Utopiales 2015 : Le film Interstellar est-il réaliste ?

Date : 22 / 11 / 2015 à 10h30

Présentation de la Conférence :

Le film Interstellar de Christopher Nolan a marqué l’année 2014, décrivant un voyage spatio-temporel près de l’horizon d’un trou noir et une perspective à la fois sombre et pleine d’espoir pour l’humanité. Ayant bénéficié des conseils d’un physicien, le film est-il aussi réaliste qu’il le prétend ? Les failles n’y sont peut-être pas que temporelles.

Examen clinique avec un maître du genre, Roland Lehoucq.

Roland Lehoucq est astrophysicien au CEA de Saclay et président de l’association du Festival International de Science-fiction de Nantes, Les Utopiales. Il a publié de nombreux livres et articles de vulgarisation scientifique. Il s’intéresse aux rapports entre science et science-fiction, analysant avec précision et humour des films comme Star Wars ou Avatar, décodant les pouvoirs de Superman et I. Il tient la chronique scientifique Scientifiction de la revue Bifrost et la rubrique Science et Fiction de la revue Pour la Science avec J.-S. Steyer.

Rencontre :

Résumer la présentation de Roland Lehoucq avec autant de pédagogie, d’humour et de passion pour mettre la science à porté de tous, serait bien difficile. Il a en effet écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique que nous vous invitons à découvrir (notamment : "Faire des sciences avec Star Wars").

Lors de cette première conférence des Utopiales 2015, il a ainsi décrypté de manière approfondie trois points fondamentaux du film Interstellar pour mettre en relief leurs cohérences et incohérences avec les paradigmes scientifiques actuels (manière dont les scientifiques conçoivent l’univers) : le trou noir « Gargantua », la planète « Miller » et la station spatiale « Cooper »

- Le Trou noir Gargantua :

M. Lehoucq, nous explique : Comment maintenir un vaisseau en orbite à proximité d’un trou noir ? Quel serait sa taille et sa vitesse de rotation ? Il montre ainsi quelles seraient les caractéristiques de ce trou noir pour provoquer les effets cités dans le film. Le conférencier prouve que ce film est bien basé sur la réalité des connaissances scientifiques actuelles sur les trous noirs, même si l’existence d’un trou noir correspondant à Gargantua est très hypothétique. Par ailleurs, on apprend ainsi que l’apparence et la position de Gargantua, telles que présentées sur l’affiche du film notamment correspondent à l’image que l’on peut se faire de trous noirs dans leurs compositions globales, ont été modifiés pour répondre à des besoins esthétiques (image plus symétrique et éloignée de la planète pour une meilleure vue d’ensemble).

- La planète Miller :

Interstellar fonde une partie de son intrigue sur une distorsion du temps liée à la proximité de « gargantua ». Cette distorsion, liée à une courbure de l’espace-temps par la matière est possible, mais le rapport de 1 heure pour 7 ans est très peu probable car il demande des circonstances très particulières.

De même, si le principe des marées explique le phénomène de « vague » de la planète, on peut se demander d’où vient l’eau qui crée la vague gigantesque à laquelle ils sont confrontés car ils sont toujours dans 40 cm d’eau (à l’arrivée d’une vague importante, la mer devrait se retirer, aspirée par la vague pour l’alimenter en eau comme dans le cas de Tsunamis).

L’esthétique souhaitée pour le film ne tient pas compte de certains éléments du réel : pour quitter une planète ayant une gravité bien plus forte que la Terre, ils utilisent un propulseur moins puissant que celui qu’ils ont utilisé pour quitter la Terre.

- La station spatiale Cooper :

Après un calcul de circonférence et de vitesse de rotation possible de cette station, Roland Lehoucq présente l’intérêt de la forme choisie pour représenter cette station.

Toutefois, il reconnait aussi un manque de cohérence visiblement en lien avec une volonté de convenir à une vie de type middle class américaine. Ainsi :
1) la culture du maïs, plante grande consommatrice d’eau est inadaptée dans un univers qui en manque
2) jouer au baseball ne serait pas possible, la balle ne pouvant pas suivre des trajectoires normales compte tenu de la force centrifuge notamment.

En bref, nous avons assisté à une conférence, riche en enseignement menée tambour battant par un passionné qui sait mettre à la portée du plus grand nombre des principes scientifiques fondamentaux permettant une autre lecture de ce film.

Merci M. Lehoucq…


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