Félix et Meira : La critique
"Félix est un hurluberlu francophone sans le sou, dont le père fortuné est mourant. Meira, juive hassidique mariée et mère d’un enfant, à la recherche de nouveauté. Ils s’amourachent l’un de l’autre. Félix et Meira est l’histoire d’un amour impossible entre deux êtres à part qui veulent s’abreuver de ce qu’ils ne connaissent pas, deux êtres issus de deux communautés distinctes, fermées et ouvertes à leurs façons, deux communautés qui entreront en conflit et qui tenteront de s’apprivoiser." explique Maxime Giroux qui s’est inspiré de son expérience personnelle d’habitant du Mile End. Un quartier multiethnique de Montréal dans lequel il a emménagé, alors qu’il avait à peine trente ans, lors de la préparation du tournage de son premier long métrage. Fasciné par la communauté Hassidique, il en est venu à faire des recherches et à réaliser Felix & Meira
C’est un film à la fois très tendre et très intelligent que j’ai vu là. Qui tombe à point nommé en ces temps troublés, pour nous faire comprendre ce que signifie "appartenir à une communauté". En choisissant l’une des plus rigoureuses, l’auteur fait mouche. Et pose la question du choix. De ses croyances et de la manière dont on veut (ou peut) les vivre. A la lueur des derniers évènements en France, et ailleurs, c’est un excellent outil de réflexion.
C’est aussi un film remarquablement interprété et mis en scène.
Les comédiens sont convaincants et très touchants, dans chacun des rôles.
On se demande finalement, qui de Meira ou de son mari est le plus enfermé. Elle, au moins, va oser...
L’histoire est racontée simplement, sans fioriture, sans exagération. Le ton est juste. Personne n’est jugé, ni ne juge... C’est comme ça. Les personnages sont face à leurs responsabilités. Et si un temps de violence dérisoire est compréhensible dans la réaction de l’époux bafoué, il est vite contrebalancé par l’intelligence que mettent les protagonistes à s’entendre... au nom de l’amour. Qui ici finit par prévaloir.
Mais pas sans mal. Pas sans "dommage collatéral"... Personne n’a raison ou tort dans l’affaire... chacun doit suivre sa route et admettre son destin. Un petit côté fataliste, qui n’a rien de triste. Au contraire.
La réflexion se fait tout en finesse et avec élégance. Pas toujours besoin de sang et d’explosion pour faire comprendre l’extrémisme... L’orthodoxie, qui confine au sectaire est une illustration tout aussi efficace, même si la violence est plus intime et les larmes cachées.
J’ai particulièrement apprécié l’aspect universel du débat, traduit par la question de Meira à la fin : "Où est-ce qu’on va aller ?" Car après avoir quitté le Canada et New York, et ses quartiers Hassidiques et fait escale à Venise, ce couple qui ne veut appartenir à nul autre que lui-même, est confronté à la difficulté d’être accepté, dans un pays qui l’accepte tel quel, dans sa différence et sa diversité.
On lui aurait bien conseillé la France jusqu’à maintenant... et peut être plus encore aujourd’hui.
Excellent.
SYNOPSIS
Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache. Son seul souci, dilapider l’héritage familial. Elle est une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’un enfant, s’ennuyant dans sa communauté. Rien ne les destinait à se rencontrer, encore moins à tomber amoureux.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1h 45
Titre original : Felix & Meira
Date de sortie : 4 février 2015
Réalisateur : Maxime Giroux
Scénaristes : Maxime Giroux, Alexandre Laferrière
Interprètes : Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky
Photographie : Sara Mishara
Montage : Mathieu Bouchard-Malo
Musique : Olivier Alary
Costumes : Patricia McNeil
Décors : Louisa Schabas
Producteur : Metafilms
Distributeur : Urban Distribution
LIENS
PORTFOLIO
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