Carole Matthieu : La critique

Date : 06 / 12 / 2016 à 10h00
Sources :

Unification


Carole Matthieu est à la fois un être sensible et un concept. Tant elle "sort de son corps", littéralement, pour incarner toute la souffrance alentour.

“Je suis leur confidente, leur mère, leur réceptacle, leur fosse à purin, leur objet, de fantasme en même temps que la prostituée sur laquelle on s’épanche pour ne pas craquer.”
Extraite du roman Les visages écrasés , cette citation de Carole Matthieu résume tout à fait le film et fait comprendre la démarche, excessive de l’héroïne.

Une "sortie de route" spectaculaire, à laquelle l’ont contrainte des circonstances désastreuses.

En cause la perte totale d’humanité dans certaines entreprises et une gestion du personnel qui confine à la torture.
Nous rappelant les romans de science-fiction les plus terrifiants comme 1984 ou Farenheit 451 où l’Homme est écrasé par le système.
Mais plus proche de nous que les anticipations d’Orwel et Bradbury, le roman de Marin Ledun nous plonge dans un univers qui nous est bien plus familier. Qui du coup, devient bien plus effrayant. Et si demain, cela arrivait à un de vos collègues ? A vous-même ?
On se souvient, il n’y a pas si longtemps, de la dénonciation de tels agissements, qui engendrent dépressions et suicides, dans les médias. Qui touchaient des groupes connus et puissants.

Une interpellation qui fera frissonner le public et on l’espère, réfléchir les managers...

Une histoire troublante donc, traitée avec intelligence. Le scénario est vif et inquiétant. La réalisation à l’avenant. Pleine d’invention. On est sans cesse tiré à hue et à dia, entre rêve (ici, cauchemar) et réalité. Tout cela est très bien fait.

Dire qu’ Adjani est parfaite est un pléonasme. Cette comédienne a la faculté de se donner toute entière à son personnage. Si c’est un danger pour la femme, c’est un cadeau pour les spectateurs, qui sont immergés dans le récit et la suivent sans réserve dans son cheminement vers un final auquel on pouvait peut-être s’attendre, mais amené avec habileté.
Quant au reste de la distribution, il a été très bien sélectionné.
Tous les interprètes sont convaincants et talentueux.
La photographie est séduisante, le choix des décors créatif. Les cadres tantôt froids et rectilignes dans l’entreprise, contrastent avec l’extérieur, qui pourtant enferme tout autant la protagoniste. Dans un univers décalé baignant dans une lumière singulière, qui souligne admirablement son malaise.

On comprend vite comment le mal-être des autres va la conduire aux pires extrémités. Dans un système meurtrier. Où la société n’a que faire des alertes lancées par des médecins qui tentent désespérément d’agir pour le bien de leurs patients, les mains liées par l’appareil, dépendants et soumis à l’organisation, et n’ont d’autre choix que de "laisser courir"... ou bien... se résoudre à l’électro-choc.

L’ensemble est bien équilibré. C’est le paradoxe. Montrer à quel point un être humain peut déraper, ébranlé par les circonstances, alors que c’est la confusion dans sa tête... avec autant de clarté, c’est un défi, parfaitement relevé par Louis-Julien Petit et son équipe.

C’est dur, éprouvant. Peut-être à déconseiller aux âmes sensibles.
Mais utile et brillant.

Bouleversant.


SYNOPSIS


Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE


- Durée du film : 1 h 25
- Titre original : Carole Matthieu
- Date de sortie : 7 décembre 2016
- Réalisateur : Louis-Julien Petit
- Scénaristes : Louis-Julien Petit, Samuel Doux, Fanny Burdino
- Adaptaté du roman de : Marin Ledun Les visages écrasés
- Interprètes : Isabelle Adjani, Corinne Masiero, Lyes Salem, Ola Rapace, Pablo Pauly, Sarah Suco, Arnaud Viard
- Photographie : David Chambille
- Montage : Antoine Vareille, Nathan Delannoy
- Musique : Laurent Perez Del Mar
- Costumes : Elise Bouquet, Reem Kuzayli
- Décors : Cécile Deleu
- Producteur : Elemiah, Luminescence Film, ARTE France
- Distributeur : Paradis Films

LIENS


- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Carole Matthieu



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