A trois on y va : La critique

Date : 24 / 03 / 2015 à 13h24
Sources :

Unification



Si vous craignez d’assister à une banale et énième histoire d’adultère sur fond de militantisme libertaire, allez quand même voir ce film : Jérôme Bonnell vous surprendra. Vous n’entendrez pas de grande vérité naïve et culpabilisante. Vous ne verrez ni vulgarité, ni violence, ni jugement grossier. Vous ne verrez pas non plus de manipulateur ou de manipulatrice. Désolée, vous n’assisterez pas non plus à des scènes de sexe repoussant les limites des acteurs. Ce 6ème long métrage de Bonnell nous invite par l’image, les mots, les silences, la musique, l’humour à parler d’amour avec retenue, pudeur, humilité et humanité. 1h26 minutes de délicatesse et d’élégance qui porte et transporte. Un film frais, dynamique, riche et profond à bien des niveaux.

Il s’agit d’une comédie. L’humour, manipulé avec finesse, est très présent. Il s’adresse aux spectateurs, en particulier au cours des plaidoiries de Mélodie (Anais Demoustier) jeune avocate. Et également, reflète la joie de vivre des personnages.

C’est sincère et authentique. Un film se fabrique bien entendu, pourtant on s’amuse si naturellement qu’on a parfois l’impression de faire partie de l’entourage.

L’alchimie des personnages à l’écran se retrouve dans la complicité des acteurs réunis en conférence de presse. L’énergie et le côté pétillant d’Anais Demoustier nourrit Mélodie toujours dans l’action et qui se débat tant bien que mal avec ses émotions.

Le mystère et l’intensité que dégage Sophie Verbeeck rend Charlotte irrésistible. Sa difficulté à aimer ne se justifie pas. Elle nous autorise non pas à la percer à jour mais simplement, par endroit, à percevoir son besoin de s’épanouir autrement. Charlotte chante et le charisme de Sophie Verbeeck opère. Il sera question pour elle de source, d’horizon et de vie.

Félix Moati est très touchant. Il offre au personnage de Micha beaucoup de sensibilité, lui apporte énormément de justesse, de sincérité, de pureté même. Pourtant, le mensonge est au cœur de la relation triangulaire. A ce sujet, Micha aura une phrase à la fois lucide, candide et sage : « c’est la vie qui est diabolique ». Et il est crédible, on ne maîtrise pas tout.

Le choix du trio, celle d’un couple qui se trompe avec la même personne, sous forme de comédie, avec une variation de tonalité, est une idée de longue date du réalisateur. De ce trio très contemporain émerge l’innocence que peut revêtir l’attirance et le désir. C’est pour cette raison, précise Jérôme Bonnell, que l’histoire est ancrée dans la jeunesse. Pourtant, les perturbations que subissent les personnages peuvent survenir à différent moment de la vie. On peut à tout âge, sans intention pernicieuse, être cueilli par l’émotion d’une rencontre. On peut également à l’image de Charlotte (Sophie Verbeeck) perdre son emploi ou avoir envie de réinventer sa vie. Ou bien, à l’image de Micha (Félix Moati) penser que sa vie est sur les rails et être dérouté ; et comme Mélodie (Anaïs Demoustier) faire face à des situations professionnelles complexes. En cela, ce film revêt un caractère intemporel.

Ce trio apparaît également comme le reflet d’une seule personne, saisie finement à différents moments d’une vie : un début de carrière déstabilisant pour Mélodie, un moment de questionnement existentiel pour Charlotte, la fin d’une histoire amoureuse prometteuse pour Micha. Mélodie fait d’ailleurs le lien entre Charlotte et Micha jusqu’à ce qu’ils ne fassent qu’un.

Ce trio est porté par une incroyable liberté. Seule la scène du mariage religieux filmée en gros plan, décidé lors du montage, lui oppose une limite. La doctrine religieuse exclut totalement le trio et également le duo Mélodie/ Charlotte. Le réalisateur précise que le choix de positionner cette scène dans une église n’était pas pensé. C’est intéressant, un mariage civil n’aurait pas provoqué les même émotions et ne se serait pas opposé au trio pour les même raisons.

Intimement contemporain, infiniment intemporel, ce film m’a ouvert la porte de l’univers de Jérôme Bonnell dont je ne connaissais pas le travail. L’homme dégage autant de qualité que ce 6ème film. Sa vision du cinéma est proche de la définition que je me suis faite d’une démarche artistique : à l’extrême maîtrise que peut être le travail de création succède le non contrôle total de l’appropriation par un public de l’objet sensible et esthétique réalisé. Alors, les mots ne suffisent plus. On ressent.

A trois on y va ou l’inconscience courageuse et poétique de joliment nous parler d’amour.

SYNOPSIS

Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi ! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 26
- Titre original : A trois on y va
- Date de sortie : 25/03/2015
- Réalisateur : Jérôme Bonnell
- Scénariste : Jérôme Bonnell
- Interprètes : Anaïs Demoustier, Félix Moati, Sophie Verbeeck, Patrick d’Assumçao, Olivier Broche, Laure Calamy, Hannelore Cayre, Claire Magnin
- Photographie : Pascal Lagriffoul
- Montage : Julie Dupré
- Musique : Mike Higbee
- Costumes : Carole Gérard
- Décors : Eugénie Collet, Florence Vercheval
- Producteur : Edouard Weil pour Rectangle Productions
- Distributeur : Wild Bunch Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



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