30 ans et demi : Entretien avec Rui Pascoal

Date : 29 / 07 / 2014 à 09h32
Sources :

Unification France


De passage à Japan Expo, nous avons croisé Rui Pascoal, rédacteur en chef du magazine 30 ans et demi. Près d’un an après la sortie du premier exemplaire en kiosque, on était sans nouvelles d’un nouveau numéro. Nous avons donc découvert qu’une page de financement participatif s’était ouverte sur Ulule et recherchait activement des donateurs. Pour les plus généreux donateurs, on trouve des lots assez conséquents pour les collectionneurs passionnés comme des dessins originaux dédicacés de Bernard Deyriès ou plus insolite comme un dîner avec Corbier, membre de la rédaction du magazine.

Nous avons donc posé nos questions à Rui Pascoal concernant le magazine, son financement et son avenir plus ou moins proche. Il nous a répondu sans langue de bois et avec franchise et s’est révélé particulièrement prolixe.

D’où vient 30 ans et demi ? Quelle démarche, quelle envie retrouve-t-on derrière ce titre ?

Après plusieurs années passées en tant que journaliste dans la presse spécialisée (Dixième Planète, Coyote, Kid’s Mania, Manga Kids, Kid Paddle, Japan Vibes, Japanink, mais aussi AnimeLand et Japan Lifestyle pour qui je travaille toujours) et quelques expériences ponctuelles généralistes (Le journal de Mickey, TV Grandes Chaines, Correio da Manha/Le Parisien portugais...), j’ai décidé de lancer avec mon équipe 30 ans et demi ! le 1er magazine pour les adultes qui ont gardé leur âme d’enfant. Avant tout parce que je suis un passionné de la culture geek qui a grandi avec Récré A2, Le Club Dorothée, la Cinq, les films Disney, les séries TV, Les Inconnus, Les Nuls, Spielberg, Burton, les jeux vidéo, livres dont vous êtes le héros etc... Mais aussi parce que j’ai réalisé depuis le milieu des années 90 qu’après que des majors aient lancé en boite de nuits des remix de Capitaine Flam et autres Casimir, était en train de naître un public pas que fan des dessins animés de notre enfance, mais aussi de distractions ludiques audiovisuelles, littéraires, scientifiques ou sportives durant les années Miterrandiennes qui les a bercés et dont on parle aujourd’hui encore avec bonheur, voire avec un certain regret pour certains et qu’il n’existait jusqu’en septembre 2013, étonnamment, aucun magazine qui leur soit totalement dédié et parlant d’un ensemble et non pas juste de tel ou tel segment (même si je sais qu’on adore mettre des étiquettes, c’est la richesse et l’ensemble qui m’intéresse et semble-t-il intéresse nos lecteurs aussi majoritairement !).

C’est donc forcément plus difficile à mettre en place car on fait figure d’OVNI en librairie mais choisir la facilité, c’est donné à tout le monde et quel est l’intérêt de faire du "copier coller" de ce qui existe déjà ? C’est pourquoi, nous avons choisi de nous entourer entre autres de la photographe Aurélie Cluzel qui possède un univers décalé pour faire des couvertures scénarisées sortant un peu du lot que de choisir simplement une iconographie d’une série ou d’un jeu vidéo comme cela existe dans certains magazines de gamer ou d’animation. C’est plus cher aussi, mais j’aime l’idée de ne pas prendre les gens pour des vaches à lait et si possible avec nos modestes moyens de tenter de niveler par le haut. Voilà pourquoi aussi nous avons fait appel au maquettiste Christophe Chretien pour que l’écriture, scénarisée, elle aussi s’harmonise avec la mise en page dynamique et un brin originale, sans tomber non plus dans l’excès du confetti, paillette, cupcake, tagada fraise adulescent (un mot qui m’agace prodigieusement et que je trouve très laid !) qui ne véhicule pas la bonne image et nous feraient passer pour des ados attardés. Les étiquettes sont déjà assez casse-burnes en France, évitons de se flinguer le pied !

De toute manière, le public ne se serait pas totalement reconnu et les professionnels nous auraient fermé les portes. Il fallait trouver un juste milieu... Volontairement décalé tant dans son ton que sa mise en page, 30 ans et demi est consacré aux jeunes adultes âgés entre 25 et 35 ans (mais pas uniquement !). Nous visons les trentenaires qui est le public principal de la cible "adulescente" mais aussi les "vingtenaires", quadragénaires nostalgiques (ou pas !) des Années Dorothée et amoureux de la culture geek en général. Et le "et demi" est un clin d’œil à la part d’enfance qui sommeille en nous car c’est seulement à cet âge-là qu’on dit « J’ai 10 ans et demi » ! Sauf que nous nous autorisons à le faire même à 30 ans (rires !). Nous visons en bref tous ceux qui ne se prennent pas (trop) au sérieux et ont gardé une certaine fantaisie et qui sont passionnés. Les gens très sérieux sont les bienvenus aussi tant qu’ils se retrouvent dans cet univers (rires !). Nous nous adressons à tous ceux qui s’adonnent à des plaisirs tels que le cinéma, les séries TV, l’animation, la BD, les livres, les manga, les comics, le jeux vidéo, les produits dérivés, les objets cultes, les stars oubliées de votre enfance, les people, le high tech, la cuisine, le sexy, etc… François CORBIER ex-animateur et chanteur décalé du Club Dorothée qui est en quelque sorte notre "parrain", nous fait l’honneur d’écrire dans nos colonnes pour la rubrique « C’était mieux avant ! » ou il se moque gentiment de nous les grands enfants et choisira à chaque numéro un de nos articles pour donner son avis. Nous sommes adeptes d’une certaine légèreté dans ce monde de brutes et un peu d’autodérision ne fait pas de mal.

Comme nous avons eu des divergences d’opinion avec notre éditeur, nous avons décidé de créer notre propre structure et d’éditer et distribuer nous même le numéro 2 de notre revue. Notre objectif est d’atteindre 8.000 euros dans le cadre d’un financement participatif que nous avons mis en place grâce à Ulule qui nous a également accordé sa confiance et que je remercie pour leur soutien. Le but est d’impliquer d’avantage les grands enfants qui nous font le plaisir et la gentillesse de nous suivre depuis le début avec des cadeaux à l’appui en contre partie pour tous ceux et celles qui souhaiteraient nous soutenir dans cette difficile aventure. Si vous souhaitez voir le numéro 2 de 30 ans et demi : un seul moyen nous aider sur le plan participatif ! A gagner des dédicaces, des dessins de Lex / Alexis Tallone (illustrateur aussi pour 30 ans et demi et auteur du manga français à venir Golem), de Bernard Deyriès (Ulysse 31, Les Cités d’Or, Jayce, Les Minipouss...), des BD des Noob, des Geeks, de Surnaturels de Jérôme Alquié (digne héritier du style Shingo Araki : Les Chevaliers du Zodiaque), des Légendaires de Patrick Sobral, La petite mort de Davy Mourier (comédien sur Nerdz, animateur sur Nolife, Le Golden Show...), le livre coulisses des Cités d’or écrit par Gilles Broche (Les Enfants du soleil) et votre humble interviewé, des mangas français des Cités d’Or de Thomas Bouveret, des albums et un repas avec François Corbier, la possibilité d’écrire une news, d’assister à une séance photo, d’assister à une projection presse de cinéma etc... Merci de partager et de nous soutenir http://fr.ulule.com/30ans-etdemi/ Je tiens à remercier aussi chaleureusement Nicolas Demay (Rédacteur en chef de la section manga de Planet BD) et Faustine Lillaz, écrivants aussi pour ce site internet qui sont plus que des correcteurs des "épaules" très solides pour 30 ans et demi. Sans oublier évidemment tous les autres rédacteurs et personnes qui nous ont aidé à rendre notre rêve possible. Nous ne le répéterons jamais assez, mais nous avons besoin de soutien, sans quoi, il n’y aura jamais de second numéro...

30 ans et demi a donc lancé une offre de financement participatif pour son numéro 2. L’objectif est-il atteint ou reste il encore une certaine somme à réunir ?
L’objectif est très loin d’être atteint. Le financement participatif prendra fin le 15 septembre. Entre le budget et la plate forme incontournable Japan Expo qui a concentré de nombreux fans d’autant qu’ils fêtaient leur 15ème anniversaire (et que je remercie pour les interviews que nous avons pu réaliser !), la coupe du Monde, les départs en vacances de Juillet-Août, les autres financements participatifs qui ne cessent de se développer, et le fait que le grand public ne nous connaît pas, ce n’est pas évident du tout. D’autant que, en toute humilité, tout le travail de communication reste à faire, nous n’avons pas plusieurs numéros à notre actif et la presse se casse les dents (c’est un euphémisme !). Pourquoi certains investiraient-ils pour nous aider sans savoir qui nous sommes vraiment et ce que nous valons ? Cela complique les choses... Fort heureusement, on a une base solide de personnes qui ont adoré le numéro 1 et qui nous ont poussé (alors que nous étions à deux doigts de tout abandonner !) à passer par le financement participatif.

Mais avant de toucher le grand public il reste encore une grande partie du milieu geek à toucher qui ne nous connaît pas. C’est un public sincère et quand il aime, il ne compte pas. Le souci c’est qu’il est aussi EXTRÊMEMENT méfiant et parfois versatile. Je le comprend et il peut se demander si nous sommes légitimes, si on vient du secteur ou si nous sommes des énièmes vilains commerciaux qui voulons faire du blé avec une accroche foutage de gueule pour ados attardés. Pour ceux qui en douteraient encore je le dis : ce n’est pas notre cas, nous sommes sincères et nous avons besoin de vous pour construire un magazine pour VOUS pour NOUS les grands enfants ! En même temps, nous n’avions pas trop le choix que de passer par Ulule, car depuis 4 à 5 ans, on a fait le tour de tous les éditeurs. Certains, grands, ont trouvé le projet intéressant et porteur mais ont trop de plats sur le feu et préfèrent se concentrer sur du magazine people ou autre plus rapidement rentable, les éditeurs moyens auraient pu être la solution (car nous visons un public spécialisé tout en essayant de toucher le grand public le sujet s’y prêtant) mais la plupart ont mis la clé sous le tapis et les petits, n’ont pas besoin qu’on les convainque, mais n’ont pas les reins assez solides. Tandis que nous, malgré nos ventes disons moyennes, sommes bloqués aussi par la publicité qui contrairement à une dizaine d’années en arrière a divisé ses recettes par 2 ou par 3. Au lieu d’investir par exemple 2.000 euros pour une page de pub, elle ne peut plus en mettre que la moitié voire moins. C’est catastrophique la situation de la presse entre Internet qui nous fait de l’ombre, les journaux gratuits et les bourses vides, nous sommes masochistes (rires !).

Nous nous battons donc comme dans Olive et Tom avec l’énergie du désespoir même si c’est perdu d’avance car nous sommes de la vieille école. Peut-être que l’idée de ne pas avoir un format papier qu’on peut ranger soigneusement dans un placard ne nous enchante pas. On nous dit souvent « passez par le net, plus économique plus rapide ».... Certes, mais est-ce plus rentable ? Pas forcément, il faut des années et des années pour se faire connaître d’un suffisamment grand nombre de personnes qu’il faut fidéliser et atteindre un certain seuil de vues pour que les publicitaires s’intéressent sérieusement à nous et que l’affaire puisse devenir rentable. Mais à moins de n’avoir QUE cela à faire, personnellement je ne m’en sens ni l’envie, ni le courage, j’ai assez donné et je me suis assez esquinté la santé, cassé ma tirelire et mouillé le maillot en portant ce projet à bout de bras. Heureusement que ma petite amie, mes amies et mes collègues étaient là, sinon j’aurais déjà tout envoyer valser.

Plus sérieusement, si on se bat encore, « l’espoir fait vivre », c’est aussi parce que j’ai une ÉNORME arête qui est restée en travers de la gorge. Après des ventes pas si mauvaises que cela par rapport à d’autres magazines spécialisés déjà existants depuis 10 ou 20 ans, sachant qu’il faut au moins minimum 3 numéros pour savoir si la mayonnaise peut prendre ou pas (mais qu’on nous laisse pas le temps de s’installer), nous avons une ouverture de partenariat fort avec une TV que j’ai mis plus de 6 mois à dégoter (alors que cela peut coûter 200.000 euros !!!), des tas de personnalités prêtes à poser pour la couverture dès le numéro 2, des publicitaires prêts à investir pour le numéro 3 (moins pour le 2, car nous sommes dans une période intermédiaire, il faut d’abord que quelqu’un saute dans la piscine avant de sauter à son tour !), et même de la lisibilité promotionnelle sur d’autres TV qui veulent qu’on passe chez eux, MAIS nos principaux investisseurs nous ont lâché parce qu’ils se sont dégonflés et n’y croient pas plus que cela et pourtant, nous avons un énorme potentiel et apportons par cette pub TV de grosses économies ! On peut leur prouver que ce sont 35 millions de personnes rien qu’en France, le public des grands enfants !!! C’est aussi une question de réseau, parfois de piston (nous on s’est fait tous seuls !) et cette foutue crise économique qui fait chier, n’aidant pas... C’est particulièrement frustrant et énervant, mais comme souvent sans investissement puissant à la base, difficile de se faire connaître même avec facebook, twitter et nos 5.000 contacts dans l’audiovisuel, cela n’est quand même pas suffisant. Mais qui aujourd’hui est prêt à débourser CASH 300.000 euros pour de la promo sur un projet coup de poker ? Si vous en connaissez, présentez -les moi. On est jamais mieux servi que par soi-même alors du coup nous sommes obligés de matraquer notre com’, quitte à en lasser certains parfois mais on n’a pas le choix.

Qu’y a-t-il au programme du numéro 2 de 30 ans et demi ?

C’est encore un peu tôt pour en parler car dans l’ordre il faudrait déjà que nous ayons gagné notre pari avec Ulule pour penser à la suite. De toute manière, je doute qu’on puisse être prêt pour le 2 avant la fin de l’année. Si on parvenait à remplir notre objectif, il nous reste à gérer les envois des cadeaux aux contributeurs, la fin de nos papiers à régler pour notre société d’édition en cours de création, puis le lancement de notre 84 pages de 30 ans et demi à fabriquer, la communication à redémarrer pour le lancement du 2 (que les gens attendent depuis près d’un an), et surveiller nous-même comme des grands la distribution aux quatre coins des Kiosques de France. Nous avons en stock de nombreuses enquêtes et interviews autour des 40 ans de carrière de Dorothée, interview de Hayao Miyazaki, Game of Thrones, Big Bang Theory, Go NAGAI (le papa de Goldorak), Yumiko Igarashi (Candy), Leiji Matsumoto (le créateur d’Albator), interview d’Alexandre Astier (Kaamelott), interview de Davy Mourier (La Petite mort), Zep (Titeuf) et ses BD pour adultes, Angélina Jolie (Maléfique), interview de R.A Salvatore, auteur majeur des romans Royaumes Oubliés de Donjons et Dragons, hommage à Monsieur Hiroshi Miyauchi (Mr Nintendo), Punky Brewster, Stephen KING, le Rubik’s cube, Malabar, Grosquik, Playmobil, Mylène Farmer et ses influences geek, Haïm SABAN (De Goldorak à Power Rangers...), Claude Pierrard (Croque Vacances), Sabine Paturel (Les Bêtises), Marie Dauphin (Bibifoc), Les Mini-Star (Les Mondes Engloutis), etc. Cela vous donne une idée de certains sujets qu’on pourrait mettre dans le numéro 2 ou plus tard.

Il y a aussi suffisamment d’actualité à traiter pour notre prochain numéro entre la sortie des Super Héros au cinéma, le film de Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque) en 3D CGI qui arrive à l’automne en France, L’exposition des layouts de Miyazaki et Takahata au Musée Art Ludique... D’ailleurs, les produits dérivés ayant beaucoup plu, nous souhaitons rajouter des pages, et sans doute raccourcir les news car internet et notre périodicité (tous les deux mois), ne nous permet pas de lutter et d’avoir assez de fraîcheur. Nous augmenterions les pages dossiers : elles feraient plus d’une dizaine de pages et pourraient aller de 15 à 20 pages si nécessaires avec un angle précis car il existe déjà tellement de choses sur le net. Nous aimerions maintenir la rubrique de Corbier qui est une des préférées des lecteurs, ajouter une rubrique Retrogaming, installer aussi ponctuellement une rubrique "insolite" qui nous permettrait par exemple "d’interviewer" Casimir, Groucha (Téléchat), Sahara le dromadaire E.T du Club Dorothée, ou Zappy le lapin zappeur de de Youpi l’école est finie (La Cinq). Notre but est de rester fidèle à nos principes et de bien équilibrer les sujets underground et d’autres plus commerciaux, et de doser aussi la part d’articles nostalgiques et d’autres beaucoup plus actuels.

Il y a des gens qui seraient vraiment prêts à payer pour dîner avec Corbier ?

S’il y a des gens qui collectionnent des canettes ou des tires bouchons ou des fans de Nabilla pourquoi n’y aurait-il pas des fans prêts à dîner avec de gens que je trouve, parce qu’un peu décalés et politiquement incorrects, bien plus intéressants comme Corbier du Club Dorothée (pour qui j’ai beaucoup de respect et dont je vous conseille vivement le livre « Vous étiez dans Dorothée ? » et ses concerts à milles lieux des pitreries d’antan). C’est quelqu’un de très courageux qui n’a pas eu un "après Club Dorothée" facile (à cause encore des foutues étiquettes à la con !) mais qui a su s’en sortir sans amertume et en restant digne, passionné et toujours aussi amusant maniant le verbe comme peu de chansonniers savent encore le faire. Il vient de l’école Brassens et des "copains d’abord". Quand il a un truc à te dire, il te le dit que cela te plaise ou pas, mais il n’est pas hypocrite. Il ne manie pas la langue de bois et j’aime cela. Personnellement, cet état d’esprit me plaît, on perd moins de temps qu’à nous faire languir comme certains baratineurs aux belles paroles qui s’envolent. De plus, il est d’une gentillesse, disponibilité, humilité et d’un talent remarquable. Il représente aussi une part de rêve dans mes tendres années d’enfance et d’adolescence. C’est tout naturellement qu’il a accepté de nous aider et ne nous a pas gonflé pendant 3 heures avec des questions existentielles sur son image de marque, sa notoriété et les risques que cela implique. C’est un mec qui a des couilles et pour cela je le respecte aussi. Il nous a évidemment dit ce qu’il voulait ou pas. Merci, Corbier !!!!

N’était-ce pas un peu téméraire de vouloir lancer un nouveau magazine papier alors que le secteur de la presse écrite va assez mal depuis quelques temps et que même des magazines déjà bien installés connaissent des difficultés ?

Tout est un risque, il y a 50 % de parts de chances de réussir comme de foirer. Mais si on se pose des questions à n’en plus finir, on ne fait jamais rien. Là ou je vous rejoins par contre, c’est qu’on a lancé 30 ans et demi à un moment beaucoup plus compliqué je vous l’accorde. En même temps, je n’avais eu ni le temps, ni l’énergie, ni l’expérience suffisante pour pouvoir mener ce projet à bien auparavant. Avant aussi, une dizaine d’années plus tôt, on sortait à peine d’une certaine presse qui titrait « les adulescents régressifs », « Les Tanguy ne veulent pas grandir et sont restés coincés dans les années 80 » ou pire encore « Ils sont atteints du Syndrome de Peter Pan ! ». En gros, ils nous prenaient pour des handicapés mentaux au sortir de ces soirées à succès lancées au début des années 2000 comme la Gloubi Boulga Night (première nuit du dessin animé à Paris et en province). Alors si l’idée de 30 ans et demi était née à ce moment là, qui sait, on en aurait peut être vendu beaucoup en se prenant un stand lors de ces soirées. Mais n’était-ce justement pas trop tôt ? Quand bien même, nous en aurions vendu beaucoup, aurions nous tenu à long terme ? N’aurions nous pas surfer simplement sur une vague éphémère avec un démarrage très fort mais une chute toute aussi rapide comme tout phénomène que certains considèrent de mode mais qui parfois perdurent ? Et quels genre de papiers aurions nous eu sur notre magazine associé alors au côté le plus régressif et primaire de l’adulescent ? Sachant qu’on ne veut pas se contenter de toucher le "Kidulte" (contraction d’adulte et d’enfant) limite obsessionnel, mais les grands enfants dans son ensemble qu’ils soient à fond dans le délire ou plus ponctuels, car, et cela n’engage que moi, cela nous enferme moins dans telle ou telle case et laisse bien plus d’ouverture et de marge de manœuvre.

Comme on dit, « Avec des "si", on refait le monde ! », je pense que paradoxalement nous sommes quand même arrivés au bon moment car on a, depuis, une dizaine d’années de recul par rapport à la naissance du mot "Kidulte" qui date de 2001. En plus du « on fait du neuf avec du vieux » (Retour de Dallas, mais aussi Maya l’abeille, Les Cités d’Or en 3D et de jeux à succès comme La Roue de la fortune...), ces 5 dernières années, surtout il y a deux ans, il n’y a jamais eu autant de couvertures de journaux, de dossiers, de documentaires et autres reportages sur ce que les marketeurs et autres psychologues ont baptisé le phénomène "adulescent" mais, détail important avec quand même une amélioration du traitement du grand enfant et du Geek par extension. Ceux qui avant étaient considérés comme des nerds losers aux lunettes cul-de-bouteille devant leur manette ou ordinateur avec une pile de BD et DVD qui dégringole de leurs étagères, sont devenus plus "tendance".

Le terme "Geek" est devenu presque "chic" ! Et le geek en soi, est lui aussi un "grand enfant"... Mais en même temps, nous ne sommes pas arrivés au bon moment car c’est la crise de la presse écrite. Alors c’est quand le bon moment ? La fin de la crise ?? Qui a une boule de cristal pour prédire quand cela s’arrêtera ? On allait quand même pas attendre une dizaine d’années encore. Comme c’est si bien dit dans le dernier film de Hayao Miyazaki « Le Vent se lève, il faut tenter de vivre ! ». Et dans ce cas, cela ne serait plus "30 ans et demi", mais "40 ans et demi" (rires !). Donc, non aucun regrets, et si cela ne prend pas, au moins nous auront essayé d’entreprendre quelque chose. En bref, c’était le bon moment et pas le bon moment...

Vous faites appel à des donateurs pour qu’il y ait un numéro 2. Le numéro 3 sera-t-il aussi financé par le crowdfunding ?

Je ne crois pas que cela soit possible. S’il y avait un marché sur le financement participatif régulier de la presse papier, cela se saurait et surtout le créneau serait déjà pris (rires !). Autant je crois beaucoup aux one-shot, quand il s’agit de sauver le tableau de la Joconde ou des choses utiles au bien de l’humanité, mais aussi un livre ou une invention sympatoche, autant demander aux gens de raquer à chaque fois pour nous aider tout le temps, cela fait un peu aumône et il ne faut pas non plus abuser de leur gentillesse. Ce sont tout sauf des banques et sans démagogie aucune, j’ai un vrai respect pour nos lecteurs que je ne veux pas prendre pour des cons. On n’est pas là pour s’en mettre plein les poches, c’est un magazine de passionnés pour les passionnés. On veut juste tirer notre épingle du jeu et pouvoir en bouffer à peu près convenablement car tout travail mérite salaire. Et si déjà on arrive à lancer un 2 et un 3 ce sera déjà bien, survivre un peu ce sera mieux et survivre tout court quelques années, le Top ! Mais on n’y est pas du tout...

C’est plus un GROS coup de pouce que l’on attend dans le cas du 2 que l’on aimerait voir naître pour notre redémarrage car à la base, c’est notre régie publicitaire qui doit trouver les fonds, mais les temps sont difficiles et cela ne suffit pas, voilà pourquoi on a pris la solution Ulule. Mais dans tout cela, on ne sait plus qui vraiment ajoute du beurre dans les épinards dans notre cas, tant cela est fragile de tous les cotés pécuniairement parlant. Au delà de cela, les paperasses, l’administratif, c’est si long les partenariats, les réponses d’éditeurs ou autres partenaires prêts à nous aider que cela prendrait des mois entiers pour avoir des autorisations écrites et CONVAINCRE ! La validation définitive d’Ulule (ou de tout autre plate-forme du genre) peut traîner un peu aussi. Ce serait donc quasiment impossible, si on utilisait systématiquement le participatif de sortir en temps et en heure sans oublier tout le travail rédactionnel, interviews, autorisations, photos copyrights... qu’il y a déjà (suffisamment conséquent) à traiter ne serait-ce que pour la fabrication de notre magazine papier (et si le public nous suit) pour la distribution aussi puisque j’ai pris tous les risques et cumule la double casquette. Je sais que je peux compter sur les précieux conseils et l’aide de notre formidable équipe. Cela dit je n’ai pas la science infuse... Il n’a que les idiots qui ne changent pas d’avis... Mais, bon... il faut rester réaliste...

Pour votre pub on se retrouve avec Alexandre Astier sur le flyer, d’où vient l’idée ?

En fait, j’ai eu la chance de le rencontrer et de l’interviewer pour plusieurs supports médiatiques. Malgré son statut, il reste accessible, fin, intuitif, sincère et surtout très franc. Hormis le fait que pour moi, il soit un génie incontesté sachant toucher à tout (acteur, auteur, réalisateur, compositeur...) et en le faisant très bien dans chacun des cas, ce qui est rarissime, tout en restant cramponné à ses valeurs et en respectant ses téléspectateurs et que sa série Kaamelott est de grande qualité, il m’est apparu évident que nous devions faire appel à lui pour illustrer nos colonnes. De plus, il aime l’univers des geek qu’il considère et est un grand fan de Goldorak, ce qui fait un autre point commun que nous avons.

Je suis donc passé par le groupe Time Warner et la chaîne Cartoon Network qui diffuse actuellement la série animée déjantée Adventure Time à laquelle il a participé au doublage, pour négocier l’utilisation de cette image, nous l’espérons pour une future couverture de notre magazine. Alexandre Astier qui pose de manière décalée déguisé avec une épée, nous semble tout à fait approprié pour un futur numéro de 30 ans et demi. Alexandre, si tu nous lis, nous serions extrêmement honorés si tu acceptais de te prêter au jeu de photos décalées avec notre photographe et que tu puisses être aussi : le rédacteur en chef occasionnel d’un prochain numéro...

Merci Rui.
Merci, beaucoup.

Si vous êtes convaincu par le projet, nous vous encourageons à participer au financement du numéro 2 sur leur page Ulule. Les petits ruisseaux font les grandes rivières et les contributions les plus modestes peuvent servir.

http://fr.ulule.com/30ans-etdemi/

Retrouvez également Rui Pascoal le vendredi 1er Août sur Radio Enghien (IDFM 98.00) de 13h à 14h.

http://idfm98.radio.fr/



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