Every Thing Will Be Fine : La critique

Date : 19 / 04 / 2015 à 13h09
Sources :

Unification


Every Thing Will Be Fine est un film d’une magnifique esthétique. Un spectacle visuel que le réalisateur a voulu tourner en 3D, l’idée de réaliser une œuvre normale en utilisant cette technique lui étant venue lors du tournage de Pina. Un film dramatique en 3D peut laisser perplexe, néanmoins c’est l’une des plus belles 3D que j’ai eu l’occasion de voir.

La photographie du film est un des plus grands atouts de l’œuvre. Cette dernière est somptueuse. Chaque élément est choisi minutieusement. Les déplacements des acteurs sont presque chorégraphiés pour ne pas empiéter sur le rendu 3D, mais donnent une impression de normalité confondante. Les travellings entraînent le spectateur réellement au cœur du film le faisant voyager, entre autre, en pleine tempête de neige, dans un champ ensoleillé ou une pièce sombre.

La lumière vient renforcer cette impression d’immersion totale. On a d’ailleurs l’impression de se trouver parfois devant des tableaux dans lesquels les personnages prennent subitement vie. Le visuel est bluffant et certaines scènes sont magistrales.

Le réalisateur s’est d’ailleurs fortement inspiré des réalisations du peintre américain Andrew Wyeth. Il a même mis en scène certains des tableaux en reprenant les éléments qui y apparaissaient. Admiratif des œuvres de cet artiste, Wim Wenders a beaucoup étudié la luminosité des peintures pour en imprégner son film. Et assurément, c’est une grande réussite.

Les acteurs sont très bons. James Franco porte le film sur ses épaules en interprétant cet homme responsable d’un accident mortel qu’il a du mal à digérer. L’acteur utilise souvent le silence pour faire passer son malaise, ses doutes, ses failles, mais aussi ses réussites et joies. Le silence est aussi l’apanage de Charlotte Gainsbourg en femme profondément blessée qui se reconstruit petit à petit et sait pardonner. Marie-Josée Croze joue sur un tableau plus positif et lumineux, entraînant James Franco vers des horizons plus favorables. Quant à Rachel McAdams, elle est très juste en femme qui essaye de sauver son couple.

Les personnages sont plutôt classiques, bien que très bien décrits. L’histoire d’un homme qui essaye de vivre malgré un évènement traumatisant n’est pas des plus originale. Mais c’est le traitement de la temporalité qui est le point fort du scénario. C’est d’ailleurs cet élément du texte de Bjørn Olaf Johannessen qui a poussé Wim Wenders à réaliser le film. Et en effet, ce tempo discontinu qui raconte l’histoire d’un homme sur une quinzaine d’années est très intéressant.

Néanmoins, si techniquement j’ai trouvé le film superbe, je n’ai pas réussi à avoir d’empathie pour les personnages. Non pas qu’ils ne soient pas bien interprétés, mais je ne me suis jamais sentie concernée par ces derniers. Certes, le protagoniste principal a du mal avec ses sentiments, mais attendre la dernière image pour ressentir quelque chose pour lui est un peu long.

Every Thing Will Be Fine est un très beau film qui devrait ravir les fan de Wim Wenders. Magnifique visuellement, inventif techniquement, très bien joué, il fera passer un très bon moment à ceux qui rentreront complètement dans les personnages. Les autres risquent peut-être de trouver les 2 heures du film un peu longues.

Une maestria visuelle que je conseille, une fois n’est pas coutume, d’aller voir en 3D.

En bonus, voici la retranscription des commentaires de Wim Wenders et de l’actrice Marie-Josée Croze sur la genèse du film.

Wim Wenders : La genèse d’Every Thing Will Be Fine a été assez longue car il s’agit d’un film de fiction.
Un jour, j’ai reçu un scénario par la poste. J’étais furieux car ce dernier est arrivé chez moi et pas au bureau comme normalement. J’ai alors remarqué que le paquet venait de Norvège et je me suis souvenu d’un jeune scénariste, Bjørn Olaf Johannessen, qui avait remporté un prix de scénario 3 ans plus tôt. J’étais dans le jury et je lui avais dit que s’il écrivait un nouveau scénario aussi bon, il pourrait me l’adresser et je lui ai donné mon adresse personnelle.
J’ai lu le scénario en entier et me suis empressé de le donner à mon producteur. C’est ce dernier qui m’a convaincu que je devais en tourner le film.
En ce qui concerne la 3D, j’ai eu l’idée de tourner un film normal en utilisant cette technique sur le tournage de Pina, un documentaire en 3D que j’ai réalisé. J’avais l’impression de découvrir un nouveau langage visuel avec la 3D qui permet de recentrer le film.

Marie-Josée Croze : j’étais étudiante aux beaux-arts et j’ai vu Les Ailes du désir. Ce film a changé ma vie ! Des années plus tard, j’ai reçu un mail de Wim Wenders qui voulait m’engager pour son prochain film, mais je n’étais pas libre car je préparais une pièce de théâtre et je tournais un film. J’ai donc dis non.
Puis je débarque à Montréal et vais dans le boulevard Saint Laurent, l’un des endroits historique de la ville. Je marche une heure et tout à coup je me retrouve face à face avec Wim Wenders et son producteur. Je ne le reconnais pas sur le moment et je pense à plusieurs réalisateurs différents.
Rentrée dans mon hôtel, j’appelle en pleine nuit mon agent et lui dit qu’il faut absolument que je fasse le film de Wim Wenders. Le lendemain il me recontacte et m’informe qu’il a organisé mon agenda, notamment concernant la pièce de théâtre, pour que je puisse le faire.

Wim Wenders : j’étais ravi que Marie-Josée Croze participe à mon film : c’est la douceur et l’intelligence incarnées !
Si j’ai choisi d’écrire Every Thing en deux mots c’est parce qu’Everything veut dire « tout va bien », alors qu’Every Thing indique que toutes les choses doivent aller bien. Cela indique l’esprit du film.

SYNOPSIS

Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l’épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, et alors que ses relations volent en éclats et que tout semble perdu, Tomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption : sa tragédie se transforme en succès littéraire. Mais au moment où il pensait avoir passé ce terrible événement, Tomas apprend à ses dépens que certaines personnes n’en ont pas fini avec lui...

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 55
- Titre original : Every Thing Will Be Fine
- Date de sortie : 22/04/2015
- Réalisateur : Wim Wenders
- Scénariste : Bjørn Olaf Johannessen
- Interprètes : James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel McAdams, Robert Naylor, Patrick Bauchau, Peter Stormare, Lilah Fitzgerald
- Photographie : Benoît Debie
- Montage : Toni Froschhammer
- Musique : Alexandre Desplat
- Costumes : Sophie Lefebvre
- Décors : Emmanuel Fréchette
- Producteur : Gian-Piero Ringel pour Neue Road Movies
- Distributeur : Bac Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



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