EXCLU UNIF - Hana et Alice mènent l’enquête : La rencontre avec Yoko Kuno

Date : 10 / 05 / 2016 à 08h47
Sources :

Unification


A l’occasion de la sortie du film d’animation Hana et Alice mènent l’enquête, Yoko Kuno, la directrice de l’animation, a accordé une interview à Unification.

Je tiens à remercier Yoko Kuno, une jeune femme très sympathique, qui a répondu avec passion et humour à mes questions. Je remercie aussi Eurozoom d’avoir permis à cette interview d’avoir eu lieu, ainsi qu’au remarquable traducteur qui a rendu cet entretien compréhensible.

Je vous conseille vivement de voir le magnifique court métrage de Kuno Yoko, Airy Me, que vous pouvez découvrir ci-dessous est qui est franchement formidable !

Voici la retranscription de l’interview de Yoko Kuno.

Cela a été mon premier film d’animation, qui était aussi mon film de fin d’études. Je n’avais alors jamais expérimenté un film d’animation long, car le court métrage que je voulais faire durait 5 minutes, donc j’ai dû faire un storyboard sommaire sans détails puis j’ai travaillé l’animation, et ensuite fixé les éléments de détails.
Quand j’ai fait mon animation, je me suis retrouvée avec pleins d’images non utilisées, car j’étais contrainte de coller à la musique de Cuushe que l’on peut retrouver dans l’album Red Rocket Telepathy.
À cause de la longueur de certaines actions, j’ai dû renoncer à plusieurs choses animées que j’avais prévue d’intégrer.

Lors de la transformation du patient dans Airy Me, est-ce qu’Akira de Katsuhiro Otomo vous a inspiré ?

En fait, à l’époque où je travaillais sur le film, je n’avais pas encore vu le film de Katsuhiro Otomo. J’avais par contre lu Dômu, rêves d’enfants et une partie du manga Akira.
Pour moi, la métamorphose du patient dans mon court métrage s’inspire de The Thing de John Carpenter et des métamorphoses de la créature.

Comment êtes-vous devenue directrice de l’animation pour Hana et Alice mènent l’enquête ?

Après mon court métrage Airy me, je suis entrée dans une société de production de films publicitaires. Un de mes anciens professeurs qui est un ami de longue date du réalisateur Shunji Iwai m’a recommandé à lui, car il cherchait quelqu’un de particulier pour ce film et qu’il estimait que j’en avais les qualités.
Il voulait une personne qui avait des connaissances dans le domaine de l’animation, mais sans qu’il s’agisse forcément d’un professionnel d’un studio standard.
Il ne voulait surtout pas de quelqu’un de formaté. Du coup, j’ai été recrutée pour ce film.

Hana et Alice mènent l’enquête est un très bon film. L’animation dont vous étiez responsable est particulièrement soignée. Aviez-vous déjà travaillé sur de la rotoscopie avant ce long métrage ?

Au moment du travail sur mon court métrage, je n’ai pas utilisé la technique de rotoscopie, mais comme j’étais étudiante et sans grande connaissance dans le domaine de l’animation, dans tous les plans où c’était possible, j’ai d’abord fait un tournage en prise de vue réelle. Cela ne m’a pas servi comme base de travail, mais pour obtenir des matériaux d’étude.
Le fait de s’essayer à la rotoscopie, c’est un choix qui ne me posait pas de problème. Grâce à cette pratique de prise de vue de référence, cela me donnait une certaine familiarité avec cette approche, même si je ne l’avais pas pratiqué en réel.

Quels sont les contraintes et les avantages que vous avez rencontrés avec la technique de la rotoscopie ?

L’un des avantages essentiels de ce travail de rotoscopie est de dessiner, car une partie de l’animation est modélisée en 3D. De mon côté, j’ai eu la charge de la rotographie qui consiste à dessiner les personnages et les décors à partir des prises de vue réelles.
Il faut faire appel à des personnes qui ne sont pas forcément des animateurs professionnels : des dessinateurs, pas des animateurs classiques.
Par rapport à la rotoscopie, il y a aussi des limites, car c’est une technique qui ne permet pas de prise de liberté et de distance par rapport à ce qui se passe à l’image.
On doit avoir un mimétisme des images photographiques. Contrairement aux idées reçues, c’est une technique qui rencontre ses limites quand on veut s’éloigner de la réalité.
Lors des étapes du tournage de prise de vue réelle, il y a en jeu beaucoup de choses et ces dernières doivent avoir un traitement distinct.
On a par exemple tourné dans un gymnase, donc le travail sur les décors était beaucoup plus ouvert.
Il y a aussi des choses plus personnelles, des éléments intégrés dans les images alors que j’aurais préféré que cela n’apparaisse pas.
Par exemple, le film parle de collégiennes. Or, les actrices étaient plus âgées, en moyenne 20-30 ans et dans la manière même de leurs comportements, elles avaient une sorte de tic ou une manière de se comporter qui se distinguait de l’enfance qui devait se dégager dans la personne qu’elles interprétaient. Et ces comportements sont repris dans le film, car les personnages sont dessinés à partir des acteurs.
On avait un autre problème sur lequel on a dû travailler. Nous n’avons pas de trait de contour autour de nous. Pour les personnes animées, il a fallu faire le choix d’une forme de contour.
Quand nous avons fait le choix du tracé, nous nous sommes rendu compte que les personnages apparaissent plus enveloppés que sur les images réelles, donc nous avons dû retravailler chaque image de l’aminé et faire des modifications de proportions.
En effet, malgré l’impression de décalque photographique que suggère la technique de la rotoscopie, une image dessinée ne se profile pas de la même façon que dans la réalité.
Mais les images animées issues de ce travail sur la photographie sont libérées des clichés graphiques de l’animation traditionnelle comme les effets prédéterminés qui sont des éléments de langage d’une animation classique beaucoup moins fluide.
Avec la rotoscopie, nous avons conservé la présence vivante des actrices et n’avons pas de stéréotype dans les personnages.
Par exemple, la scène de fou rire donne une vitalité extraordinaire grâce à la rotoscopie.

On retrouve dans le film des cadrages originaux et une façon de voir les personnages particulière. Est-ce que vous avez été libre de traiter ces plans de la façon dont vous le vouliez ?

Non, je ne suis pas intervenue sur le tournage.
Le directeur de la photographie, Chigi Kanbe, qui n’est pas celui du premier film de 2004, car ce dernier est décédé, est un de ses disciples.
Le réalisateur du film Shunji Iwai, est très à l’aise avec les mouvements de caméra.
Le tournage correspond à l’intention du réalisateur et du directeur de la photographie, y compris les choix d’angles et de cadrages.
Dans les dessins animés japonais, on a tendance à montrer les personnages sans montrer la transition entre leurs pieds et le sol, donc il y a eu un jeu de cadrage pour ne pas montrer ces zones de contact.
Au moment du tournage, il y avait des images de référence, et un recadrage nécessaire, car lors du tournage du film, le réalisateur a fait des plans plus larges dans l’idée de les retailler a posteriori.
Mais quand il a vu le résultat, Shunji Iwai a décidé de garder les images telles qu’elles, car il trouvait cela intéressant et plus proche de la production d’un film classique. Même si une partie de l’équipe lui en a voulu, car cela lui a demandé beaucoup plus de travail !

Il y a une très belle sensibilité et délicatesse dans les personnages du film. Est-ce que votre manière d’animer les protagonistes a influé sur les scènes de ces derniers, notamment lors du tournage « live » ?

Non, il faut rendre justice au travail des comédiennes. C’est leurs talents et leurs expressivités qui sont en jeu dans cette fraicheur. Par exemple, la plupart des actrices ont cumulé plusieurs rôles. L’actrice qui joue Fuko (la fille du ballet un peu lente) joue aussi Hana. La collégienne extravagante Moo, a aussi jouée la mère d’Alice.
Cela dit quelque chose de ce qu’elles ont apporté au film !

Qu’elle est la scène que vous avez apprécié le plus d’animer dans Hana et Alice mènent l’enquête ?

C’est une question qui est un peu difficile à répondre.
Sur ce film, j’étais responsable de l’animation de la rotoscopie, donc j’avais surtout une tache de coordination et de retouche d’image. J’ai supervisé beaucoup de personnes et peu animé de scènes moi-même.
Je suis intervenue souvent sur des petites choses, infimes ou bizarres, sans vraiment faire une scène à part entière.
Par exemple, je me suis donné du mal dans la scène où Alice est dans un taxi. Elle en sort pour demander pardon à l’homme qu’elle suit. Le taxi a été fait en 3D et avait un rendu très plastique sans aucune consistance. J’ai redessiné l’intérieur du taxi et les reflets des vitres quand il s’en va, ce qui rend l’éloignement de la voiture plus réel.
Dans un autre exemple dans lequel il n’y a pas de rotoscopie, c’est la première rencontre entre Hana et Alice, quand cette dernière tombe dans l’escalier. Quand le film est sorti en salle au Japon, nous avons fait une ellipse avec une image très sombre, car nous n’avons pas eu le temps de faire cette scène comme nous le voulions.
Après la sortie du film, j’ai pu faire de l’animation classique et ai créé une scène très comique à la Doraémon (personnage de manga emblématique du Japon. C’est un chat-robot bleu), en travaillant beaucoup le mouvement de la chute.
Iso Mitsuo, le directeur de la série Dennō coil, est venu me féliciter sur cette scène qu’il a trouvée très réussie.

Si vous pouvez nous en parler, sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Aujourd’hui, je suis free-lance et je réalise des travaux selon la demande. J’ai dernièrement fait un générique animé sur NH4. Je mène aussi des travaux différents et variés d’illustratrice.

Hana et Alice mènent l’enquête est un dessin animé très sympathique, frais et drôle. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE DE L’AUTEUR
- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Cuushe (Red Rocket Telepathy, 2009, chez Flau) – Airy Me, court métrage d’animation de Yoko Kuno :


Bande annonce d’Hana et Alice mènent l’enquête :




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