Sex Criminals : La critique du volume 1

Date : 28 / 05 / 2015 à 08h10

Par : Christophe Dasse

Sources :

Unification France

Sex Criminals
Tome 1 - Un coup tordu

Un Bonnie & Clyde porté sur le sexe, mais pour la bonne cause !

Scénario : Matt Fraction
Dessin : Chip Zdarsky
Editeur : Glénat
Collection : Comics
Genres : Aventure, Sci-fi, Humour
Date de sortie : 15 avril 2014
Nombre de pages : 144
ISBN : 978-9782344008652
Format : 199 x 302 mm
Prix : 19.95 €

Suzie a un secret. Pour elle, le sexe arrête le temps, littéralement. Jon a un problème. Il déteste sa vie, son travail et cette satanée malédiction qui le rend exactement comme Suzie. Tout devait les séparer, à part cette drôle de condition face au sexe, et pourtant... Pour la première fois dans leurs vies respectives de solitaires endurcis, ils se retrouvent... ensemble ! Et ensemble, ils vont utiliser leur don de « geler » le temps grâce au sexe pour faire ce que tout jeune couple normalement constitué ferait : dérober des banques, en commençant par celle où travaille Jon. Avec l’argent récolté, ils pourront peut-être sauver la bibliothèque de Suzie !

Décryptage
Compliqué... Le récit de la vie de Suzie commence à un moment plutôt gênant, alors qu’elle va se faire choper par les flics avec Jon, tandis qu’ils sont en train de faire l’amour dans des toilettes (d’une banque qu’ils cambriolent, mais ça on le saura plus tard). Puis le récit remonte le temps pour retrouver Suzie toute jeune fille au moment de la mort de son père qui va faire basculer sa vie. Seule avec sa mère devenue dépressive et alcoolique, elle va raconter son enfance, librement, la découverte de sa sexualité, puis la découverte du sexe. Arrive son adolescence et la recherche d’informations essentielles pour elle sur ce que représente le sexe et ce moment véritablement suspendu dans le temps qui vient avec chaque orgasme. Et le récit décousu mais tellement bien pensé va d’avant en arrière, du passé au présent, d’arrière en avant. Puis Suzie cède la place à Jon dans la narration, l’âme sœur qu’elle rencontre par hasard mais qui devient comme une évidence. Et c’est à son tour de raconter ses expériences sexuelles puis de proposer à Suzie de braquer une banque (en transe) pour sauver la bibliothèque où elle travaille.

La BD propose une narration très originale, avec des dialogues ciselé et un humour très corrosif et de très beaux dessins. On est en présence d’une Suzie adulte narratrice qui s’invite sur les planches de son enfance. C’est sensuel mais jamais graveleux ou déplacé, c’est juste une tranche de vie de 2 êtres qui s’aiment et qui vivent une expérience sexuelle hors du commun. C’est tout bonnement un OVNI de la bande dessiné, l’histoire moderne des Bonny & Clide de l’orgasme, une histoire très excitante à suivre, difficile à lâcher. Un humour omniprésent qui se permet jusqu’à 3 pages de délire sur des droits musicaux non accordés de la chanson de Queen, Fat Bottomed Girls que chante Suzie à Jon. C’est plutôt osé, parfois politiquement incorrect mais c’est assez drôle parfois mais jamais irrespectueux. On parle de sexe et de tout ce qui tourne autour, de la magie de ce moment suspendu du temps. Et le dessin de type "cartoon" est pile poil ce qu’il fallait à cette histoire portée sur les personnages. Les effets de lumière des parties "orgasmes" sont justes remarquables et le reste colle magnifiquement à l’histoire.

Forcément, ça nous change des superhéros. Forcément, c’est assez étonnant que cette BD soit américaine, vu le puritanisme de des gens là. Forcément, c’est un hit là bas (de nombreux prix dont celui de "comics de l’année," pour le Time Magazine) et je pense que Glénat a vu juste en investissant dans cette œuvre qui ne laissera pas indifférents les lecteurs. Et forcément ce n’est pas à laisser entre toutes les mains. A dévorer sans modération, cette BD écrite par des spécialistes des héros en collants qui va très probablement se terminer en série télé. Mais finalement nos 2 héros ont aussi l’équivalent d’un super-pouvoir alors on ne s’éloigne pas tant que ça des sujets de prédilection de l’auteur.

Profitons-en aussi pour saluer l’excellent travail éditorial de Glénat qui une fois de plus nous propose un écrin de grande qualité pour cette BD qui ouvre une nouvelle ère dans les comics chez l’éditeur qui en profite pour changer la couleur de la tranche de ses albums comics (on passe du noir au blanc) ainsi que le format (un peu plus grand pour les 2 suivants et beaucoup plus grand pour celui-là). Les chroniques sur les 2 autres nouveaux comics, Lazarus et Drifter arrivent en suivant. Vous l’aurez compris cette BD est une totale réussite, un coup de cœur que nous conseillons vivement à ceux qui ont envie de fraicheur et de voir un peu autre chose.

ATTENTION ! POUR PUBLIC AVERTI !