Azzar’Hi : Rencontre avec le créateur de la figurine Aleksis Briclot

Date : 02 / 06 / 2015 à 10h30
Sources :

Unification


A l’occasion de la campagne Kickstater concernant la figurine Azzar’Hi dont Aleksis Briclot est le créateur, ce dernier a accepté de parler de son projet à Unification.

Début de la campagne : 27 avril 2015 - Durée de la campagne : 60 jours

Genèse du projet

En 2010, j’ai sorti mon premier art book qui était une anthologie de tous mes travaux, Worlds & Wonders. C’était une grosse vitrine de ce que j’avais fait et qui me permettait de présenter mes travaux dans divers domaines et médias comme les figurines, comics, jeux de plateaux, jeux vidéo… Pour le composer, j’ai dû faire un tri dans mes archives. Chaque élément est interdépendant du moment où j’ai créé l’œuvre et donc de la vie que je menais à cette période. Cela m’a permis de me pencher sur ma vie et son évolution, ainsi que sur mes désirs futurs.
Pour la couverture, j’ai fait un deal entre une nouvelle image accrocheuse et la synthèse de mon style.
Le livre est sorti et a bien marché. Une amie éditrice m’a même proposé à cette époque une adaptation en bande dessinée, mais je n’avais pas envie à ce moment-là de raconter une histoire. Je voulais faire quelque chose de plus intimiste, d’ancré dans le réel.

J’ai rencontré Cyril Marchiol le responsable de Tsume dans un festival en Belgique. Il m’a demandé une création originale, un bel objet, quelque chose de neuf qui serait aussi une création technique : une pièce qui se suffirait à elle-même, qui devrait claquer en tant que telle.
Au début j’étais sceptique car à l’époque le catalogue de Tsume n’était pas très développé. Il était surtout basé sur des figurines issues de manga avec des personnages ronds, épurés avec de grands aplats de couleur. Depuis ils l’ont beaucoup étoffé et ont gagné en qualité.
Cyril a beaucoup insisté et je me suis laissé convaincre.

Il ne fallait pas que le visuel de la figurine soit issu d’une franchise. Je me suis donc plongé dans mon art book et me suis inspiré de ma couverture.
C’est cette image qui a servi de point de départ pour la figurine qui m’a été commandée par Tsume, soit une créature mixte science-fiction / fantasy qui serait aussi un objet d’art.
J’ai eu beaucoup de travail et fait de nombreux croquis sur le personnage. J’ai inventé un background qui servirait de support à la technique de sculpture 3D. J’ai appliqué les mêmes techniques de recherche visuelle que pour la création d’un protagoniste de jeux vidéo.

Conception de la figurine

Il a fallu résoudre de nombreux problèmes techniques, se poser des questions sur le socle, la cape, le contexte et l’univers dans lequel le personnage évolue.
La figurine est créée à partir d’une idée de départ, mais il fallait que ce soit un projet viable avec un coût global maîtrisé.

Il y a eu de nombreux aller-retour entre Tsume et moi. On a parlé des contraintes physiques, de l’impression en 3D, du poids de l’objet, du choix des matériaux…
Par exemple la cape entraîne une ligne de force qui emmène le personnage vers l’avant. Un seul pied est en contact avec le support ce qui donne une impression d’énergie et de dynamisme. Mais la cape permet de circonscrire l’espace de l’objet dans une sorte de cadre et sert aussi de support à la figurine en en répartissant le poids. Le tout permet d’avoir une figurine qui n’est pas fragile.
Parmi nos problèmes techniques, on s’est aussi posé la question de faire passer une tige de métal dans la jambe afin de renforcer l’accroche avec le socle. En fait la cape nous a permis de trouver une solution plus élégante.
Pour le rendu des serpents, nous nous sommes posé la question de l’emploi d’une résine transparente. Nous avions peur que cela fasse un peu kitch et puis c’est délicat d’utiliser le translucide pour le travail de peinture qui doit accompagner la statue, donc nous avons décidé de faire un autre choix.
Mais on a gardé l’utilisation de la résine pour le socle qui est une alternance de matériaux et de hublots transparents.

Au début, j’ai fait un document graphique de 15 pages qui permettait de présenter le personnage de de côté, de face et de dos, ainsi que les roughs.
Puis le travail sur la figurine a été une concertation avec la tâche du sculpteur pour trouver un équilibre entre réalisme et beauté.

J’aime beaucoup dans la peinture que la partie principale soit chargée d’information comme le font les impressionnistes. J’apprécie qu’il y ait une partie plus graphique et évocatrice et que le reste soit suggéré, ce qui laisse la place à l’imagination. Mais dans le cadre d’une figurine, qui est un objet physique, il n’est pas possible de conserver des zones abstraites.

Les détails du personnage ont été très travaillés. Il y a eu des allers retours continus entre moi et le sculpteur qui me demandait des détails sur les motifs de l’armure, sur les rivets…
Au niveau où la cape fusionne avec le socle, on a laissé des zones un peu brutes, pas vraiment finies.
Au niveau du socle il y a aussi beaucoup de détails. On peut ainsi trouver des traces d’empreintes digitales pour donner une impression de finition à la main.
Il y a aussi une alternance de rythmes avec la peinture. On a de plus ajouté des traces d’usures et des imperfections sur la figurine. J’ai découvert que toutes ces manipulations supplémentaires étaient facturées en plus mais avec Tsume on a décidé de les faire. En effet, c’est important de montrer des traces d’usure sur l’armure, entre autre, ça rend l’univers du personnage plus plausible. Cela montre les différentes batailles dans laquelle le personnage s’est retrouvé et ça donne une idée de la genèse de l’univers d’Azzar’Hi.
L’usure permet de montrer que la figurine a du vécu, a un passé. C’est un objet unique qui doit se suffire à lui-même et ne doit pas montrer un côté trop aseptisé tout en restant crédible.

Nous avons eu de gros échanges avec le sculpteur au cours d’environ 15 sessions Skype de 1 à 3 heures. En effet il est sur Lyon et je suis sur Paris et nous avons échangé par écrans interposés. Nous parlions du travail sur la peinture, des concepts à faire passer, des motifs sur l’armure, des motifs sur la main, des boucles diverses. Au début il n’osait pas faire trop de manipulations car ce n’est pas comme la peinture. Si on la rate, on enlève tout et on recommence, mais si on ajoute des scratchs sur une armure, on ne peut pas l’effacer simplement. Mais au fur et à mesure, il s’est senti plus à l’aise et a proposé plein de choses.


Campagne Kickstarter

Lorsque nous avons eu le premier prototype, nous nous sommes demandé comment sortir la figurine car il y avait un véritable risque derrière. Le coût est élevé, sans compter l’investissement sur le travail déjà réalisé. J’ai travaillé sur le projet 3 à 5 mois à temps plein. Il faut aussi ajouter le travail du sculpteur, de la peinture, du packaging. C’est très coûteux, même pour Tsume.

Kickstarter permet de minimiser les risques. Cela fait parler du projet. En effet il s’agit d’une grosse figurine de 50 centimètres de haut et qui pèse 10 kilogrammes. Il y a donc des problèmes de stockage pour les boutiques qui voudraient la vendre et ne pourraient pas en avoir beaucoup en stock.

En plus sur Kickstarter, la figurine est vendue moins chère que le prix de sortie et il y a pleins de goodies associés.

On trouve sur Kickstarter une figurine à 400 euros. A partir de 250 figurines commandées à la société qui va les réaliser, cela fait diminuer le coût de production. Il faut donc trouver un équilibre entre coût et faisabilité.

La campagne Kickstarter dure 60 jours. C’est un gros travail qu’il a fallu fournir en amont et pendant cette campagne pour positionner Azzar’Hi sur Kickstarter.
Le projet peut se développer grâce au bouche à oreille. Il s’agit d’un financement participatif.
On peut supporter le projet à partir d’1 euro, puis en fonction de la somme investie on obtient différents goodies, jusqu’à des goodies originaux et bien sur la figurine qui sera livrée avec un livret collector de 36 pages, des autocollants et un tirage limité. Des goodies que l’on ne trouvera pas dans la boîte de la figurine lorsqu’elle sera en vente.
Evidemment après la campagne, si cette dernière atteint nos objectifs de 50 000 euros, il faudra réaliser tous les goodies sur lesquels nous nous sommes engagés.


Azzar’Hi et son univers

Azzar’Hi est un personnage assez sombre qui a une forte connexion avec la mort. Elle a un background fantasy avec une touche de science-fiction dans un univers qui a beaucoup de créatures et qui repousse les limites de la fantasy. Elle fait partie de la caste des teints à peau claire.

C’est une jeune orpheline qui a été recueillie par une caste de guerrières qui servent de guides à un monstre sans véritable conscience, une créature énorme mue par une faim insatiable qui dévore tout sur son passage, y compris des mondes entiers, le voile. Le voile est une créature spectrale sans contours délimités qui est un amalgame de créatures des abysses.
Après avoir offert son bras en sacrifice lors de son initiation, Azzar’Hi parcourt les univers pour diriger le voile. Le socle sur lequel elle se trouve est d’ailleurs une balise géante.
Cette caste secrète est conseillée par 3 parques. Des femmes qui rappellent en permanence que le voile est indestructible et qu’il faut lui trouver à manger au risque de voir leur propre société disparaître. Ces personnages bizarres tissent la matière qui permet de guider le voile à travers la galaxie. Elles-mêmes immortelles, et plus ambiguës que de prime abord, elles se nourrissent des éléments rejetés par le voile. Nourriture qui leur donne leur propre immortalité.

Azzar’Hi a des grandes sœurs qui font le même travail qu’elle. Elles sont toutes issues de la pop culture. L’une d’elle vient du steampunk, une autre du manga hi-teck robot et une autre encore du manga kawai. Mais chacune d’entre elles a un bras mutant géant qui remplace celui qu’elles ont sacrifié à leur caste. Un bras qui a son importance dans le guidage du voile.

Ce dernier se déplace dans l’espace en suivant les balises que déposent Azzar’Hi et ses sœurs qui peuvent ainsi influer sur son déplacement, comme si la galaxie était un immense plateau dans lequel des fils invisibles tiraient le voile vers son prochain site de destruction.
Evidemment les sociétés essayent de lutter contre cette menace qui apparaît et peut entraîner leur annihilation.
C’est la rencontre avec une jeune fille qui pourrait entraîner des perturbations insoupçonnables dans cette mécanique bien rodée. Cette adolescente qui a perdu sa mère d’un cancer et dont le père est enfermé en prison décide de fuguer et va avoir une certaine influence sur les créatures de la religion du voile.

Un background intéressant qu’Aleksis Briclot souhaiterait développer en format comics avec des sortes de cliffhanger à la fin de chaque volume, ce qui risque de donner une série particulièrement passionnante et visuellement très attractive.

Si la figurine fonctionne, cela permettrait d’allonger la collection et de travailler sur les sœurs d’Azzar’Hi avec des concepts de statues bizarres et surprenantes.

Avis sur la figurine

Azzar’Hi est une véritable merveille de réalisation. Colorée, dynamique, dégageant une véritable présence, la foule de détails que l’on découvre en se penchant dessus en font un objet magnifique. La finition d’une grande précision et le faible nombre d’exemplaires prévus à la vente transforme la figurine en véritable objet d’art que les collectionneurs de figurines et d’objets d’art ne devraient pas dédaigner.

Avec Azzar’Hi, Aleksis Briclot montre toute la palette de son grand talent et Tsume vise une nouvelle dimension, celle artistique.

J’espère que ce projet original trouvera son public sur Kickstarer et que la figurine pourra voir le jour.

Je suivrai aussi avec attention la genèse des futurs comics qui parlerons d’Azzar’Hi et de son univers. Nul doute qu’en mélangeant plusieurs univers visuels et un graphisme léché, ce soit une œuvre qui sorte vraiment de l’ordinaire qui voit le jour.

Communiqué de presse

Financement participatif pour la statue Tsume créée par Aleksi Briclot : Azzar’Hi

En juillet 2012, nous avons dévoilé un projet novateur et ambitieux : développer avec le talentueux Aleksi Briclot une statuette en résine d’exception, qui ne soit pas adaptée d’une licence existante, et dont l’esthétique et la technicité en ferait un bijou à même de satisfaire les collectionneurs les plus passionnés.

Le style graphique somptueux d’Aleksi se prête particulièrement bien à cette création mi-organique, mi-mécanique. Azzar’Hi est une créature onirique à l’aspect unique et tout le défi de notre côté consistait à préserver le style d’Aleksi en passant en trois dimensions !

La mise en couleur joue sur des contrastes et des effets de matières pour un résultat magnifique. Dès le début, l’idée était de proposer une pièce qui semble avoir une « histoire », un vécu plutôt qu’un objet intact qui sortirait tout juste de l’atelier !

Après près de trois ans d’attente, le projet Azzar’Hi HQS+ by Tsume arrive enfin dans sa phase finale. En effet, après avoir travaillé avec Aleksi Briclot sur le projet et présenté l’année dernière un prototype peint, il est temps de passer à la production.

Et pour cette étape, nous faisons appel directement aux fans. En effet, notre optique est vraiment de proposer un produit atypique, en dehors de tout univers déjà existant. Nous avons donc besoin du soutien de toute notre communauté, des fans de Tsume et des fans d’Aleksi Briclot.

Nous ouvrons un projet kickstarter ! La levée de fonds sera intégralement consacrée à prendre en charge les frais de production de la statue (et les frais inhérent au financement participatif). Nous avons mis en place une palette de récompenses variées pour permettre à tout le monde de nous aider, qu’ils veuillent la statue ou non. Nous comptons vraiment sur vous pour ce projet : il s’agit d’un pur trip artistique ! Nous espérons que le marché de la figurine peut aussi voir émerger ce genre de pièces.

L’aventure ne fait que commencer et c’est maintenant, plus que jamais, que nous avons besoin de votre soutien ! Rendez-vous sur la page Kickstarter pour plus d’information sur le projet et les récompenses liées aux paliers.

Information techniques

  • Nom de la statue : Azzar’Hi HQS+ by Tsume
  • Disponibilité : 2016
  • Échelle : 1/6e – Taille : 50 cm – Poids : 10 kg
  • Matière : Résine polystone
  • Tirage total : 250 pièces + 50 garage kits (non peinte, non montée)
  • Illustration d’origine : Aleksi Briclot
  • Sculpture : Cyril Farudja
  • Peinture : Guillaume Hémery
  • Supervision artistique : Cyril Marchiol
  • Objectif Kickstarter : 50 000€
Présentation d’Aleksis Briclot

Aleksi Briclot est un artiste brillant et accompli qui a touché à tous les domaines de la pop culture moderne : De Magic the Gathering avec la création des fameux Plainswalkers à Uncanny XFmen ou Merlin, en passant par Remember Me ou Vampire : The Requiem

Présentation de Tsume

Tsume est une entreprise spécialisée dans la conception et la vente de statuettes en résine en tirage numéroté. Tsume travaille sur les licences les plus prestigieuses de l’univers du manga et du jeu vidéo : Bleach, Fairy Tail, Naruto Shippuden, One Piece, Saint Seiya – Les Chevaliers du Zodiaque, Ultra Street Fighter IV et Dragon Ball Z.

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