White Shadow : La critique

Date : 05 / 03 / 2015 à 10h48

Par : Dominique Bleuet

Sources :

Unification

Avertissement : certaines images peuvent choquer.

"Une oeuvre de fiction, profondément ancrée dans la réalité"... c’est ce qu’a voulu nous livrer Noaz Deshe. Et c’est bien ce qu’il a réalisé. A la fois éprouvant et informatif le récit est parfaitement mis en scène pour que le spectateur se sente littéralement immergé dans l’action. C’est violent, difficile, mais cela exerce une sorte de fascination qui pousse le public à rester jusqu’au bout. Même si dans certaines régions du globe, ces images auront de quoi choquer, elles interpellent sur les différences culturelles qui nous opposent à certaines civilisations encore sous le coup de la superstition et la magie.
Magie noire, sorcellerie, tout un univers qui nous échappe et donne à ce film toute sa force, en suscitant la curiosité. Plus, on se sentirait presque envouté.

On pourra s’élever contre ces pratiques odieuses et meurtrières... on ne comprendra pas. Pour autant Noaz Deshe ne juge pas, il montre. A nous d’en penser ce que l’on veut. Ce que l’on peut.

Impressionnant de réalisme, le film frise le documentaire tant l’interprétation est naturelle et le maniement de la caméra proche des protagonistes. On a l’impression de se trouver au côté d’un reporter en pleine action.

Habillé d’une bande sonore sophistiquée, dont la musique "reflète la condition d’Alias, extérieure comme intérieure, pour faire écho à son personnage"... selon le voeu du réalisateur, ce film est une bouleversante évocation d’une Afrique méconnue, qui mérite qu’on s’intéresse à elle, autrement que par la voie du documentaire.
Cette fiction qui pourtant s’en éloigne de peu, offre un regard nouveau, un angle et un point de vue rarement utilisés dans ce coin du monde.
C’est assez terrifiant et on frissonne parfois d’horreur.
Mais le film a l’avantage de forcer l’intérêt et de donner à réfléchir.
Cela pourrait-il pousser les dirigeants à résoudre le problème ? On aimerait bien.

Impressionnant.

SYNOPSIS

Alias, un jeune albinos tanzanien, se réfugie chez son oncle, Kosmos, chauffeur de camion, après avoir été témoin du meurtre barbare de son père. Alias apprend vite les lois de la ville. Il vend des lunettes de soleil, des dvd et des portables. Il est proche d’Antoinette, la fille de Kosmos, au grand dam de celui-ci. Il va aussi vite être remarqué pour la couleur de sa peau.

<< Les albinos ne meurent pas, ils disparaissent. >>

En pleine modernisation, certains pays africains, essentiellement de l’est (La Tanzanie, le Congo, le Kenya et le Burundi) croulent pourtant toujours sous le poids de superstitions d’un autre temps. En se documentant sur la Tanzanie, Noaz Deshe découvre des croyances tribales dévoyees, sur fond de peurs ancestrales et de magie noire, à l’origine de trafics d’organes. Entre 2008 et 2010, on dénombre dans cet état 200 assassinats et des centaines de disparus.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 55
Titre original : White shadow
Date de sortie : 11 mars 2015
Réalisateur : Noaz Deshe
Scénaristes : Noaz Deshe, James Masson
Interprètes : Hamisi Bazili, James Gayo, Salum Abdallah
Photographie : Noaz Deshe, Armin Dierolf
Montage : Noaz Deshe, Xavier Box, Robin Hill, Nico Leunen
Musique : Noaz Deshe, James Masson
Costumes : Sandra Leutert, Caren Miesenberger
Décors : Smith Kimaro, Deepesh Shapriya
Producteur : Shadoworks, Asmara Films
Distributeur : Premium Films