’71 : La critique

Date : 30 / 10 / 2014 à 16h14
Sources :

Unification


1971, Belfast, un jeune soldat est confronté à une guerre civile et religieuse qui ne dit pas son nom, préférant utiliser comme terminologie affrontements sanglants entre catholiques et protestants. Le film va suivre ses tribulations dans une ville retranchée. Partie film historique, partie dénonciation de conflit meurtrier, le film vire parfois au thriller enchaînant course-poursuite et lutte pour la survie.

L’histoire est simple, mais elle aborde des problèmes graves comme la haine religieuse, la recherche d’une famille, les manipulations internes, les jeux de pouvoir, le fonctionnement de l’armée, mais aussi le courage des personnes et la bonté de certains.

Le jeune acteur Jack O’Connell livre une interprétation saisissante de son rôle de jeune soldat qui se trouve plongé dans un monde qui le dépasse. De spectateur dépassé, son besoin de survie va le pousser à prendre sa vie et son destin en main. L’affirmation qui lui vient et les coups, parfois psychologiques, qu’il prend vont entrainer un éveil qui trouve une étonnante résonance avec notre époque actuelle.

Yann Demange, le réalisateur, a été approché pour réaliser le film entre autre car il n’avait pas d’origine irlandaise. Une carte blanche lui a été donnée pour le film. Une enquête poussée sur le terrain lui a permis de coller au mieux à la réalité de l’époque sans pour autant en faire un film historique. La sensibilité de sa réalisation transforme d’ailleurs son œuvre en un film gagné d’une certaine intemporalité et qui pourrait malheureusement nous conter d’autres conflits comme celui de la Tchétchénie, ou plus actuel de la Syrie.
Le premier festival de Saint-Jean-de-Luz ne s’est d’ailleurs pas trompé sur le talent du réalisateur en lui remettant le prix du meilleur réalisateur en 2014.

Le grand travail fait sur la photographie a pour but de rapprocher l’image du film avec celle des années 70. Les lumières ont ainsi été changées dans les scènes nocturnes pour atténuer l’éclat des lampadaires et renforcer l’impression d’une ville désolée et oppressante.

Le travail de repérage a aussi été important, ne serait-ce que pour trouver l’énorme immeuble-bloc qui occupe une partie de l’intrigue du film.

Au final ‘71 est un film très réussi sur un conflit qui a toujours tu son véritable nom. La quête initiatique d’un jeune homme à la recherche de son identité, mêlée aux intrigues parfois écœurantes entre les différents protagonistes rendent l’histoire très intéressante. ‘71 nous interroge et nous laisse une impression diffuse de malaise devant ces violences qui semblent se répéter d’âge en âge.

Un beau film à voir sans hésiter et à se repasser de temps en temps pour ne pas oublier.

IA

S’il y a bien un conflit qui confirme qu’il n’y a jamais de gagnants, mais toujours des perdants dans une guerre, c’est bien la guerre civile en Irlande, attisée par la présence des soldats Anglais.

Du Bloody Sunday de Paul Greengrass (2002) au plus récent Shadow Dancer de James March (2013), peu de films auront su rendre avec un tel réalisme l’horreur de ces affrontements où pourtant certains tentaient de montrer un minimum d’humanité. Ou encore le "jusqu’au-boutisme" de certains, prêts à tout, trahison comprise, pour atteindre leur but.

La reconstitution est bluffante, et pour ceux qui ont en mémoire les images souvent terribles qui nous parvenaient à l’époque, c’est un véritable retour en arrière. Je ne reviendrais que brièvement sur la qualité de l’image et de la lumière, sur l’impeccable interprétation, sur le point de vue d’une parfaite neutralité et le recul appréciable d’une mise en scène à la fois dynamique et suffisamment bien rythmée pour faire durer le suspense... pour insister moi aussi sur le côté intemporel et malheureusement universel du sujet, ici magnifiquement illustré.

Les guerres civiles sont les plus difficiles à comprendre et à accepter. Le conflit fratricide pour cause de religion est un des pires qui soit. Et le fait que ce garçon, Anglais, une fois qu’il a revêtu des vêtements civils, ressemble autant à ses "ennemis", est très significatif. Et le fait que ses propres congénères se comportent aussi mal envers lui alors qu’il trouve aide et compassion dans le "camp adverse" montre à quel point ce genre combat est absurde et inhumain.

Une leçon de bravoure, d’abnégation et d’intelligence. Une belle leçon de cinéma aussi.
Un film sensible et courageux. A voir, revoir et commenter.
De triste mémoire et pourtant toujours d’une consternante actualité.
Toujours impressionnée par ceux qui savent "montrer le beau au milieu du laid"...
Magnifique.

DB

SYNOPSIS

Belfast, 1971.
Tandis que le conflit dégénère en guerre civile, Gary, jeune recrue anglaise, est envoyé sur le front.
La ville est dans une situation confuse, divisée entre protestants et catholiques.
Lors d’une patrouille dans un quartier en résistance, son unité est prise en embuscade. Gary se retrouve seul, pris au piège en territoire ennemi.
Il va devoir se battre jusqu’au bout pour essayer de revenir sain et sauf à sa base.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 39
- Titre original : ’71
- Date de sortie : 05/11/2014
- Réalisateur : Yann Demange
- Scénariste : Gregory Burke
- Interprètes : Jack O’Connell, Lewis Paul Anderson, Richard Dormer, Sean Harris, Martin McCann, Charlie Murphy, Sam Reid, David Wilmot
- Photographie : Tat Radcliffe
- Montage : Chris Wyatt
- Musique : David Holmes
- Costumes : Jane Petrie
- Décors : Chris Oddy
- Producteur : Angus Lamont, Robin Gutch pour Warp Films, Crab Apple Films, Protagonist Pictures
- Distributeur : Ad Vitam

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

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