EXCLU UNIF - Exposition l’Art des studios Walt Disney : Rencontre avec Mary Walsh

Date : 17 / 10 / 2016 à 10h00
Sources :

Unification


La nouvelle exposition du musée Art Ludique (34 Quai d’Austerlitz, 75013 Paris), L’Art des Studios d’Animation Walt Disney - Le Mouvement par Nature a permis la rencontre et l’interview exclusive de Mary Walsh, la directrice générale des Archives Disney et de Jean-Jacques Launier commissaire d’exposition et directeur du musée.

Je tiens à remercier vivement le Musée d’Art Ludique et son attaché de presse, Renaud Hamard, d’avoir invité Unification à cette nouvelle très belle exposition et de nous avoir permis de faire ces passionnantes interviews.

Vous pouvez retrouver mon avis sur l’exposition ICI.

- SITE OFFICIEL
- BILLETTERIE

MARY WALSH

Mary Walsh est la directrice générale de l’Animation Research Library (ARL), bibliothèque de recherche de l’animation, qui s’occupe de la préservation de l’héritage des œuvres de la Walt Disney Compagnie. L’ARL compte 65 millions d’œuvres, dessins, peintures, photographies, sculpture, maquettes…

C’est Walt Disney qui a rapidement décidé de conserver les originaux de ses œuvres. En quelle année l’ARL a-t-il été créé ?

Dès le début de 19ème siècle, quand Walt Disney a commencé à faire des dessins animés, il s’est mis à stocker le matériel sur lequel ils travaillaient. Il venait du monde de la publicité et dans ce domaine, il était courant de garder les éléments sur lesquels on avait travaillé pour pouvoir les réutiliser plus tard dans d’autres campagnes.

Ces éléments étaient gardés dans ce que l’on appelait la « morgue ». Le nom qui lui a été donné plus tard, Animation Research Library (ARL), est nettement meilleur.

Combien de personnes comptent l’ARL et quels sont leurs postes ?

Nous avons une équipe de 23 personnes qui forment 4 groupes :

- il y a les chercheurs qui sont les personnes qui connaissent le mieux nos techniques. Ils sont spécialistes dans certains domaines. Ils ont aussi une grande culture de l’histoire de l’animation.
- on trouve les archivistes qui s’occupent de répondre aux demandes et de sortir les œuvres, car nous avons 65 millions d’œuvres entreposées chez nous.
- il y a l’équipe design qui s’occupe des expositions à l’extérieur, dans des musées ou d’autres lieux. Ils travaillent à l’extérieur et aident à designer et à monter des expositions. Ils ne sont presque pas intervenus sur celle du Musée d’Art Ludique, car Jean-Jacques Launier et son équipe ont tout préparé.
- il y a enfin l’équipe numérique qui s’occupe de la digitalisation et numérisation de notre catalogue. Ils photographient toutes les œuvres en haute résolution et les enregistrent dans une base de données.

Toutes nos œuvres sont disponibles pour les personnes qui en font la demande, notamment celles qui travaillent dans l’animation. Nous avons des millions d’images dans notre système.

Comment avez-vous fait évoluer les locaux au fur et à mesure de l’augmentation croissante des œuvres à conserver ?

C’est un véritable challenge de sauver tout cet art et de le garder accessible. Nous devons toujours nous demander comment le conserver à long terme. De plus, on doit être capable de sortir les œuvres originales pour les personnes qui les demandent.

Vous êtes souvent sollicité. Comment gérez-vous cela ?

L’ARL est ouvert à tous. On vient nous voir pour découvrir nos anciens travaux. Les personnes ont un accès à la collection et peuvent travailler en s’inspirant des dessins originaux.

Un artiste doit avoir accès à des œuvres originales pour pouvoir travailler en s’en inspirant.

Avez-vous collaboré sur les adaptations live d’anciens dessins animés ?

Si on prend Le livre de la jungle, lorsque le projet était au début de son développement, le scénariste est venu nous trouver. Il nous a demandé d’avoir accès au concepts art des personnages originaux afin de voir ce qu’il devait adapter pour le film live.

Nos archivistes ont une bonne connaissance de l’histoire des films. Nous sortons tous les éléments que nous demandent les réalisateurs. En fonction des films, cela peut être peu d’œuvres ou alors beaucoup.

Cela permet à ceux qui viennent nous voir d’avoir un point de vue sur le film à venir. C’est très excitant.

Quelles sont vos participations récentes les plus importantes ?

J’ai une anecdote sur le film Zootopie, qui est l’un de mes préférés. Le réalisateur Jared Bush est venu nous trouver, car c’était un très grand fan de Robin des bois qu’il avait découvert quand il était un enfant. Comme il ne pouvait pas refaire le dessin animé, il a eu l’idée de Zootopie. Il nous a demandés tout ce qu’on avait sur Robin des bois pour s’en inspirer sur son film au niveau de l’animation.

Nous avons digitalisé ce que nous avions et on le lui a donné et il s’est appuyé dessus pour créer ses personnages. C’est donc une œuvre des années 70, et notamment son animation, qui a inspiré le film. C’est une référence directe et un excellent exemple de pourquoi on doit conserver ces documents et donner un accès à ceux qui veulent les voir.

Quels sont les gros projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

On finit Vaiana, la légende du bout du monde qui est très beau. Et cela me fait un drôle d’effet de le voir exposé dans le musée alors que le film n’est pas encore sorti en salle. On travaille aussi sur un début de production de Les mondes de Ralph 2, sur Gigantic et sur une pré-production très précoce de La reine des neiges 2.

Quand avez-vous décidé de participer à cette exposition en France ?

Nous connaissions précédemment Jean-Jacques Launier. Nous l’avions rencontré il y a longtemps. Avant même qu’il ouvre le musée d’Art Ludique il y a 3 ans. Nous avions un planning et nous nous somme posé la question de qu’est-ce qu’on pouvait montrer. Nous avons choisi quels films étaient différents mais représentatifs de la thématique de l’exposition et nous avons travaillé dessus.

Il nous a rendus visite l’année dernière. Nous avons eu des échanges et nous lui avons montré des œuvres. Puis il a fait son choix. Nous avons eu une grande collaboration. Nous avons une très bonne appréciation de notre travail respectif.

Vous avez fait une première exposition des œuvres issues de l’Animation Research Library (ARL, archives Disney) en Chine. Quelles sont les différences avec celle du Musée Art Ludique ?

Il y a eu beaucoup de changement. Seulement 30 % des œuvres présentées viennent de cette exposition en Chine. Le public français connaît très bien l’œuvre de Disney et on voulait axer l’exposition sur le Mouvement par Nature. On voulait montrer les connexions des dessins animés avec la nature et les animaux, montrer le travail de recherche effectué dessus.

C’est une exposition plus profonde. En Chine, c’était plus une introduction à l’univers de Disney, alors qu’en France, c’est plus pointu.

Comment trouvez-vous l’exposition ?

Je la trouve magnifique ! Je ne suis arrivée qu’hier, mais mon collègue qui a participé à l’installation m’avait prévenu qu’elle était magnifique. Il y a un énorme travail sur la scénographie, sur les murs. Avec les jeux de lumière, on est encore plus immergé dedans. Les œuvres et les reproductions de ces dernières sur les murs se complètent à merveille.

J’espère que des enfants vont venir voir cette exposition, qu’ils seront émerveillés et qu’ils travailleront dur pour devenir des artistes comme ceux que l’on découvre ici.

JEAN-JACQUES LAUNIER

Jean-Jacques Launier est le directeur du Musée Art Ludique qu’il a créé et le commissaire d’exposition de L’Art des Studios d’Animation Walt Disney - Le Mouvement par Nature. Il vient d’être nommé en 2016 au grade de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.

Quels sont les ajustements que vous avez faits dans votre musée pour accueillir cette nouvelle exposition ?

À chaque nouvelle exposition, on repense tout. On est capable de casser des murs, ce qui a été le cas dans cette nouvelle exposition. Nous voulons que ce soit une expérience nouvelle pour le visiteur.

L’itinéraire devient différent à chaque fois. Nous avons envie de déconstruire pour changer la vision du spectateur qui connaît le musée, mais surtout ces changements sont au service de la scénographie et de la thématique de l’exposition.

Pour L’Art des Studios d’Animation Walt Disney - Le Mouvement par Nature, nous avons organisé la visite en 4 grandes parties.

Les deux premières parties concernent les courts et longs métrages. On y découvre l’émergence de l’art de Walt Disney. On peut voir les années 50 avec son changement de design est ses animateurs phares comme Mary Blair et ses gouaches magnifiques. Il y a aussi Eyvind Earle qui a travaillé sur La belle au bois dormant ainsi que La Belle et le Clochard. On peut retrouver dans cette partie d’autres long métrages comme Les 101 dalmatiens.

En choisissant d’orienter notre exposition vers Le Mouvement par Nature, nous voulons montrer la force qui accompagne l’animation. Disney a développé ses animés en utilisant un mouvement basé sur le réel. Jamais personne n’avait fait cela auparavant et Disney voulait créer une véritable fluidité et un grand réalisme dans son animation.

Quand on replace cette démarche dans son contexte, on se rend compte que Walt Disney était un visionnaire et un avant-gardiste sur son temps.

Si on prend Steamboat Willie, il s’agit du premier dessin animé synchronisé. Il a été une révolution à l’époque, car la musique provenait de la fosse et était jouée par un orchestre, alors que dans Steamboat Willie, la musique sort de l’écran ! En quelque sort, cet animé a sonné le glas du muet.

Dans son court métrage suivant, Walt Disney a introduit de la couleur, puis il a réalisé le premier long métrage d’animation avec Blanche Neige. Avant ce film, on avait plutôt des gags animés et des cartoons. Dans Blanche Neige, il créé une féerie, et introduit de la magie et des émotions, ce que personne n’avait jamais vu. L’œuvre a été un succès planétaire, entraînant des réactions extrêmes chez les personnes qui le voyaient. Ces derniers pleuraient quand ils pensaient que Blanche Neige était morte dans son cercueil de verre. Ils avaient peur lorsque le prince affrontait la sorcière…

L’influence de Walt Disney persiste jusqu’à aujourd’hui. Il choisissait avec attention ses artistes. Il créait des éléments permettant de mieux animer ses films comme la création de stop motion sur la course-poursuite finale entre les voitures sur Les 101 dalmatiens qui a permis de la dessiner avec fidélité.

La scénographie est plus discrète et montre les personnages emblématiques des courts et longs métrages esquissés, ainsi que des éléments représentatifs comme les pattes des dalmatiens.

La troisième partie porte sur la renaissance de Disney avec La petite sirène. On y retrouve les grands animateurs du studio surnommé les 9 sages. Nous avons changé la scénographie avec d’énormes visuels qui habillent les murs et qui sont des reproductions et agrandissements des œuvres originales présentées, cela permettant de renforcer l’immersion du spectateur.

La dernière partie concerne les films contemporains avec l’arrivée du numérique et de la 3D. On y retrouve des technologies novatrices.

On a beaucoup travaillé sur l’exposition, notamment à travers un jeu de lumière discret. En effet, nous avions comme contrainte technique de ne pas utiliser de sources lumineuses trop puissantes pour ne pas abîmer les œuvres originales parfois jamais montrée à la lumière du jour depuis des années.

Combien de temps avez-vous travaillé avec l’ARL pour la mettre en place ?

On a travaillé en pointillé depuis 2-2 ans et demi. Cela a été fait en pointillé avec des allers-retours aux Etats-Unis.

Nous avons intégré l’ARL dans la boucle la dernière année afin de partager notre approche scénographique de l’exposition.

Nous avons un très grand nombre d’œuvres originales, souvent jamais montrées au grand public.

Avez-vous été découvrir l’exposition précédente en Chine ?

Oui, j’ai été la voir. Je l’ai trouvé intéressante, car elle mettait en relief le fait que Walt Disney et ses artistes avaient pour héritage les artistes des siècles précédents.

Je l’ai trouvé un peu trop tournée vers le passé en montrant beaucoup de toiles de maître qui ont nourri l’œuvre de Disney. C’est une suite logique de l’évolution de l’art et son interconnexion à travers les grandes œuvres du passé.

Dans notre exposition, on voulait montrer que Walt Disney était moderne. Tout comme les artistes qui lui ont succédé et qui sont contemporains. Ils ont désigné les images les plus marquantes de leur époque et ces dernières seront toujours regardées au siècle suivant, ce qui n’est pas une évidence pour les œuvres contemporaines issues de la spéculation.

Disney, ce n’est pas que vieux classiques, mais des œuvres en pointe de l’avant-garde qui ont fait avancer l’art de l’animation et l’art tout court.

Y a-t-il des précautions supplémentaires à prendre dans votre musée pour cette exposition ?

Il faut qu’on fasse attention à l’éclairage afin de ne pas abîmer les œuvres.

Nous avons sélectionné des œuvres avec des jeunes femmes qui sont des expertes. L’ARL a des millions d’œuvres, mais ils ne nous ont rien refusés.

Ils nous ont validés les textes, et aidés à sélectionner les œuvres. Les archivistes arrivaient avec des œuvres et nous faisaient des propositions en nous montrant des travaux qu’ils pensaient intéressants dans le cadre de notre exposition. C’était un soutien créatif, mais l’ARL n’est à aucun moment intervenu dans l’écriture de notre exposition.

C’est une exposition qui va tourner dans le monde entier jusqu’en 2021 et qui est signée par nous, ce qui nous rend très fiers. Son prochain arrêt sera à Tokyo.

Avez-vous une anecdote à raconter sur la genèse de cette exposition ?

L’une des choses qui m’a beaucoup ému, c’est le partage avec les archivistes. On arrivait chez eux pour sélectionner les œuvres que l’on voulait intégrer dans notre exposition, ils ne savaient pas exactement ce qu’on voulait faire et où on voulait les emmener, mais ils ont participé au projet avec joie et on a fait une équipe avec eux.

On passait de salles en salles et il y avait à chaque fois de nouveaux dessins exposés. Ils nous faisaient même des propositions pertinentes. C’était une bonne émulation.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le court métrage originale qui clôt la visite ?

Nous avons fait un court métrage de 5 minutes que l’on peut découvrir à la fin de l’exposition. Il s’agit d’un montage de diverses œuvres animées auxquelles on a associé les dessins que nous montrons dans l’exposition. L’ARL nous a fourni la musique, car ils en sont aussi propriétaires. Quand ils ont vu le résultat final, ils ont adoré. Nous n’avons eu aucune censure sur ce montage et avons pu choisir tous les extraits que nous voulions.

Nous avons travaillé plusieurs semaines dessus, environ un mois. Nous avons fait beaucoup d’essais de montage. Nous avions pour objectif de montrer le passage du dessin à l’animation. Cela permet aussi de reconnecter le public avec les œuvres qu’il connaît et qu’il a découvert autrement dans notre musée.

Pourquoi, en dehors du musée Disney, il n’y a pas ce genre d’exposition aux Etats-Unis ?

Nous sommes le premier musée au monde consacré à l’Art Ludique et ces artistes ont créé des œuvres qui vont rester dans le futur.

On peut montrer un art féerique, gai, qui soit figuratif et narratif à la fois et qui reconnecte le public avec l’art.

Nous sommes ravis de voir venir un public plus jeune qui apprécie de venir au musée. Ils reconnaissent les personnages qu’ils aiment et on leur montre que c’est de l’art. On leur donne envie de dessiner, d’aller dans d’autres musées voir d’autres œuvres d’art.

Notre exposition Aardman rencontre un véritable succès en Allemagne et est prolongée de 3 mois. Puis elle va partir en Australie.

Les gens partagent une émotion en allant voir ces œuvres qu’ils découvrent d’une façon différente et cela les connecte avec l’Art.

Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?

Il y a tellement de travail pour les préparations de nos expositions avec nos différents partenaires que cela nécessite une annonce officielle.
J’adorerais parler d’un line-up, mais dévoiler les expositions futures pourrait jeter une ombre sur l’exposition en court.

- SITE OFFICIEL
- RÉSERVATION

BANDE ANNONCE


PORTFOLIO

href="https://www.flickr.com/photos/75623426@N08/albums/72157675138345366" title="Exposition l'Art des studios Walt Disney : Les visuels officiels">Exposition l'Art des studios Walt Disney : Les visuels officiels



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Exposition : LEGO® - The Art of the Brick s’installe à (...)
Exposition Art Nord-Coréen : La visite
Charlotte Orel : L’exposition
1982-2023 Arts génératifs interdits : La visite de l’exposition
Cinémaps : L’exposition
Sunny : La série Apple de Rashida Jones se montre
Suits - L.A. : Les premiers clients de Stephen Amell frappent à (...)
Génération Silent Hill : La critique
Cinéma - Bandes annonces : 23 avril 2024
Unif’ TV : Commanders of Starfleet, un fanfilm qui montre (...)
Deadpool & Wolverine : La nouvelle bande annonce
Doctor Who : Un impact Disney sur une saison à l’histoire (...)
Sweet Tooth : Bande annonce, date et informations pour la saison (...)
Superman : Après Papa Kent, voici Maman Kent
Insaisissables 3 : Ariana Greenblatt pour le prochain tour de (...)