Le Prince de Hombourg : La critique
En total décalage avec le monde de brutes de la fin des années quatre-vingt-dix (mais à fond dans la brutalité de la guerre), le film de Bellochio fut six fois nommé à Cannes pour ne recevoir aucun prix. Et cela explique peut-être, qu’en dépit de son indéniable qualité artistique, Il Principe di Hombourg, n’arrive sur les écrans qu’aujourd’hui, dix-huit ans après sa sortie.
Quel dommage d’avoir privé à l’époque le public, d’un fort bel esthétisme et d’une histoire, plutôt originale, interprétée avec un tel raffinement.
Certes, Le Prince de Hombourg reste encore décalé, de nos jours, et pourtant les sentiments qu’il incarne sont intemporels, universels.
Adapté d’un chef-d’œuvre du théâtre classique allemand signé Heinrich von Kleist, Le Prince de Hombourg met en scène une vision à la fois onirique et sombre des tourments de l’amour et de la guerre. "C’est pour chercher à ’voir’ que j’ai choisi ce drame romantique de Heinrich von Kleist, simplement parce que le héros, Hombourg, m’a donné la possibilité de voir au-delà de la réalité visible, jusque dans le ’ cœur des cœurs ’ des hommes. D’outrepasser les confins de la conscience et voir avec les yeux du subconscient." explique Marco Bellochio, qui s’entoure d’une distribution élégante, pas seulement grâce aux somptueux costumes.
Les comédiens plongés dans un autre siècle, jouent néanmoins de façon toute contemporaine, des sentiments d’un autre temps, des valeurs, qui pourraient sembler aujourd’hui incongrues et pourtant...
Ce qui donne à réfléchir dans le choix romantique du protagoniste de préférer la mort au déshonneur, nous plonge nous, spectateurs dans un étrange dilemme : Lui donner raison et accepter l’impensable, ou lui donner tort et le condamner tout autant, en ne respectant pas son raisonnement.
Un exercice qui rend le spectateur intelligent... dans le sens qu’il le pousse à entrer dans la tête du personnage, à concevoir sa vision de la vie et sinon à la partager, à saisir le rapport entre sa pensée et les conséquences de son choix.
Encore une fois, dans un autre temps, celui du romantisme, où la mort ne tenait pas tout à fait le même rang qu’à présent.
Marco Bellochio, auquel le Festival International du Film de La Rochelle rend hommage du 26 juin au 5 juillet, nous invite donc à un étrange voyage dans le temps et dans les âmes des plus intéressant.
Une épopée à la fois guerrière et introspective de toute beauté, réalisée avec soin, et un souci de l’image qui flatte l’œil.
Hors du temps.
SYNOPSIS
Le jeune prince de Hombourg, commandant de la cavalerie du Brandebourg pendant la guerre de Hollande, est en proie au somnambulisme. Une nuit, il ramasse un gant laissé par sa fiancée Natalia. Le lendemain, fasciné par la vision de ce gant, il n’écoute que distraitement les consignes militaires et, sur le champ de bataille, désobéit. L’oncle du prince, chef de l’armée, exige que son indiscipline soit punie de façon exemplaire…
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 25
Titre original : Il Principe di Homburg
Date de sortie, reprise : 1er juillet 2015 (première sortie 8 mai 1997)
Réalisateur : Marco Bellochio
Scénariste : Marco Bellochio
d’après la pièce de Heinrich von Kleist
Interprètes : Andrea Di Stefano, Barbora Bobulova, Toni Bertorelli
Photographie : Giuseppe Lanci
Montage : Francesca Calvelli
Musique : Carlo Crivelli
Costumes : Francesca Sartori
Décors : Gianfranco Fumagalli, Giantito Burchiellaro, Franco Fumagalli
Producteur : Piergiorgio Bellocchio jr, Marco Bellocchio, Albatros Film
Distributeur : Carlotta Films
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