Le tournoi : La critique

Le tournoi est un film intéressant sur le milieu des joueurs d’échecs. Le film se focalise sur la vie au cœur d’un tournoi d’échecs qui se déroule sur 7 jours dans un grand hôtel à Budapest.
L’œuvre a le mérite de parler d’un milieu peu montré au cinéma et de se concentrer sur un jeune joueur surdoué et immature qui va connaître doutes et appréhensions au fur et à mesure du passage des jours.

La réalisatrice, Elodie Namer, est aussi la scénariste du film. Fascinée par cet univers de jeu, elle s’est investie intensivement dans les échecs pendant 6 mois avant de passer 1 an à faire des tournois. C’est l’ambiance, le travail, les codes, les combats devant un échiquier, la pression des tournois, l’exaltation des victoires et la rage des défaites qu’elle a voulu montrer dans son scénario. Ce dernier a d’ailleurs été soumis à la relecture critique d’un joueur professionnel d’échecs qui apparaît dans le film comme l’un des amis du personnage principal : Fabien Libiszewski.
L’autre point fort du scénario est la dénonciation du machisme régnant dans le milieu professionnel des joueurs d’échecs. Il est en effet difficile de faire sa place dans un tel environnement quand on est une femme. Par exemple, le père de Judit Polgár, considérée comme la meilleure joueuse d’échecs de tous les temps, lui a toujours interdit de jouer dans des tournois féminins dont il considérait le niveau comme trop faible.

Les parties d’échecs sont le véritable cœur du film. Elles ont été créées par des joueurs professionnels et ont été apprises par cœur par les acteurs. La façon dont elles sont filmées met les joueurs à l’honneur, mais la caméra se polarise aussi sur l’immense salle dans laquelle des dizaines de parties simultanées se déroulent. Cette mise en scène des parties permet d’être complètement immergé au cœur de la compétition. Certains travellings donnent le vertige devant toutes ces personnes alignées autour d’échiquiers.
La mise en scène est moins réussie quand elle se concentre sur les personnages ou les moments où ces derniers font la fête. Le choix de cadrages qui tanguent pour montrer la déconfiture intérieure du jeune surdoué des échecs n’est pas toujours du meilleur effet. La lumière parfois psychédélique de la piscine, lieu de soirées débridées, donne de belles images mais n’est pas toujours convaincante.

Les acteurs sont plutôt bons, notamment le couple d’acteur incarné par Michelangelo Passaniti et Lou de Laâge. C’est un peu dommage que les personnages soient parfois un peu trop caricaturaux. Retrouver Fabien Libiszewski, le véritable joueur d’échecs, dans un rôle de joueur qui a du mal à gagner ses parties, est plutôt amusant, bien que ce dernier se sorte joliment du rôle qu’on lui a alloué.
Magne-Håvard Brekke est glaçant en grand maître d’échecs autocratique et intransigeant.

Le tournoi est un film intéressant sur un sujet peu traité. Le milieu d’un grand tournoi d’échecs est bien retranscrit et les parties sont souvent passionnantes. La première réalisation d’Elodie Namer n’évite pas quelques écueils, notamment une mise en scène pas toujours réussie et des personnages un peu trop caricaturaux. Mais l’admirable énergie de certaines scènes, une ouverture saisissante et une très belle fin en font un spectacle qu’il est plaisant de découvrir.

Un film qui devrait ravir les amateurs d’échecs et faire passer un bon moment à ceux qui ne sont pas adeptes dudit jeu.

7 jours de tournoi dans un grand hôtel à Budapest.
Un favori : Cal Fournier, 22 ans, champion de France d’échecs, génie immature, programmé pour la victoire, combat ses adversaires avec une puissance impressionnante. Déconnecté du monde, Cal se noie dans les jeux et paris permanents avec sa petite amie Lou et ses acolytes Aurélien, Anthony et Mathieu.
Mais un adversaire pas comme les autres va enrayer cette routine bien huilée…

 Durée du film : 1 h 23
 Titre original : Le tournoi
 Date de sortie : 29/04/2015
 Réalisateur : Elodie Namer
 Scénariste : Elodie Namer
 Interprètes : Michelangelo Passaniti, Lou de Laâge, Magne-Håvard Brekke, Adam Corbier, Fabien Libiszewski, Thomas Soliveres, Aliocha Schneider, Viktoria Kozlova
 Photographie : Julien Poupard
 Montage : Nicolas Desmaison, Julien Ouvrard
 Musique : Aurore Meyer-Mahieu
 Costumes : Joan Bich
 Décors : Emmanuelle Cuillery
 Producteur : Lola Gans pour 24 mai production
 Distributeur : Diaphana Distribution

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