Apprentice : La critique
L’apprenti est un film très intéressant qui parle d’un sujet sensible, le milieu carcéral et les condamnés à mort, car cet apprenti est celui du bourreau et sa condition ouvre un champ très vaste sur une réflexion portant sur le travail et la vie.
Il est rare de voir sur nos grands écrans un film singapourien. C’est fort dommage, mais les grands festivals comme celui de Cannes permettent au public français d’accéder à un cinéma rare et parfois différent offrant quelques pépites.
Le film permet d’appréhender la société singapourienne à travers une famille constituée d’un frère et de sa sœur ainsi que de la prison dans laquelle travaille le jeune homme, véritable cœur de l’intrigue. Car en dehors du métier particulier pratiqué par le personnage principal, le film est tissé d’une intrigue plus profonde qui entraîne révélations, surprises et réflexion sur la nature humaine.
Si la peine de mort est interdite dans notre pays, elle reste utilisée dans de nombreux autres. À Singapour, c’est par pendaison que la sentence est exécutée, nécessitant une préparation minutieuse dont le spectateur pourra découvrir les différentes étapes.
Mais le film est loin d’être voyeuriste et sordide et préfère se concentrer sur la psyché humaine et les atermoiements du personnage principal. C’est donc plus à une étude psychosociologique qu’à une œuvre de genre qu’assiste le spectateur.
Le jeune Fir Rahman est très bon dans un rôle délicat tout en retenue. Son personnage peu loquace est très expressif grâce au talent du comédien qui, en un regard ou une posture, réussi à montrer ses interrogations et doutes. Le final très fort et réussi est d’ailleurs à la hauteur de son interprétation.
Ahmad Mastura qui joue sa sœur est un protagoniste vraiment intéressant permettant de parler de la famille ainsi que de l’avenir, notamment à travers la relation qu’elle entretient avec un étranger.
C’est Wan Hanafi Su qui impressionne que le premier rôle. L’acteur joue le vieux bourreau consciencieux et miséricordieux. À des années-lumière des images d’Épinal attachées aux bourreaux, c’est un magnifique portrait d’homme qu’il campe, ce qui entraîne un certain attachement pour sa personne.
L’écriture du personnage est d’ailleurs fort intéressante, car, au-delà d’une fonction qui n’a jamais été très appréciée selon les civilisations et périodes, le scénario montre les caractéristiques de grandeur morale d’un tel individu. Ainsi que le poids des morts qui le ronge.
L’apprenti est un film délicat qui parle d’homme et de choix, d’envie et de devoir. Avec une réalisation efficace, 3 acteurs très intéressants qui captent l’attention et un scénario sobre et fort, c’est une œuvre sensible qui ne laissera pas indifférent.
Entre quête intime et interrogation profonde, un beau long métrage sur un sujet surprenant à découvrir.
Âpre et émouvant.
SYNOPSIS
Aiman officie dans une prison de haute sécurité. Rahim, le bourreau en chef, y accompagne les derniers jours des condamnés. Rapidement, il prend le jeune gardien sous son aile et lui apprend les ficelles du métier. Aiman s’avère être un exécutant très appliqué, mais sa conscience et ses véritables motivations le rattrapent peu à peu...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 36
Titre original : Apprentice
Date de sortie : 01/06/2016
Réalisateur : Boo Junfeng
Scénariste : Boo Junfeng
Interprètes : Fir Rahman, Wan Hanafi Su, Ahmad Mastura, Boon Pin Koh, Nickson Cheng, Crispian Chan, Gerald Chew
Photographie : Benoit Soler
Montage : Lee Chatametikool, Natalie Soh
Musique : Alexander Zekke
Costumes : Meredith Lee
Décors : James Page
Producteur : Fran Borgia, Tan Fong Cheng, Raymond Phathanavirangoon pour Peanut, Akanga Film Asia, Zhao Wei Films, Cinémadefacto, augenschein Filmproduktion, Making Film
Distributeur : Version Originale / Condor
LIENS
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