Eva ne dort pas / Salamandra [Coffret DVD] : La critique

Eva ne dort pas est un film intéressant du réalisateur Pablo Aguero sur les 25 ans de disparition du corps embaumé d’Eva Perón, femme du président de l’Argentine de 1955 à 1976.

Cette disparition qui a duré 25 ans est due au changement de régime et la dictature qui a suivi. Eva Perón était une égérie du peuple et sa mort brutale à 33 ans d’un cancer foudroyant à été un drame pour la population argentine.

Le film mêle images d’archives permettant d’appréhender un quart de siècle d’un pays dont on ne connaît pas forcément l’histoire tumultueuse et sanglante alors que coups d’État, despotes et dictateurs se succèdent et s’enrichissent au dépend d’un pays sombrant dans la pauvreté.

L’histoire s’organise en trois parties, l’embaumement et la préservation du corps d’Eva Perón à travers un segment présentant le spécialiste chargé de cette tâche. Il met en scène le corps d’Eva, l’embaumeur et une femme de ménage qui officie dans le bâtiment dans lequel son corps est exposé, mis sous verre.

Le deuxième se concentre sur l’enlèvement du corps lors de la prise du pays par un coup d’État de la marine. Ce dernier n’a pas été détruit mais transporté vers une destination inconnue. C’est un nouvel huit clos voyant s’affronter le colonel français chargé de cette délicate mission et le jeune soldat qui doit protéger le convoi.

Le dernier segment se focalise sur l’enlèvement de l’ancien président argentin retraité responsable du coup d’État, Pedro Eugenio Aramburu, par un groupuscule voulant le forcer à faire rapatrier le corps dans le pays.

Chacune des parties sont nichées dans une intrigue plus récente dans laquelle un nouveau dictateur se fait fort d’enterrer à jamais le nom d’Eva Perón.

Le film entièrement filmé en plan-séquence force l’admiration devant sa maîtrise technique. Il est, par contre, un peu moins prenant au niveau de son scénario et de son tempo.

Eva ne dort pas est un film contant une histoire passionnante à découvrir et permettant de se plonger dans l’histoire sombre d’un pays tourmenté. Avec une mise en scène brillante et des tableaux troublants, c’est une œuvre dense ne laissant pas indifférent sur laquelle plane en permanence la personnalité hors norme d’une Eva Peron qui a marqué un pays de son empreinte.

Non, Eva ne dort pas.

Salamandra est une œuvre se concentrant sur les tribulations d’une mère et son fils qu’elle a enlevé à sa grand-mère tutrice de ce dernier

Cette jeune femme, va traverser son pays afin de rejoindre une communauté dans laquelle elle espère trouver sa place et vivre ses rêves de liberté. Mais, désenchantée par cette utopie, c’est dans une cabane à la limite de la salubrité qu’elle va essayer de s’épanouir dans une région rude.

C’est l’histoire d’une relation délicate entre une mère rêveuse et son fils ne se déplaçant pas sans son kit de survie que le réalisateur Pablo Aguero décrit. On peut d’ailleurs découvrir dans les bonus le court métrage, Primera Nieve, qui a inspiré le film. Une séquence que l’on retrouve sous une autre forme dans le long métrage.

C’est donc à une tranche de vie à laquelle le spectateur est convié. Une rencontre qui peut plus ou moins toucher selon qu’on rentre dans le film ou non.

Car les aventures familiales de ces deux marginaux sont loin d’être drôles et l’atmosphère parfois pesante et désespérée qui flotte sur le film peut fortement déprimer.

Le jeune garçon, Joaquin Aguila, est naturel, et l’actrice jouant sa mère, Dolores Fonzi, peut fortement irriter si l’on n’adhère pas à la conception de la vie de son protagoniste, preuve que la comédienne maîtrise bien un personnage fantasque et n’ayant pas toujours les pieds sur terre.

Salamandra est un film qui ne laisse pas indifférent et risque de diviser les spectateurs entre ceux qui rentreront dans l’univers rude et parfois désespérant des personnages et les personnes qui ne seront pas touché par cette histoire poignante, voire déchirante.

Sans concession et émouvante.

1952, Eva Perón vient de mourir. On charge un spécialiste de l’embaumer. Les coups d’état se succèdent en Argentine et certains dictateurs veulent détruire jusqu’au souvenir d’Evita dans la mémoire populaire. Son corps devient l’enjeu des forces qui s’affrontent pendant 25 ans. Durant ce quart de siècle, Evita aura eu plus de pouvoir que n’importe quelle personnalité de son vivant.

Argentine, après la dictature. Alba, à peine sortie de prison, vient récupérer son fils Inti. Il a six ans, elle, trente. Ils ne se connaissent pas. Alba entraîne Inti jusqu’à El Bolson, une vallée perdue de Patagonie où trouvent refuge des renégats au milieu des paysans. Parmi eux, Alba et Inti essaient de se construire une vie. Alba accrochée à ses rêves, Inti à son kit de survie.

Trois scènes de chacun des segments sont commentées par le réalisateur dans la partie bonus. Cela permet d’appréhender la qualité du travail fourni sur le long métrage. Une mise en scène minutieuse, des acteurs performants et des conditions de tournages délicates sont développées dans les commentaires du réalisateur sur chacune des séquences qu’il a retenu : séquence d’ouverture, la bagarre, et la fin du général.
Au total, le film a eu 10 jours de tournages de 8h45 correspondant à 20 plans-séquences.

• Scènes de Eva ne dort pas commentées par Pablo Agüero (15 minutes)
• Bande annonce

Deux courts métrages du réalisateur se retrouvent en bonus du film. C’est une très agréable surprise pour les amateurs de courts métrages. D’autant que Primera Nieve est celui qui a inspiré Salamandra. On y découvre une jeune femme seule avec son fils dans une cahute à la limite de l’insalubrité au milieu d’un paysage désertique dans lequel l’hiver s’est invité.

Un petit film focalisé sur la relation d’une mère peu terre-à-terre et son fils bouillonnant de vie. Peu de paroles, mais des acteurs très parlant qui touchent le cœur.

Le deuxième court métrage, Lejos del Sol, est sans paroles et se concentre sur une jeune femme travaillant aux champs à la récolte des fraises. La caméra suit cette dernière dans ses activités, et survole les relations qui la lient aux autres protagonistes. Un beau sens de la composition, de la lumière et une direction d’acteur délicate est déjà la marque d’un réalisateur qui va par la suite passer au long métrage.

• Lejos del Sol (2005 - 16 minutes)
• Primera Nieve (2006 - 15 minutes)
• Bande annonce

 Disponibilité : Coffret DVD
 Date de sortie : 05/09/2016
 Audio : Espagnol
 Sous-titres : Français, Anglais
 Durée du film : 1 h 27

 Disponibilité : Coffret DVD
 Date de sortie : 05/09/2016
 Audio : Espagnol
 Sous-titres : Français, Anglais
 Durée du film : 1 h 27

 Titre original : Eva no duerme
 Réalisateur : Pablo Aguero
 Scénariste : Pablo Aguero
 Interprètes : Gael García Bernal, Denis Lavant, Daniel Fanego, Imanol Arias, Sofia Brito, Nicolás Goldschmidt, Sabrina Macchi, Ailín Salas
 Photographie : Iván Gierasinchuk
 Montage : Stéphane Elmadjian
 Musique : Valentin Portron
 Costumes : Valentina Bari
 Décors : Mariela Rípodas
 Producteur : Jacques Bidou, Marianne Dumoulin, Vanessa Ragone pour JBA Productions, Haddock Films
 Distributeur : Pyramide Distribution

 Titre original : Salamandra
 Réalisateur : Pablo Aguero
 Scénariste : Pablo Aguero
 Interprètes : Joaquin Aguila, Dolores Fonzi, Daniel Fanego, John Cale, Amancay Amend, Silvestre Lerena, Alicia Mildstein, German Pardo
 Photographie : Hélène Louvart
 Montage : Jacques Comets
 Musique : Jean-Guy Véran
 Costumes : Emilia Recabarren
 Décors : Maria Eva Duarte
 Producteur : Jacques Bidou, Marianne Dumoulin pour JBA Productions, Rohfilm, Arte France
 Distributeur : Pyramide Distribution

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