Maggie : La critique

Date : 24 / 05 / 2015 à 16h08
Sources :

Unification


Maggie est un film qui parle de maladie, de mort et d’amour filial à travers une apocalypse zombie originale qui est plus un problème de santé publique qu’une horde de monstres assoiffés de vie jaillie d’un pitch de série B.

L’histoire se focalise entre la relation d’un père, homme simple et travailleur, et sa fille adolescente contaminée par une morsure dont l’issue est fatale à moyen terme. Dès les première images, on sait que le virus est létal et seule sa propagation lente permet aux infectés de se préparer à leur funeste destin et aux proches d’organiser les adieux et le départ de ceux qu’ils aiment. Certes l’apocalypse zombie rode en fond de scénario, mais c’est la vie au jour le jour des survivants et des nouveaux contaminés que l’histoire décrit. Un script qui va au-delà du film de genre pour flirter avec le drame et la sociologie tout en ne sombrant pas dans la mélancolie.

Henry Hobson réussi dans son premier film à maîtriser l’art de filmer un huis-clos intimiste sans donner au spectateur une sensation d’enfermement. Le choix des palettes de couleur qu’il utilise fait planer sur l’œuvre une impression de décadence et de fin de règne inexorable. La réalisation n’est jamais gaie, mais elle ne fait pas non plus ressentir une tristesse incommensurable, ce qui donne l’impression au spectateur d’assister à un spectacle puissant et émouvant. Le seul reproche que je pourrais faire à la mise en scène est l’emploi trop fréquent des gros plans qui fatigue un peu à la longue avec un effet zoom-dézoom qui fait parfois sortir de l’histoire.

Le film n’aurait pas d’âme sans ses acteurs. Abigail Breslin est très touchante dans le rôle d’une jeune malade qui aimerait éviter à sa famille le chagrin de sa dégradation et le risque qu’elle leur ferait courir lorsqu’elle serait au stade final de sa maladie, soit poussée par ses instincts primaires à attaquer et mordre tout ce qui vit autour d’elle. Elle interprète avec brio la dégradation de sa condition, aidée par un maquillage remarquablement appliqué qui donne vraiment l’impression que la vie quitte progressivement son corps.

Arnold Schwarzenegger est surprenant dans le rôle de son père. L’acteur attiré par le scénario qui faisait partie de la black liste d’Hollywood (liste des meilleurs scénarios que personne n’a encore réalisé) a décidé non seulement de jouer dans un film indépendant mais aussi de le produire. Le film permet ainsi de découvrir le comédien dans un rôle à contre-emploi dans lequel il n’écrase pas ses adversaires de ses poings et ne sort pas de répliques caustiques. Il livre ainsi la performance délicate et véridique d’un père prêt à tout pour sa fille. Un homme qui doit accepter qu’il y ait des éléments contre lequel il est impuissant pour protéger sa fille. Un rôle délicat, empreint d’une certaine douceur et impuissance dans lequel le célèbre acteur peut exprimer une sensibilité dont il n’a pas souvent fait preuve dans ses films précédents.

Joely Richardson interprète avec justesse le rôle délicat de la belle-mère d’une jeune fille qu’elle apprécie mais qui doit penser avant tout à ses enfants et sa famille que la présence de cette dernière met en danger. La progression du film lui permet d’exprimer son talent à travers un personnage de plus en plus inquiet et tiraillé entre son humanité et la réalité de la vie. Son protagoniste est d’ailleurs l’écho d’une société en pleine déliquescence qui doit faire des choix drastiques concernant ceux qui sont infectés pour la survie même des non contaminés.

Maggie prend le parti original de montrer une apocalypse zombie réaliste qui se fond dans une pandémie mondiale dans laquelle les humains eux-mêmes sont un vecteur de propagation actif. C’est à travers l’échelle d’une famille que le réalisateur a choisi de montrer le crépuscule d’une civilisation. On ne trouve pas vraiment de gore, et peu d’action dans un film préférant se focaliser sur l’amour d’un père et de sa fille. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente et renforce un propos sombre et inexorable. De plus les questions de la maladie chez les jeunes et de la fin de vie sont traitées avec élégance et justesse. Enfin le film est aussi l’occasion de découvrir un Arnold Schwarzenegger intimement blessé et émouvant qui risque de surprendre même ses détracteurs.

Un film original et sensible à découvrir non pas comme un énième film d’horreur mais comme une ballade à travers la vie et la mort de gens, comme vous et moi, qui s’aiment tout simplement.

SYNOPSIS

Dans le Middwest, une adolescente est contaminée par un virus qui transforme lentement ceux qu’il frappe en zombies cannibales. Son père refuse de l’abandonner. C’est une terrible épreuve qui les attend...

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 35
- Titre original : Maggie
- Date de sortie : 27/05/2015
- Réalisateur : Henry Hobson
- Scénariste : Scott John
- Interprètes : Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Laura Cayouette, Raeden Greer, J.D. Evermore, Dana Gourrier, Denise Williamson
- Photographie : Lukas Ettlin
- Montage : Jane Rizzo
- Musique : David Wingo
- Costumes : Claire Breaux
- Décors : Gabor Norman
- Producteur : Matthew Baer, Colin Bates, Trevor Kaufman, Pierre-Ange Le Pogam, Arnold Schwarzenegger, Joey Tufaro pour Silver Reel, Gold Star Films, Lotus Entertainment
- Distributeur : Metropolitan FilmExport

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



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