Paradise Lost : La rencontre avec Andrea Di Stefano et Dimitri Rassam

Date : 18 / 03 / 2015 à 10h48
Sources :

Unification


A l’occasion de la sortie de Paradise Lost en DVD et Blu-ray le 19 mars 2015, venez découvrir la rencontre que nous avons eue lors de la projection du film à l’issue de laquelle nous avons pu rencontrer le réalisateur Andrea Di Stefano et le producteur Dimitri Rassam, qui nous ont parlé du film et ont répondu aux questions du public.

Vous pouvez retrouver la retranscription de la rencontre ci-dessous.

Pourquoi cette histoire sur Pablo Escobar ?
Andrea Di Stefano : elle est inspiré d’une histoire vraie. C’est un flic italien qui m’a parlé de la partie concernant le trésor. Je voulais aussi parler d’un voyage dans un des plans du criminel. Je trouve la psychologie criminelle fascinante. Mon film, c’est aussi l’histoire d’un homme en face du mal. Je voulais filmer la descente aux enfers de mon personnage. J’adore la tragédie grecque ainsi que l’opéra italien, comme Verdi ou Puccini, et m’en suis inspiré.

Est-ce pour vous une manière détournée de parler de l’Italie et de la mafia ?
Andrea Di Stefano : je suis cinéphile et viens d’Italie. Je suis d’origine sicilienne. Je trouve intéressant d’explorer le côté positif de Pablo Escobar, et d’en montrer sa dimension humaine. Je ne voulais pas seulement faire un biopic mais montrer aussi la fascination de son côté positif. Car Pablo Escobar avait beaucoup de charisme. Il me fallait un point d’entrée pour suivre l’histoire du film.
J’ai fait un film documentaire en Sicile dans la rue avec des non comédiens. C’était environ trois mois avant le tournage de Paradise Lost. Dans le casting il y avait quelqu’un de très sympathique. Puis j’ai découvert qui il était : mêlé à la mafia. C’était un conflit, À quel moment m’échapper ? Même si on est copain avec quelqu’un, quelle est la limite du copinage ? C’est aussi cette idée que j’ai voulu développer dans mon film.

Est-ce que la déconstruction de l’histoire dans votre film était prévue telle quelle dans le scénario ?
Andrea Di Stefano : oui, je me suis inspiré de la tragique grecque. Je voulais le début sur Pablo Escobar jusqu’à ce qu’il dise au personnage « tu vas tuer ». Puis vient le retour en arrière. Ce qui est intéressant c’est de découvrir s’il va le faire. On m’a dit : dans les trois premières minutes tu mets ce que tu veux car les gens vont suivre. Je voulais une ouverture théâtrale : le destin, la prière de Pablo Escobar pour qu’il soit, ainsi que son clan, protégé par Dieu. Ça forme comme une boucle avec la fin du film, comme un cercle. Je suis né à Rome d’un père sicilien et d’une mère catholique donc je connais la religion. En démocratie tout le monde a un contact avec Dieu d’une façon ou d’une autre.

Quel est le travail de Benicio Del Toro pour appréhender son personnage ?
Andrea Di Stefano : Pablo Escobar était un très bon père de famille, très généreux avec ses proches. Il a fait beaucoup de charité et construit des quartiers entiers. Ces derniers on pu loger environ 100 000 personnes. J’ai voulu raconter les deux faces de la médaille, avec un début plus lumineux puis dévoiler le côté sombre du personnage. Toutes les choses personnelles comme celle de son anniversaire dans la piscine sont vraies. Je me suis inspiré de livres et de cassettes vidéo, car il aimait se faire filmer pendant ses week-ends.

Lors de l’écriture du scénario, aviez-vous déjà une idée du casting ?
Andrea Di Stefano : je me souviens de la tête que faisait Pablo Escobar, et surtout de son regard, dans la vidéo qui le filmait en train de regarder le match de son équipe de foot, dont la victoire a été volée par un arbitre corrompu. C’était le regard d’un homme décidé à faire tuer l’arbitre. Un rapport issu du travail de FBI a d’ailleurs classé Pablo Escobar comme tueur en série et non pas simple narcotrafiquant.

Dimitri Rassam : Il y a aussi une autre dimension dans le rôle. Benicio Del Toro a du charme. Le spectateur doit tomber sous la séduction de Pablo Escobar.
J’ai rencontré Benicio Del Toro il y a trois ans. J’ai commencé le travail sur le film il y a un an et demi, et j’ai mis un an pour l’avoir dans mon casting. Benicio Del Toro a cette folie dans le regard. Il n’a pas besoin de faire peur car tout est dans le regard.

Andrea Di Stefano : Il a pendant tout le tournage habité complètement son personnage. Il a respiré son personnage.
Pablo Escobar est très controversé et Benicio Del Toro réussit à le rendre aimable aussi bien qu’inquiétant. Il n’y a pas beaucoup d’acteur capable d’une telle prestation.

Comment Josh Hutcherson est arrivé sur votre film ?
Andrea Di Stefano : je l’avais rencontré sur le tournage d’Hunger Game à Atlanta. Il avait 17 ans, une certaine pureté et une grande joie de vivre. Il a commencé à travailler à neuf ans comme comédien. Il a appelé de lui-même un agent pour lui dire qu’il voulait devenir acteur. C’est un homme qui a la générosité parfaite pour le rôle de Nick.

Dans votre film, la musique est parfois pesante et mélancolique. Comment avez-vous fait le choix du compositeur ?
Andrea Di Stefano : j’ai vu Valse avec Bachir et j’ai trouvé la musique très belle. Je voulais pour mon film qu’on s’éloigne d’une musique pop et qu’on se rapproche du classique. D’où le choix d’une musique orchestrale qui se rapproche plus du classique.

Vous faites un film sur Pablo Escobar et vous ne traitez ni de drogue, ni de cartel, ni de trafic. Pourquoi ce choix ?
Andrea Di Stefano : je n’étais pas intéressé pour faire un biopic sur Pablo Escobar, mais j’ai voulu être très fidèle à sa folie, à son modus operandi. Il s’est retourné contre les gens les plus proches de lui, et à la fin s’est retrouvé tout seul. Pablo Escobar ne faisait pas tuer seulement une personne, mais toute sa famille et même son chien. Il y a beaucoup d’histoires sur les gens qui préféraient se livrer à lui afin d’épargner toute leur famille.

Dimitri Rassam : Pablo Escobar était déjà installé. Nous voulions un point de vue sur son intimité. Tout le film porte sur la corruption de l’âme. Dès la première image on voit le cheminement du personnage. C’est un film et pas un documentaire.

Andrea Di Stefano : son argent venait de la cocaïne. C’était très naturel pour lui ce qu’il faisait. Avant 1983 il y avait 5 fois plus de condamnation à la prison pour la marijuana que pour la cocaïne. Tout le monde savait que Pablo Escobar était un trafiquant de drogue. Nous voulions faire un film sur un aspect inattendu du personnage. Dès ma première rencontre avec le producteur, nous avons décidé de faire un film sur Pablo Escobar sans parler de la drogue.
Nous voulions raconter le mal incarné par cet homme. Il a inventé le narco-terrorisme. C’était une tête criminelle surdimensionnée.
Nous voulions raconter le chemin de cet homme qui a fait cacher son trésor par des gens honnêtes puis les a fait tuer. A l’heure actuelle, le trésor de Pablo Escobar est encore recherché.

Dimitri Rassam : Pablo Escobar achetait tout que qui était le plus cher. Il avait une multitude de caches. En 1985, c’était le 6ème homme le plus riche du monde.
C’est le premier film d’Andrea, mais pas le film qu’on attendait car ce n’est ni un biopic, ni une histoire vraie. C’est un mélange, mais tout ce qui concerne Pablo Escobar est vrai car le réalisateur s’est ultra-documenté sur lui.

Andrea Di Stefano : J’ai rencontré un agent du FBI. Il m’a fait écouter un enregistrement de Pablo Escobar dans lequel il parlait à sa femme au téléphone. C’est ce qui a inspiré son coup de téléphone à sa mère dans l’hacienda dans le film. On y entend un hurlement et quand elle lui demande ce qu’il se passe, il lui répond qu’il n’y a rien.
Pablo Escobar disait aux gens « tu vas mourir ».

Dimitri Rassam : il ne respectait pas son propre code. La violence dans la réalité était souvent là, mais nous l’avons peu présentée dans le film. Nous étions plus dans une démarche de film d’auteur. Dès la lecture du scénario Benicio Del Toro a dit OK. Puis il a pris 30 kg pour interpréter le personnage.
Le film peut aussi marcher même si Pablo Escobar n’est pas connu car derrière il y a une véritable histoire.

Est-ce que le sous-thème du film est la prison ? En effet Pablo Escobar se fait emprisonner par choix et Nick le jeune surfeur se trouve lui-aussi emprisonné par ses choix.
Andrea Di Stefano : non, ce n’était pas un sous-thème que nous voulions exploiter. Pablo Escobar s’est construit une prison. Mais son emprisonnement marque aussi la fin de son pouvoir. Il savait qu’il était en guerre contre les États-Unis. De plus il était en confrontation avec les cartels Colombiens. C’était aussi pour lui un moyen de s’échapper que d’aller en prison. Il avait pris soin avant de cacher son argent.

Dimitri Rassam : Dans le film, Nick est à la recherche d’un absolu puis il réalise progressivement ce qui lui arrive. Il est aveuglé par l’amour et ce qu’il voit de Pablo Escobar.
Le destin est l’une des grosses thématiques du film.

Est-ce que vous avez été inspiré par des films de gangsters ?
Andrea Di Stefano : oui, Le parrain qui est un film sur la mafia m’a inspiré. C’est un tueur, mais les gens l’aiment. Je peux aussi citer comme influence, L’ange ivre d’Akira Kurosawa, ainsi que le cinéma italien et celui de Scorsese.
Je me suis inspiré de films de cinéma fais en studio, mais nous avons beaucoup tourné dehors.

Dimitri Rassam : le problème du film était la pellicule. Elle était envoyée de l’endroit où avait lieu le tournage et devait passer par Amsterdam pour arriver à Paris, cela en raison du coût de transport moins cher qu’avec un vol direct. Les caisses étaient ouvertes par les douaniers et on a eu une pellicule voilée.
Pour en revenir au film, le ressort humain exploré dedans dépasse le stéréotype. C’était notre choix de faire du cinéma. Nous avons porté le film pendant 5 ans et demi.

Quelle est votre scène préférée ?
Andrea Di Stefano : la scène de la chambre quand Pablo Escobar rencontre Nick après que ce dernier lui ait été présenté par sa nièce.

Dimitri Rassam : la scène dans laquelle Pablo Escobar lit le Livre de la Jungle. Elle a été tournée lors de la première semaine de tournage. Je peux aussi citer la scène d’ouverture dans la jungle.
Micke Moreno, qui joue le jeune Martin, s’est aussi cassé l’épaule à la fin du film en jouant dans la scène dans laquelle il tente de s’échapper.
Le film n’est pas daté dans une époque spécifique. Il n’apparaîtra pas daté dans 10-15 ans. Nous avons choisi de tourner le film en 35 mm. Il n’y a qu’en France qu’on peut tourner un film pareil avec ce budget. C’est une belle histoire du cinéma. J’ai eu beaucoup de chance que le scénario ait permis de faire ce film dont le subventionnement est 100 % français.

Paradise Lost est un film intéressant et surprenant sur un Pablo Escobar montré dans son intimité. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

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