes.

Je voyage dans le monde, rencontre plein de personnes brillantes. J’ai beaucoup de chance.

Être réalisateur, c’est une œuvre de collaboration. C’est comme une troupe de cirque qui va de projets en projets.

J’ai eu un assistant-réalisateur qui a eu sa première maison à 40 ans, car il voyageait sans arrêt.

C’est une vie formidable.

Ghost in the Shell est un très bon film qui s’éloigne de l’histoire du dessin animé, mais en garde en grande partie l’âme et offre des passages réels parfois calqués sur l’œuvre animée. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec Rupert Sanders :


Bande annonce :


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