La tête haute : La critique
La tête haute est un film qui parle de sujets sensibles comme la déscolarisation, la petite délinquance, les mères célibataire et la violence qui pallie le manque de mots et d’amour.
Le scénario est très fidèle à la réalité. Fruit d’un labeur acharné et minutieux, il décrit au mieux le milieu des juges pour enfants, éducateurs spécialisés et centres dans lesquels les jeunes sont admis. Inspirée par son oncle éducateur, et les histoires qu’il lui a racontées, Emmanuelle Bercot cosigne avec Marcia Romano (la coscénariste de son court métrage Les Vacances) un scénario fort et crédible qui emprunte au documentaire la réalité de son approche.
C’est aussi un véritable hommage à ces femmes et hommes de l’ombre qui dévouent leurs vies et leurs forces à essayer de sauver des jeunes en difficulté. Jeunes parfois violents, voire criminels qui jouent rarement le jeu de se sauver eux-mêmes et d’accepter la main qu’on leur tend.
L’histoire est un beau témoignage du travail souvent ingrat mais parfois magnifique et gratifiant des juges pour enfants et éducateurs. Un monde souvent peu connu merveilleusement mis en valeur par des personnages charismatiques et imposants qui pourraient tordre le coup à certains clichés datés. Une bien belle parabole de l’enfer dans lequel on peut s’enfoncer et de l’espoir que ceux qui croient en vous peuvent vous apporter.
Emmanuelle Bercot filme La tête haute sans fioriture, préférant l’impact d’images dépouillées et réalistes à une mise en scène trop élaborée et sentimentale qui aurait nuit au propos qu’elle met en scène. Avec une très belle lumière de son compagnon Guillaume Schiffman, elle livre une œuvre sobre mais lumineuse dans laquelle les plans ne sont jamais sclérosés.
Le casting est à la hauteur d’un film social poignant et authentique. Catherine Deneuve incarne une magnifique juge pour enfants, solide, ferme et à l’écoute des jeunes en souffrance qu’elle voit défiler dans son bureau. Son talent est encore une fois impressionnant dans ce rôle délicat à incarner, d’autant que le film se déroule sur 10 ans et qu’elle se doit de garder une certaine constance tout en gardant son empathie pour le jeune qu’elle essaye de sauver.
Benoît Magimel est parfait en éducateur spécialisé qui doit aussi lutter contre ses démons intérieurs et ses failles pour essayer d’offrir à son protégé une meilleure vie et cela malgré son manque de coopération. Ses silences et ses regards sont plus qu’évocateurs et rendent son personnage non manichéen bien attachant.
Sara Forestier réussi le défi d’interpréter une mère tête à claque, qui est en partie la raison de la bascule de son fils dans la délinquance, tout en étant une femme qui aime profondément son enfant, même si elle ne sait pas toujours le montrer à bon escient. Elle s’approprie avec adresse ce rôle à priori antipathique pour en faire un personnage perdu, qui essaye de bien faire et s’en trouve du coup attachant malgré ses défauts.
Il y a bien entendu les deux jeunes de l’histoire. Une intense Diane Rouxel en jeune fille amoureuse et bien sûr Rod Paradot, le rôle principal de l’histoire. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est impressionnant pour sa première apparition à l’écran. Une entrée en force au sein du 7ème art à travers un personnage qu’il fait évoluer sur 5 ans entre mauvaises décisions, petites délinquances et explosions de violences incontrôlables. La scène de la rencontre avec son premier éducateur est d’ailleurs emblématique des capacités de l’acteur à faire preuve d’un engagement impressionnant. Rod Paradot est réellement marquant dans le film et pourrait confirmer l’éclosion de son talent si on lui en donne une nouvelle opportunité.
La tête haute est un très beau film sur un milieu peu montré, celui des juges pour enfants et des éducateurs qui tentent d’aider des jeunes en difficulté et d’en assumer leur éducation en cas de défaillance de leurs familles. Aidée d’une mise en scène travaillée et sobre, d’acteurs en état de grâce qui accrochent le spectateur à leurs personnages, c’est une magnifique histoire qui se joue devant nos yeux. Réelle, âpre et dure mais illuminée de moments de joies et d’espoir, c’est une œuvre qui ne laissera personne indifférent qui nous est contée.
Un beau film social à voir et à vivre. Bravo aux personnes qui œuvrent dans l’ombre pour apporter une lueur d’espoir au fond du cœur de jeunes en perdition. L’espoir est ce qui est resté au fond de la boîte de Pandore. C’est aussi ce qui pourrait aider les jeunes fermés à s’ouvrir au monde, à la vie et à l’amour.
SYNOPSIS
Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 59
Titre original : La tête haute
Date de sortie : 13/05/2015
Réalisateur : Emmanuelle Bercot
Scénariste : Emmanuelle Bercot, Marcia Romano
Interprètes : Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier, Raoul Fernandez
Photographie : Guillaume Schiffman
Montage : Julien Leloup
Musique : Éric Neveux
Costumes : Roxane Pronier
Décors : Éric Barboza
Producteur : François Kraus, Denis Pineau-Valencienne pour Les films du kiosque
Distributeur : Wild Bunch Distribution
LIENS
PORTFOLIO
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